Écologie – Quelles perspectives ?

Depuis deux mois, derrière un vague écologisme de façade et en dépit de l’accord passé avec Europe Écologie les Verts, les premières décisions du gouvernement révèlent son incapacité à faire face aux lobbies et à changer de boussole politique. François Hollande en appelle au fameux volet croissance qu’il aurait soi-disant arraché pour passer en force sur le traité de l’austérité, le TSCG. Arnaud Montebourg reprend la vieille scie productiviste de l’indépendance, de la compétitivité et du chantage à l’emploi pour justifier ses prises de position hasardeuses sur le nucléaire et les gaz de schiste. Quand les sociaux-démocrates comprendront-ils que la répartition des richesses ne peut attendre une improbable et destructrice croissance ? Que la relance de l’activité ne peut en aucun cas passer par l’austérité et la réduction des acquis sociaux ? Qu’ils regardent en Grèce, en Espagne ou au Portugal ! Quand assimileront-ils qu’une politique d’écologie sociale a besoin de pouvoirs publics et d’investissements forts, de services publics de l’eau, du rail et de l’énergie renforcés ? Quand ouvriront-ils enfin les yeux sur le fait que le démantèlement des centrales, lui, oui, est la seule « filière d’avenir » de cette industrie ; que les économies d’énergie sont les plus grandes réserves à exploiter et la meilleure garantie d’indépendance énergétique ; que nous ne pouvons, enfin, persévérer dans la voie suicidaire de la surexploitation de nos écosystèmes ?

Les semaines à venir vont être denses en matière d’initiatives gouvernementales sur l’écologie. Autant de raisons de rester vigilants et d’occasions de faire entendre les propositions alternatives du Parti de Gauche. En matière d’énergie, il est prévu un débat national décentralisé sur la transition énergétique. Il aura lieu après la conférence environnementale des 14-15 septembre prochain, et doit donner lieu à un projet de loi de programmation énergétique au premier semestre 2013. Un bon point apparaît dans un entretien assez complet donné par Delphine Batho au magazine Terra Eco : la priorité affichée par la Ministre sur la sobriété et l’efficacité énergétique. Sans doute plus facile à présenter auprès des lecteurs de Terra Eco qu’en Conseil des Ministres, néanmoins. Reste donc à voir si cela sera suivi d’effets. On peut en douter, son engagement ferme en faveur du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes relevant plus de la voracité que de la sobriété.

Concernant les gaz de schiste, las, comme nous y sommes désormais habitués, le refus de la Ministre ne porte que sur la technique de fracturation hydraulique, déjà interdite par la loi de juillet 2011, mais passe sous silence les émissions de gaz à effet de serre qui seraient dues à la combustion des hydrocarbures extraits, même avec une autre technique. Ce n’est donc pas gagné, et sur ce front aussi la vigilance et la résistance restent de mise. Pour le rappeler au gouvernement et aux pétroliers, une journée nationale d’action aura lieu le 22 septembre, nous y serons ! Sur la très attendue réforme du Code minier, un des enjeux principaux est d’y inclure l’information préalable du public inscrite dans la Charte de l’environnement. Un groupe de travail est piloté par Thierry Thuot – Conseiller d’État et ancien rapporteur général du Grenelle. Un projet de texte de loi devrait voir le jour avant fin 2012 qui devra donc inclure, entre autres, ce point non seulement démocratique évident, mais constitutionnel.

Sujet explosif… le nucléaire. Pas de surprise de ce côté-là, la Ministre confirme le maintien de l’objectif de passer sa part de 75% à 50% en 2025. Mais pour le quinquennat, ce sera en tout et pour tout la seule fermeture de Fessenheim, alors que 13 réacteurs ont déjà dépassé les 30 ans de durée de vie. Comment ces installations vieillissantes seront-elles sécurisées ? Et à quel prix ! Enfin, à consommation égale, il faudrait donc pour atteindre l’objectif des 50%, fermer 22 réacteurs supplémentaires entre 2017 et 2025 – soit dans les 8 années suivantes. Bon courage au prochain Président… Objectif annoncé également dans les 5 ans, l’achèvement de l’EPR de Flamanville, et ce alors que les États-Unis viennent de retoquer le projet d’EPR dans le Maryland et que le chantier de Flamanville cumule incidents, deux ans de retard supplémentaires et un coût doublé par rapport au budget initial (6 milliards d’euros contre 3,3 milliards à l’origine). La Ministre rappelle enfin la volonté du gouvernement, également un engagement du candidat Hollande, de ne pas lancer de projet de nouveau réacteur. Ah. Comprenons donc que le projet Astrid n’est pas un nouveau projet de réacteur mais un « simple » surgénérateur, sans doute. Pour le gouvernement Ayrault, la réduction de la part du nucléaire passe donc par la fermeture de 2 réacteurs sur 58, l’ouverture de l’EPR et un nouveau surgénérateur. Permettez-nous de juger ça peu crédible.

En matière de « gouvernance », Delphine Batho affiche sa volonté de placer le dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social, qui est une des revendications portées pendant la campagne présidentielle par France Nature Environnement, fédération de 3000 associations environnementales. Mais déjà, certaines associations menacent de boycotter la conférence environnementale, mécontentes des annonces faites sur le nucléaire ou les gaz de schiste et dénonçant une méthode confuse.

On attend enfin une annonce à l’issue de la conférence environnementale sur l’isolation thermique des logements, négociée avec la Ministre du logement Cécile Duflot, ce qui devrait permettre d’afficher au moins un résultat un peu probant pour la Ministre d’Europe Écologie les Verts, qui en a cruellement besoin en ces temps de « couleuvres à neutrons », selon le bon mot d’Hervé Kempf. Le programme pourrait porter sur l’isolation d’un million de logements par an, moitié dans l’ancien, moitié dans le neuf. On ne sait en revanche pas encore comment sera financé ce programme, en pleine cure d’austérité annoncée par le gouvernement et aggravée si la ratification du TSCG a lieu, ni quels seront les critères de priorité de ces logements (sociaux ?). En revanche, et c’est dommage, la Ministre de l’Écologie ne voit pas la nécessité de créer une filière spécifique dans le bâtiment. C’était pourtant l’occasion de structurer une filière d’éco-construction, comme le propose le Front de Gauche. Mais la finalité de la production, la relocalisation de l’activité, la reconversion industrielle et la création de nouveaux emplois sont des questions singulièrement absentes du programme de la prochaine conférence environnementale. Il semblerait hélas que le gouvernement n’ait pas encore fait la jonction entre environnement et social. En pleine période de licenciements, c’est pour le moins regrettable. Le Ministre Arnaud Montebourg, au lieu de tonitruer sur le nucléaire « filière d’avenir » et l’opportunité des gaz de schiste, ferait bien de comprendre enfin que le plus grand gisement de « redressement productif » aujourd’hui dans notre pays passe par la transition énergétique et la révolution écologique de notre société. « On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés » (Albert Einstein).

CHAINE HUMAINE POUR SORTIR DU NUCLEAIRE

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Dimanche 11 mars, à Bordeaux, j’ai participé à la chaîne humaine pour sortir du nucléaire, tandis qu’une autre chaîne se formait en vallée du Rhône.

Nous étions entre 1500 et 2000 , en bord de Garonne, militants et militantes de Sortir du Nucléaire, de Greenpeace, d’EELV, du Front de Gauche et aussi citoyens -citoyennes sans appartenance, main dans la main pour manifester notre solidarité aux Japonais victimes de l’accident nucléaire de Fukushima et exiger enfin un débat sans tabou sur le nucléaire POUR EN SORTIR.

Parce que :

  • Non le nucléaire n’est pas sûr (Tchernobyl, Fukushima, déchets radioactifs…)
  • non le nucléaire n’est pas bon marché si on inclut dans son prix le coût du démantèlement des centrales, les travaux de sécurité pharaoniques et ceux de l’entretien de centrales vieillissantes ….
  • non le nucléaire n’est pas une « manne sociale « : les réductions d’effectifs, les économies sur le personnel et la formation, le recours massif à la sous-traitance qui exposent sans garantie et sans suivi les travailleurs intérimaires, les privatisations et la soumission de ce secteur, comme tous les autres aux exigences du profit maximum, en font un secteur où l’exploitation et les conditions de travail sont particulièrement dures et dangereuses.
  • non le nucléaire ne garantit pas l’indépendance énergétique de la France: depuis plus de 30 ans, il n’y a plus aucune mine d’uranium en France. La filière nucléaire française est assise sur le pillage du Niger, la spoliation des terres, la destruction de la faune et de la flore, la contamination de l’eau et de l’air, la mise en danger des travailleurs de la mine et de la population nigérienne.
  • Oui au développement de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, dans le cadre d’un service public.

 

Jeannine Meignan – Parti de Gauche 82

Pour sortir du nucléaire : Vite, la planification écologique !

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L’intervention de Corinne Morel Darleux,
Secrétaire nationale à l’écologie du parti de gauche

Montauban, maison du peuple, 17 Mai 2011

Il est important que ce débat s’installe au niveau local, car jamais abordé au plan national. Par ce biais là il devient audible et est reçu par l’opinion. Il recommence à porter dans le débat public, car on parle ainsi du nucléaire et au-delà de la transition énergétique.
Le combat anti-nucléaire est très actif et dynamique dans les années 70, puis s’essouffle. Pour l’opinion il s’agit de relier les questions relatives à l’énergie, par exemple dépendance au pétrole, gaz de schiste et nucléaire et de ne pas le faire de manière cloisonnée. C’est le rôle des partis politiques que de mettre tous ces éléments là en perspective et de montrer en quoi le combat et les propositions politiques permettent d’ouvrir des alternatives, d’autres horizons, ce qui permet d’éviter d’être dans la contestation et la résistance, même si cette lutte là est importante, de façon que l’on ne soit pas dans 5, 10,15 ans dans la même salle à se poser les mêmes questions, à s’affronter aux mêmes pouvoirs en face .

A partir de Fukushima, ce qui est intéressant c’est de voir comment réagissent les différents pays : Allemagne et Italie relancent le débat au niveau national et gouvernemental puisque les décisions prises et les questions se posent dans ces 2 pays. A contrario en France, toutes les déclarations de Sarkozy …il veut bien que l’on débatte de ce qu’on veut mais pour autant, il exclu d’emblée que ce débat puisse déboucher sur une décision de sortie du nucléaire. C’est assez symptomatique de la manière dont la question du nucléaire est abordée en France depuis plusieurs années.

Un 1er point par rapport à cette forme d’omerta et collusion entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques qui sont liés au nucléaire, c’est le dernier remaniement ministériel. Mr Besson, élu Drômois, devenu secrétaire d’Etat en charge de l’énergie, secteur repassé sous la tutelle du Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie….et cela n’est pas anodin. On voit bien toute la différence qu’il y a d’une part, de placer le secteur de l’énergie sous un Ministère de l’écologie ou de l’avoir directement relié aux pouvoirs financiers. Autre déclaration…Mr Besson en 2005 alors député socialiste, avait posé la question à Mr Breton ministre de l’économie à cette époque là, au sujet de la privatisation d’EDF qu’il qualifiait de faute majeure, «  si les français nous font confiance en 2007, EDF reviendra une entreprise 100% publique… » ! Je vous invite donc à chaque occasion de l’interpeller sur ses engagements passés !!! passssés.

Autre point, les difficultés à percer l’opacité qui entoure la question du nucléaire en France : c’est la sortie d’un rapport demandé par Sarkozy, sur l’avenir du nucléaire en France, rapport demandé à Mr Roussely qui est d’ailleurs Président Honoraire d’EDF, donc dans un rôle de juge et partie. On peut ainsi se poser des questions sur l’indépendance des rendus de ce rapport.
2ième surprise ce rapport a été classé «secret-défense » y compris pour sa partie sur le nucléaire civil, plusieurs jours après sa sortie qui devait être publique, les citoyens n’ont eu droit qu’à une synthèse de quelques pages et pas à l’intégralité de ce rapport. Et dans ce rapport il y avait qu’il fallait préconiser la hausse des tarifs de l’énergie, notamment de l’électricité, pour pouvoir financer l’avenir du parc. Les usagers apprécieront qu’une fois de plus, on leur fasse payer l’électricité plus chère pour pouvoir renouveler le parc nucléaire et continuer à alimenter la machine infernale. Une autre chose dans ce rapport, c’était l’extension de la durée de vie des centrales au-delà de leur programmation initiale, ce que l’on voit de plus en plus, ce que l’on voit à Fessenheim qui est sans cesse prolongée alors qu’il y a des constats objectifs de défaillances et de dysfonctionnements. En décembre dernier ça été le tour de Tricastin, elle aussi au bout de ses 30 années de vie, prolongée de 10 ans. En janvier on a appris un nouveau dysfonctionnement dû à une usure de certaines pièces qui auraient du être inspectées pour autoriser la prolongation de 10 ans. On peut se poser des questions sur la manière dont ces renouvellements sont autorisés. On voit là donc se mettre en place un contexte où il y a corrélation directe entre des intérêts et des enjeux économiques. Je ne vous refais pas l’article sur Sarkozy, qui se déguisant en VRP du nucléaire, pour aller vendre des centrales à l’étranger, le nez fermé, les yeux bouchés, y compris à des dictateurs. Et on voit bien là, la collusion qu’il y a entre ces différents intérêts et l’opacité qui entoure la filière nucléaire que ce soit sur ses aspects économiques, stratégiques ou sur ses nombreux dysfonctionnements qui ont lieu dans un certain nombre de centrales. Par rapport à cela, on aurait pu espérer que ce contexte et le drame de Fukushima, relancent le débat. On constate finalement que les lignes bougent que très peu et que ceux qui se prononçaient déjà pour la sortie du nucléaire et que pour que ce débat ait lieu et que l’on redonne la parole au peuple, pour lui demander s’il veut continuer dans ce type de technologie, et bien ceux qui étaient sur cette position là, c’est-à-dire le PG, l’EEV, le sont toujours et ceux qui n’étaient pas sur cette position là ne bougent pas beaucoup…J’en veux pour preuve le projet du PS qui continue à jouer sur les mots en parlant « sortie du tout nucléaire » vous apprécierez la différence…ce qui ne veut rien dire, on n’est pas au « tout nucléaire » on n’est pas à 100% de production nucléaire…la sortie du « tout nucléaire », dire cela ou rien, revient au même.

Il est important dans la période, que l’on puisse appuyer ce débat, et même le lancer s’il le faut en France et au-delà. Et ce qui se passe en terme de débat au niveau de l’Union européenne, a une importance capitale. Et il se trouve que les 2 derniers Sommets Européens ont été tout à fait lamentables en la matière : l’un en février, où la France et la République Tchèque ont fait inscrire dans le texte que l’énergie nucléaire était une énergie propre, car faiblement carbonée et rebelote fin mars après Fukushima, dans un texte de résolution de ce Sommet Européen sur le climat et l’énergie qui parlait du Japon et de sa catastrophe, mais qui réussissait le tour de force de ne parler ni de sortie du nucléaire, même pas pour évoquer un débat sur la sortie, ni d’énergie renouvelable. On voit là que les progrès qui restent à faire notamment au niveau de l’UE, sont considérables. Il faut aussi que l’on ait cela en tête quand on parle de débat. Il y a le débat national et puis il y a le niveau international avec notamment l’UE, qu’il faut essayer d’activer.

Pourquoi sommes-nous si attachés à la question de la sortie du nucléaire ? Je vais revenir sur certains éléments qui motivent cette revendication.
La 1ére, si l’on reprend le cycle de vie de la filière électronucléaire, c’est la question de l’uranium, du minerai nécessaire à faire tourner les centrales nucléaires : cet uranium n’est plus extrait en France, il est extrait dans d’autres pays dont majoritairement au Niger dans des conditions de travail, de santé et d’exploitation qui à elles seules suffiraient à justifier que l’on demande une sortie du nucléaire. L’extraction de l’uranium se fait en terme de conditions de travail dans les mines et également en fausse coopération avec les populations sur place, sont des conditions simplement indignes. De plus on sait aujourd’hui que les réserves d’uranium, il y en a pour 30 à 80 ans selon les estimations. Ce ne sont pas des ressources inépuisables. Les autres combustibles qui sont utilisés comme le MOX sont des combustibles qui représentent à nouveau eux-mêmes des dangers supplémentaires en termes d’exploitation. Insister aussi sur les rapports Nord/Sud dans cette affaire, parce qu’il y a bien sûr l’extraction de l’uranium mais il n’y a pas que cela….Je ne sais pas si vous avez déjà vu des cartes qui circulent et qui sont des photos nocturnes du globe où l’on voit très bien de nuit les endroits où il y a de la lumière. Et quand on regarde cela, on comprend visuellement, instantanément que les minerais extraits dans les pays du sud, servent uniquement à aller alimenter le productivisme et notre consommation du nord. Il y a là un terreau supplémentaire d’inégalité Nord/Sud qui serait bon d’introduire dans nos réflexions/débats sur le nucléaire et qu’en plus la consommation de l’énergie est vraiment différente entre les différents pays, différents continents : en Afrique elle est en moyenne de 0,7 tonne/équivalent pétrole, aux USA de 7,9 tonnes soit 10 fois plus en matière de consommation d’énergie. A titre indicatif pour la France elle est de 4,4, donc à mi-chemin entre l’Afrique et les USA, pour donner un ordre d’idée en terme de consommation énergétique.

Cela était pour le rapport Nord/Sud et la question des inégalités qui se retrouvent aussi dans la question de l’énergie. Il y a aussi la question du risque nucléaire. On a beaucoup parlé de Fukushima, mais à cette occasion, on a aussi parlé de Tchernobyl et de Three Mile Island. On n’a pas reparlé de tous les accidents moins graves, moins visibles. On a parlé tout à l’heure des dysfonctionnements : vous en avez ici dans le coin, il y en a très régulièrement à Tricastin, Fessenheim et dans l’ensemble des centrales. Les risques d’accidents, je ne m’étends pas dessus…La question des déchets nucléaires aujourd’hui : 1200 sites de déchets nucléaires en France et l’agence qui est censée gérer cette question des déchets en était, en 2007, à 1 million de tonnes, dont on ne sait toujours pas quoi faire, et que pour l’instant on envisage de stocker, ou d’enfouir, éventuellement un jour de brûler sans qu’un élément concret puisse dire aujourd’hui que ce soit un jour possible. Donc on fait des stocks d’enfouissement, on réfléchit. Il y a des choses totalement surréalistes sur la question de l’enfouissement des déchets nucléaires, des projets un peu partout dans le monde, de sortes de puits géants où l’on stockerait des déchets et comme ces déchets ont une durée de vie très longue, c’est de savoir comment l’on fait pour prévenir les générations à venir que là il ne faut pas creuser, c’est dangereux. Et les durées sont tellement longues que très rapidement les Etats se sont dit que probablement les populations à venir ne parleront plus les mêmes langues que nous, n’utiliseront plus les mêmes formes d’écriture. On ne sait pas quels types de langages ils comprendront. Il va falloir trouver des éléments codés. On a réfléchi en Finlande à de grandes pyramides en forme de triangles, bref des projets plus hallucinants les uns que les autres : voilà où on en arrive dans cette gestion des déchets nucléaires. A se demander comment prévenir les générations qui vont venir dans plusieurs centaines années, voire millénaires, qu’il ne faut pas creuser des déchets qu’on leur a laissés.

Et puis enfin il y a la question du coût de cela, puisqu’un générateur de 2ième génération, le plus fréquent, a un coût de 3 milliards d’euros et que tout cet argent que l’on met aujourd’hui dans le nucléaire – sans parler du coût de maintenance et de démantèlement -, on ne le met pas ailleurs, par exemple dans la recherche sur l’efficacité énergétique ou sur les énergies renouvelables. C’est évidemment une question cruciale : qu’est-ce que l’on fait de l’argent public qui est notre argent ? à quoi est-ce que l’on l’affecte prioritairement ? et est-ce que aujourd’hui, cette priorité c’est le nucléaire ? Et enfin la question démocratique : il y a criminalisation des militants anti-nucléaires et des actions de résistance. En novembre dernier, il y a régulièrement des trains de déchets radioactifs qui traversent la France. On commence à être mieux organisé entre syndicats, associations, militants politiques pour avoir des informations en amont. Les trains traversent la France sans aucune information faite aux publics, avec des agents SNCF, qui ne sont pas équipés en dosimètres, sans formations spécifiques et avec un équipement nul, sachant que la SNCF et AREVA se rejettent la responsabilité d’assurer la sécurité de ces transports. Et il se trouve qu’en novembre dernier, il y avait une action sur le passage d’un train avec des militants qui ont bloqué le train, se sont enchaînés et ont été délogés de manière violente par les forces de l’ordre. L’un a eu les mains brûlées, un autre les tendons coupés et se sont retrouvés à l’hôpital. Il faut prendre conscience de la situation inversée où l’on se trouve : on est dans une société où des entreprises et des responsables prennent la responsabilité de faire circuler des déchets radioactifs à travers le pays sans aucune information et aucune précaution et où les criminels se sont les militants qui essayent de bloquer les trains, de dénoncer et faire des informations à la population, sur la situation. Et c’est là que l’on prend conscience que l’on est dans un système, une filière industrielle qui a largement débordé du pur cadre industriel, qui est devenu un vecteur non seulement politique, mais idéologique qui conduit à des situations totalement aberrantes, de renversement de responsabilités entre les responsables et les militants qui essayent d’avertir sur la situation.

On est dans un contexte de plus en plus tendu puisque on est aussi dans une période de raréfaction des ressources en pétrole, qui va aller s’accélérant. Vous avez entendu parler du pic en pétrole qui est le moment où l’on arrive à l’acmé de l’exploitation et de gisement en matière de pétrole, moment à partir duquel la production décline inexorablement puisque l’on exploite pas des gisements qui se renouvellent à la même fréquence où on les consomme. On a aujourd’hui, selon l’Agence Nationale de l’Energie, passé ce pic. On est en phase de déclivité. Le pétrole va être de plus en plus rare, cher et réservé de moins en moins au Grand Public. On le voit avec ce qui s’est passé dans le golfe du Mexique où l’on va chercher de plus en plus loin, de plus en plus profond, sur des territoires jusqu’ici préservés, jusqu’à la dernière goutte de pétrole. Et dans le contexte actuel cela ne risque pas de s’arranger car il y aura toujours des entreprises pour aller chercher au mépris des risques pour la population, pour l’environnement. C’est également ce que l’on voit sur la question des gaz de schistes. Tant qu’il y aura de la demande et que cela ne sera pas plus réglementé au niveau politique, il y aura des intérêts économiques à aller forer de plus en plus profond. Dans ce contexte là il y a la question du dérèglement climatique et des émissions de gaz à effet de serre. Il y a des effets de mode dans les sujets d’actualité politique. Au moment de Copenhague, tout le monde parlait que climat et effet de serre, là maintenant ce n’est que nucléaire et gaz de schiste. Il s’agirait de ne pas oublier le dérèglement climatique et les gaz à effet de serre évidemment et c’est là aussi qu’il faut les mettre à notre réflexion, non pas comme ils sont utilisés contre nous par certains comme NKM qui essaye à chaque fois de nous refourguer le nucléaire en disant que c’est une énergie décarbonée, que pour le climat c’est vachement bon. Il faut qu’on y réfléchisse. Il ne s’agit pas d’écarter un objectif au profit d’un autre. Il s’agit de faire la synthèse de tout cela sur le mot d’ordre «  ni nucléaire, ni gaz à effet de serre » qui a été largement utilisé , et qu’on arrive à trouver un scénario de transition énergétique qui nous permette de tenir ces enjeux là, de tenir les bouts du problème. Et la grande nouvelle c’est que c’est possible, puisqu’on nous dit , on rabâche c’est pas possible, si vous voulez continuer à vouloir vous chauffer, avoir la lumière, il va falloir accepter le nucléaire, le gaz de schiste, ça sert à rien de discuter, il n’y a pas d’autres solutions. Oui des solutions il y en a d’autres. Et en plus sans retour à la bougie, ce qui est le truc auquel on a droit régulièrement, c’est vouloir revenir à la charrue à bœufs, bougie qui par ailleurs a un très mauvais rendement énergétique, dégage du CO2. Je vous le dis tout de suite, ça ne fait pas partie d’un scénario de transition. Par ailleurs il y a aussi des pays, il faut le rappeler, qui n’ont pas de nucléaire sur leur territoire. Il y en a même un certain nombre : l’Autriche, le Danemark, la Grèce, l’Italie, la Norvège, le Portugal pour ne citer que les pays d’Europe et d’autres qui sont en train de sortir du nucléaire comme l’Allemagne, la Suède, la Belgique, les Pays Bas .

La situation de la France sur ce coup là serait plutôt l’exception parce que là aussi, on essaye d’être le centre du Monde, l’exception française, doit devenir la norme. Quand on voit les déboires du fleuron de l’industrie nucléaire française, l’EPR que ce soit en France ou ailleurs, il faut imaginer que notre modèle nucléaire ne s’exporte pas si facilement dans les années à venir. Donc c’est possible aussi pour une autre raison, c’est qu’il faut rappeler que le nucléaire c’est en réalité 17% de l’énergie qui est consommée en France, le nucléaire c’est 80% de l’électricité produite et c’est seulement 17% de l’énergie totale que l’on consomme en France. Donc là aussi on joue sur les chiffres, parce que quand on le dit vite, on peut imaginer que le nucléaire c’est 80% de toute l’énergie dont on a besoin, c’est faux, c’est 17% de l’énergie consommée. C’est important de le dire et de le rappeler. Il y a un moment où la France, le gouvernement Français a décidé que l’on allait passer au « tout nucléaire » et finalement sur une période de très peu d’années, ça s’est fait. La France s’est mise en mouvement et est passée au tout nucléaire. Il n’y a aucune raison pour qu’aujourd’hui on ne soit pas capable de mobiliser les mêmes travailleurs, scientifiques, chercheurs, les mêmes compétences pour faire le chemin inverse d’autant plus que le projet est autrement porteur en terme d’espoir, que dans la période. Il n’y a aucune raison pour que cette mobilisation ne se puisse pas se faire. On a les compétences, les savoirs, les outils, on a aussi des scénarios qui permettent d’assumer cette transition énergétique. La seule chose qui manque aujourd’hui en France c’est la volonté politique et c’est pour cela que le débat est important.

Alors les alternatives, elles existent. Plusieurs scénarios ont été mis au point. On ne peut pas les citer tous, encore qu’il n’y a pas tant que cela, crédibles et qui arrivent à tenir tous les bouts. On peut citer le scénario du Grand Ouest qui a été fait justement pour réagir au projet de l’EPR qui est assez intéressant parce qu’il est basé sur le coût de l’EPR, qui est de 3 milliards d’€ et sur ces 3 milliards d’euros ce scénario qui est alternatif, basé notamment sur des énergies renouvelables, permet lui de créer 10800 emplois là où l’EPR ne crée que 300 emplois pérennes et 600 si l’on prend en compte le chantier. Donc même sur la question de l’emploi, qui est quand même l’argument qui revient le plus souvent pour justifier le maintien de l’industrie nucléaire, on voit qu’il y a des scénarios alternatifs qui existent,qui sont générateurs d’emplois pérennes et non délocalisables, parce que aujourd’hui les emplois de le filière nucléaire, quand on discute avec les syndicats, les sous-traitants, c’est de plus en plus le recours à la sous-traitance, à l’intérieur et dans des conditions de sûreté de plus en plus dégradées. Et les travailleurs du nucléaire eux-mêmes tirent de plus en plus souvent la sonnette d’alarme pour expliquer qu’ils ne peuvent plus aujourd’hui faire leur travail dans de bonnes conditions de sécurité des installations et de sécurité des populations. Donc ce scénario alternatif est assez intéressant. Il est à mettre en regard de ce qui a été fait en Allemagne sur les énergies renouvelables où il y a des efforts considérables de faits et où en 10 ans, sur les alternatives énergétiques, il y a eu la création de 340.000 emplois. Voilà des chiffres intéressants à avoir en tête pour répondre à ceux qui nous disent le nucléaire c’est des emplois, oui certes. Il y a possibilité de reconversion et de création d’emplois dans des secteurs nettement moins néfastes. Pour compléter cela et avoir des éléments, le Ministère des Affaires Etrangères qui a fait passer une circulaire à tous ses diplomates, pendant la crise de Fukushima, pour donner un certain nombre de chiffres clés, annonce dans cette note, que le nucléaire représente 100.000 emplois directs et autant d’emplois indirects : ce sont là des chiffres officiels du M.A.E, sur la filière nucléaire.

Et puis il y a un autre scénario sur lequel, nous PG, nous avons travaillé pour développer nos propositions politiques, qui est le scénario négaWatt qui regroupe un certain nombre de chercheurs et de scientifiques, qui a commencé à travailler en 2003, réactualisé son scénario en 2006 et qui est en train de travailler sur un nouveau scénario qui va sortir cet été, scénario sur une période de 30 à 40 ans. L’objectif final c’est à la fois la sortie du nucléaire mais aussi la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre avec une création de presque 700.000 emplois et des réductions considérables en terme d’énergie, car on passe de 2800 térawat-heure en 2005, à 1200 en 2015, sur le principe, sur la base de 3 piliers, 3 axes : le 1er, la question de la sobriété énergétique : éliminer aujourd’hui tout ce qui est de la consommation inutile, tout ce qui n’apporte pas directement un bien-être à l’individu. Cela va être les écrans de pub dans le métro parisien, tous les appareils qui sont en veille, c’est la chasse au gaspi des années 80, c’est tout ce qui consomme sans apporter de bénéfices, du confort, des progrès. Déjà rien qu’avec cela on peut réduire de 15% notre consommation énergétique. 15% c’est énorme. Le 2ième pilier c’est l’efficacité énergétique, c’est par exemple moins de perte en ligne, entre énergie produite au départ et son effet final ou le moins de perte possible, c’est par exemple pour l’éclairage cela ne sert à rien d’orienter les lampadaires municipaux vers le ciel quand on veut éclairer le trottoir. Et là dessus une des mesures emblématique, c’est la question de la rénovation thermique. On sait aujourd’hui qu’il y a plus de 19 millions de logements qui datent de plus de 1975, avant le choc pétrolier, donc qui ont été faits sans tenir compte de la question de l’isolation, qui sont des logements dans lesquels quand on chauffe, on chauffe les petits oiseaux en même temps, donc très mauvais du point de vue environnement. D’un point de vue social et financier pour des personnes qui logent dans ses logements c’est évidemment désastreux d’autant qu’on a eu la brillante idée d’équiper ces logements sociaux de radiateurs électriques, ce qu’il y a de pire en terme d’efficacité énergétique et en termes financiers, donc à la fois d’un point social et environnemental. Un grand plan de rénovation thermique serait typiquement une mesure intéressante à avoir et en matière d’efficacité énergétique, si l’on prend toutes ces mesures qui vont dans ce sens là, le scénario négaWatt estime une baisse en terme de besoin énergétique de 30% à nouveau. Une fois que l’on a fait cela, la sobriété énergétique et l’efficacité énergétique, il reste les besoins en énergie. Et seulement pour ces besoins restants l’idée est de les couvrir au maximum par la production d’énergie de sources renouvelables. Je dis seulement et j’insiste sur seulement car une fois qu’on dit tout cela, il y a plein de choses faites pour les énergies renouvelables, sauf que tant que l’on ne réduit pas notre consommation, ces énergies renouvelables viennent juste en plus, elles ne viennent pas en substitution du nucléaire, du gaz de schiste, des énergies fossiles et polluantes donc on peut faire ce que l’on veut pour les énergies renouvelables, tant que cela vient juste s’additionner à une demande croissante, malheureusement ça ne résout en rien le problème que l’on a actuellement. Donc pour les besoins restants et renouvelables on parle beaucoup d’éolien, de solaire, on parle un petit peu moins de biomasse, alors que c’est un réservoir extrêmement important de production d’énergie de sources renouvelables.

Et puis nous au PG, on a un petit faible pour la géothermie qui est là aussi une ressource dont on parle assez peu. Donc on a décidé de s’emparer de ce sujet là, de creuser un petit peu plus le potentiel que représentait la géothermie. D’ailleurs on a organisé une 1ére visite sur la centrale géothermique de Soultz, dans l’est. Il y a d’autres visites prévues et des prises de contacts de travailleurs et d’experts de ce secteur pour voir justement ce qui est possible de faire en la matière. Donc voilà le scénario négaWatt, où l’on a travaillé , où on l’a mis un petit peu à notre pâte, c’est-à-dire en rajoutant des réflexions qui se penchent sur le volet social qui n’était pas forcément inclus dans le scénario négaWatt, des petites touches d’intérêt général de service public qui sont des problématiques aux quelles nous sommes très attachés. Et puis voilà tout cela a donné un certain nombre de propositions dans le cadre du projet PG. Alors si je dis service public c’est parce que, là aussi le contexte a mis en lumière un certain nombre d’éléments. Je ne reviens pas sur la responsabilité importante de Telco opérateur privé à Fukushima, qui pour des raisons de rentabilité et du maintien du cours de ses actions a dissimulé un certain nombre d’informations sur des dysfonctionnements passés. En France, j’en ai un petit peu parlé, la privatisation de l’EDF, ne fait du bien ni aux conditions de travail, ni à la sûreté des installations. Cela ne va pas aller en s’améliorant, puisque aujourd’hui il y a ce qu’on appelle la loi Nome, dite de la modernisation de l’électricité qui est une application directe d’une directive Européenne de libéralisation. Toujours le même credo ultra-libéral de la Commission Européenne, où il faut que tout soit soumis aux règles de la concurrence libre et non faussée. Donc ça s’applique aussi à l’électricité. Cette loi Nome, pour faire court, elle prévoit tout simplement que l’EDF revende à prix coûtant une partie de l’électricité à ses concurrents privés alors , évidemment, que les investissements en termes d’infrastructures et d’équipement continuent à être supportés par les fonds publics. Donc on voit là, comme à chaque fois, sur la privatisation des autoroutes c’était exactement la même chose, le public paye les investissements et le privé récupère les profits. Donc on est exactement en train d’aller dans la même direction, avec la loi Nome, qui peut avoir pour effet dans les années à venir, une augmentation prévisible des tarifs de l’électricité. Donc on est dans ce contexte là. C’est pour cela qu’il est important de parler de services publics, parce qu’on voit que la logique de privatisation fait, par exemple, qu’aujourd’hui, à EDF les arrêts, qui étaient prévus pour les opérations de maintenance sont passés de 3 mois à 15 jours pour des raisons de rentabilité entre autres et que tout simplement qu’on réaffirme pour une raison très ferme que l’énergie ce n’est pas une marchandise comme les autres, que c’est d’abord un droit fondamental, l’accès à l’énergie, parce que l’énergie c’est vital. C’est la vrai raison pour laquelle dans le programme du PG, nous avons inclus la gratuité des premières tranches de consommation d’eau, mais aussi d’énergie, considérant qu’il y a un minimum d’énergie qui est un besoin vital, donc gratuité des premières tranches de consommation, qui sont financées par facturation de «mésusage », c’est-à-dire consommations abusives. Donc pas une marchandise comme les autres parce que c’est un droit fondamental. Parce qu’il y a des risques trop importants qui sont associés à l’industrie nucléaire. On laisse les intérêts capitalistes jouer au monopoly avec les centrales et les populations qui vivent autour. Donc nous prônons le retour au pôle public, tout simplement parce qu’aujourd’hui on peut parler de sortie du nucléaire. Sauf que pour l’instant les centrales, elles existent. Nous, on préfère que ce soit laissé sous contrôle public plutôt que sous contrôle de multinationales et des entreprises privées. Donc cela a pour conséquence directe une 1ère chose, la création d’un service public de l’énergie et donc revenir à un service 100% public avec renationalisation totale d’EDF-GDF et de TOTAL pour que tout simplement la sphère publique se redonne les moyens de ses ambitions et notamment d’assurer cette transition énergétique, et puis à terme, parce que l’on parle de nationalisation les gens entendent étatisation, donc dans nationalisation il y a étatisation mais il y a aussi socialisation. Il est clair notamment en matière d’énergie, cela doit faire partie du débat, il y a toute une question qui est majeure, c’est justement ce qui se passe au niveau de l’Etat et ce qui se passe au niveau local, notamment en matière d’énergies renouvelables, il est évident que nous avons intérêt à tendre vers une production d’énergie qui soit la plus relocalisée possible avec une gestion conjointe avec citoyens et usagers. Je signale d’ailleurs au passage, c’était il y a 2 ans, le Prix Nobel d’Economie qui a été accordé à une Américaine et qui s’appelait Elinor Ostrom, qui a fait tous ses travaux de recherche sur le fait que, quand les biens communs étaient gérés avec les usagers, et bien l’efficacité en était d’autant meilleure. Ce sont des choses qui devraient être popularisées. Bizarrement, ce prix Nobel d’Economie on en a moins entendu parlé que les autres.

Tout ce que l’on parle là, au PG et au Front de Gauche, c’est ce que l’on appelle « La planification Ecologique », tout simplement parce que cela va se faire sur un temps long, une trentaine, quarantaine d’années de transition et que ce temps long n’est pas le temps des entreprises privées et du capitalisme, donc on va avoir besoin du contrôle public et maîtrise citoyenne sur ce long temps. C’est la raison pour laquelle également nous sommes en faveur d’un référendum sur cette question du nucléaire, ne serait-ce que parce que le référendum permet, en un moment donné, d’asseoir une décision sur la souveraineté populaire et donc normalement de la garantir contre des alternances politiques, parce que l’on peut considérer par exemple, l’élection présidentielle, elle vaut pour référendum, s’il y plusieurs candidats et que l’un est pour la sortie du nucléaire et l’autre pas, on peut se dire, les gens votent donc ça vaut référendum, sauf que ça, cela vaut pour un quinquennat. Or nous, ce n’est pas sur un quinquennat que notre conviction se place, donc le référendum a aussi cet avantage. Donc planification pour prendre en compte la nécessité d’un contrôle public de maîtrise de la part des citoyens pour une sortie progressive, on la dit. Attention aux mots, quand on dit « sortie progressive », ça ne veut pas dire décision progressive, c’est une décision immédiate de sortie progressive qu’il faut, parce qu’à force de dire progressif, personne ne prend la décision et ça peut durer très longtemps comme ça. Avec un certain nombre de décisions immédiates, et c’est cela que nous portons au PG, la 1ère c’est la fermeture de toutes les centrales arrivées en fin de vie – Fessenheim, Tricastin – et il va y en avoir de plus en plus. La 2ième, pas de nouveaux projets, et notamment pas d’EPR . La 3ième, c’est un moratoire sur les centres de stockage et autres projets du même type, je pense notamment aux lignes de THT, parce que le nucléaire est aussi une énergie très fortement centralisée qui fait qu’il n’y a que 19 sites sur le territoire français et que cela nécessite des lignes de THT qui posent un nombre de problèmes incalculables, qui mobilisent beaucoup les habitants dans certains coins, notamment dans l’est de la France. Et puis accompagnement-reconversion de la filière nucléaire, notamment des emplois et des travailleurs du nucléaire, en matière de démantèlement des centrales, il y a énormément de choses à faire. On a de quoi occuper beaucoup de travailleurs du nucléaire pendant un certain nombre d’années et puis reconversions et réorientations vers les énergies renouvelables et puis vers l’efficacité énergétique. On a un très gros effort à faire en matière de recherche, avec 3 domaines de recherche prioritaires pour nous : l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et reste la question des déchets nucléaires. Parce que l’on est un certain nombre à s’être battu contre les surgénérateurs et pour la fermeture de Super-Phénix, qui a réussi une seule chose : à engloutir 10 milliards d’euros. Mais toujours est-il que la questions des déchets n’est toujours pas résolue, donc là c’est une question ouverte et je pense que c’est un point de débat à avoir : qu’est-ce qu’on fait de ces déchets ? Comment on réoriente la recherche sur cette question des déchets ? sans que la recherche fasse plus de mal que de bien, au final.

Voilà, je vais conclure en disant que tout cela ne peut fonctionner que dans un programme beaucoup plus large de lutte contre le productivisme et que cela ne passe pas que par la question environnementale. Cela ne passe pas que par la question énergétique. Cela passe aussi par la lutte contre l’idéologie dominante, contre l’agression publicitaire, contre l’injonction de consommer et l’injonction de croissance économique à tout crin qui nous est faite en permanence. Et tant que l’on ne changera pas le cadre dans lequel on évolue et la manière dont les messages sont martelés en permanence qui essaient de nous faire croire que plus on a acheté, ou plus on a consommé, plus on va avoir d’accumulation matérielle, plus on sera heureux, tant qu’on n’aura pas réussi à décadrer ça, et bien on sait que tous ces combats là et toutes ces mesures seront difficiles à appliquer, parce que rien de tout cela ne se fera juste par un Parti ou bien juste par des élus et des militants. Cela ne se fera qu’à condition qu’il y ait une vraie mobilisation populaire, massive, très large. Elle passe aussi par le décadrage, par de l’Education Populaire et par des débats comme on a ce jour.

 

Merci à Jean-Claude et Ramon pour cette transcription.

Pour sortir du nucléaire

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Réunion publique – débat
Mardi 17 Mai – 20h30
Maison du peuple – Montauban

avec Corinne Morel-Darleux
Secrétaire nationale à l’écologie du parti de gauche
Conseillère régionale Rhône-Alpes

Le blog de Corinne Morel-Darleux

La France s’enfonce dans le nucléaire

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Lundi 21 février, un bref communiqué de l’Elysée annonçait la réunion du nouveau Comité stratégique de l’Energie Nucléaire autour du Président de la République et de M. Eric Besson, ministre en charge de l’énergie. L’Elysée confirmait publiquement à cette occasion le projet de construction de la première centrale nucléaire privée en France, un prototype nommé Atméa développé conjointement par l’entreprise privée franco-belge Gaz de France Suez et le japonais Mitshubishi. Cette réunion du lundi 21 avait été précédée le vendredi 18 par une réunion de travail autour du ministre avec les dirigeants des 2 groupes publics EdF et Areva et des entreprises privées GdF Suez et Alstom.
Le site retenu pour la réalisation est le Tricastin. Atmea est une centrale de 1100 mégawatt, dans la gamme intermédiaire entre les réacteurs classiques de 900 mégawatts et le nouvel EPR de 1600 mégawatts en construction à Flamanville.

Cette construction n’est pas justifiée par un besoin de nouvelle centrale en France, mais par la volonté exprimée par Gaz de France Suez de réaliser un prototype servant de vitrine pour l’exportation d’Atméa.

La catastrophe survenue au Japon le 11 mars a rendu inaudibles les protestations exprimées dans la Drôme et en France face à ce projet , alors qu’elle ne fait qu’apporter une nouvelle preuve de ce que disent depuis l’origine les opposants au nucléaire : les techniques actuelles ne peuvent maîtriser un accident nucléaire. Cette nouvelle centrale aurait les mêmes inconvénients que celles aujourd’hui en service : l’impasse sur les déchets dont personne n’a encore trouvé comment en réduire la nocivité sur les centaines d’années, voir des milliers pour certains, et l’absence totale d’uranium sur le territoire français, ce qui réduit à néant l’argument de l’indépendance énergétique : la France n’a pas plus d’uranium que de pétrole.
En outre dans le cas d’une centrale privée, aucun dispositif de contrôle ni d’expertise ne sera crédible, car bien évidemment ce prototype sera protégé par le secret industriel, et il n’existe aucun laboratoire français en ce domaine : aujourd’hui les installations nucléaires d’EdF et Areva ne sont contrôlées que par leurs propriétaires exploitants, au mépris du principe de base qui exige qu’un contrôle technique de sécurité soit réalisé par un organisme indépendant. L’histoire des grandes catastrophes industrielles, dont les catastrophes nucléaires, met en évidence que le statut d’entreprise privée amène irrémédiablement une baisse du niveau de sécurité, puisque toute contrainte en ce domaine nuit au profit de l’entreprise.

Des citoyens drômois, groupés dans diverses associations, renouvellent leur opposition totale à la construction de cette centrale nucléaire Atmea. Nombre de pays européens dans la même situation d’absence d’énergie fossiles ont fait depuis des années le choix des énergies naturelles inépuisables : vent, soleil, cours d’eau, géothermie.

Nous demandons que la France fasse de même et abandonne l’énergie nucléaire.