Négociation sur la « sécurisation de l’emploi »

1. Résumé des principaux angles de critique de l’accord

Un principe : le gouvernement et le Parlement ne sont pas obligés de reprendre l’accord. Le MEDEF va-t-il aussi écrire la loi ?

L’accord ne fait pas l’unanimité syndicale, loin de là. 2 des 3 premiers syndicats du pays ne l’ont pas signé (CGT et FO). Solidaires s’y oppose aussi.. Seules la CFDT, la CGC (syndicat catégoriel de cadres), et la CFTC ont signé.

L’accord valide le chantage à l’emploi. Il reprend les « accord compétitivité-emploi » de Sarkozy, sous un autre nom. C’est une arnaque pour faire croire aux salariés qu’ils sont responsables du chômage. C’est une attaque contre l’ordre public social : un accord d’entreprise pourra déroger au code du travail.

L’accord facilite les licenciements. Il ne dit rien contre les licenciements boursiers. Il va augmenter le chômage et la précarité.

2 . « Un accord inacceptable » (CGT et Solidaires)

CGT : « C’est un accord proprement inacceptable, à contrario de l’objectif initial de sécurisation de l’emploi. Les entreprises seront plus libres de licencier »

FO : « un jour sombre pour les salariés. Ce texte renforce la précarité »

Solidaires : « régression sociale historique », « inacceptable ». Il « institutionnalise davantage la précarité, instaure une super-flexibilité. Il n’y a pas de sécurisation de l’emploi mais sécurisation des droits, déjà exorbitants, des patrons »

3. Le gouvernement a laissé la main au MEDEF

Hollande a demandé au gouvernement de « transcrire fidèlement l’accord » dans la loi. Un projet de loi sera présenté en Conseil des ministres en mars.

Laurence Parisot souhaite que « cet accord soit ratifié en l’état par le Parlement » et que « le Parlement respecte l’accord à la lettre »

Le gouvernement n’a rien dit. Il a abandonné les syndicats face au MEDEF.

François Hollande avait pris des engagements :

Analyse détaillée du contenu de l’accord

MEDEF-CGPME-UPA/CFDT-CFTC-CGC

1. Taxation des contrats courts : un marché de dupes !

Le MEDEF a fini par accepter la demande de la CFDT de majorer la cotisation d’assurance-chômage pour les CDD. La majoration sera de +3 points pour les CDD de moins d’un mois et +1,5 point pour les CDD de 1 à 3 mois.

Mais :

En échange, le MEDEF obtient une nouvelle exonération de cotisation chômage pendant 3 mois pour toute embauche en CDI d’un jeune de moins de 26 ans (et même 4 mois dans les PME de moins de 50 salariés)

2. Accords de maintien dans l’emploi

= Poursuite des accords « compétitivité-emploi » de Sarkozy

En cas de « graves difficultés conjoncturelles« , il sera possible de « conclure des accords d’entreprise permettant de trouver un nouvel équilibre, pour une durée limitée dans le temps, dans l’arbitrage global temps de travail / salaire/ / emploi, au bénéfice de l’emploi. »

3. Autres reculs et danger pour les salariés

– Faciliter des licenciements et éviter les plans sociaux

– Ne pas obliger la création de délégués du personnel ou d’un CE dès les seuils franchis (11 et 50 salariés). Les entreprises auraient un an pour appliquer la loi.

Contourner le CDI par un nouveau contrat : un « CDI intermittent » pour des « emplois permanents comportant par nature une alternance de périodes travaillées et de périodes non travaillées« . Il serait « expérimenté« .

L’accord prévoit aussi la possibilité pour les agences d’intérim d’embaucher des intérimaires en CDI dans une sorte de contrat permanent d’intérim.

4. Les rares avancées pour les salariés que le MEDEF a lâchées

– Complémentaire santé pour tous les salariés d’ici 3 ans

Création de droits « rechargeables » à l’assurance chômage.

Encadrement du temps partiel subi pour permettre aux salariés de travailler au moins 24h par semaine.

Lien ver l’article: « Un accord historiquement mauvais », Guillaume Etievant

Lien vers la vidéo: Contrat de travail: le Medef en rêvait

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