Sud Ouest – TV7 • « Le Medef va dicter sa loi »
Coprésidente avec Jean-Luc Mélenchon du Parti de gauche, l’une des grandes composantes du Front de gauche avec le Parti communiste, l’ex-députée Martine Billard était de passage à Bordeaux avant le congrès national du parti, qui se déroulera du 22 au 24 mars à Bordeaux-Lac. Elle a répondu aux questions de la rédaction pour le « Zoom “Sud Ouest”-TV7 ».
Jean-Luc Mélenchon a une position un peu discordante par rapport à l’ensemble de la classe politique sur l’intervention de l’armée française au Mali. Pourquoi ?
La situation au Mali est celle d’un État déliquescent dont les islamistes profitent. Au Parti de gauche, nous pensons simplement que l’intervention militaire n’est pas une bonne solution sur le long terme. Si elle permet sur le moment de stopper l’avancée des islamistes, elle risque de créer plus tard une forte instabilité dans la région. Et puis, il est regrettable qu’une telle intervention soit lancée sans débat du Parlement. On pensait que le Parti socialiste, qui avait critiqué cette absence de débat sous la droite, s’y prendrait autrement.
Le Front de gauche pense que ce n’est pas au Medef et aux partenaires sociaux de faire la loi. Mais en 1936, pendant le Front populaire, les négociations ont permis d’arriver à des lois…
À l’époque, le contexte était très différent. De grandes grèves ont obligé le patronat à négocier. La situation n’est vraiment pas la même. Et la question essentielle est de savoir si la loi doit être supérieure au contrat ou l’inverse. Au Parti de gauche, nous sommes contre cette conception d’un contrat supérieur à la loi. Car un contrat est le résultat d’un rapport de forces, et c’est donc le Medef qui va dicter la loi.
Mais le gouvernement est à gauche et fait pression sur le Medef ?
Ce gouvernement a accepté la doxa libérale selon laquelle le problème est le coût du travail, alors que nous pensons que c’est le coût des dividendes.
Mais pourquoi préjuger du fait que le rapport de force sera mauvais pour les salariés ?
Parce que c’est toujours le cas en période de crise. Le patronat essaie toujours d’imposer sa loi. Dans les grandes entreprises qui n’ont pas de difficultés économiques, les salariés peuvent avoir des négociations équilibrées. Mais, dans une petite entreprise ou une entreprise en difficulté, vous allez avoir un chantage. Renault dit par exemple : « Il faut accepter l’augmentation du temps de travail et la réduction des salaires. »
La situation est difficile, et vous demandez des choses impossibles pour les entreprises…
Il y a eu 44 milliards de dividendes distribués en 2011, plus qu’en 2010. Beaucoup d’entreprises n’ont pas de difficultés.
Vous êtes devenu un parti d’opposition ?
Nous sommes en désaccord avec la politique gouvernementale. C’est une cohérence très nette. À partir du moment où François Hollande a accepté le principe des politiques d’austérité, nous ne pouvons plus être en accord.