Assassinat de Chokri Belaïd • Solidaires du Front populaire
Dès l’annonce mercredi 6 février au matin de l’assassinat de Chokri Belaïd, un des dirigeants du Front populaire, un message s’est diffusé sur les réseaux sociaux et textos pour un rassemblement spontané devant l’ambassade de Tunisie rue Barbet de Jouy (Paris VII). Deux cent personnes s’y sont vite retrouvées, principalement militants de la gauche tunisienne ainsi que quelques soutiens parmi lesquels Alain Billon, Eric Coquerel et Joelle Ellert pour le PG. La police a rapidement disloqué le rassemblement à coup de lacrymogène. Repoussés Place St François Xavier, les manifestants ont appelé pour un nouveau rassemblement au même endroit à 18h. Cette fois près de 1000 personnes étaient massés dont beaucoup de jeunes d’origine tunisienne. Le mot d’ordre « dégage » renouait avec les plus belles heures de la révolution tunisienne et exprimait bien le lien continu entre celle-ci et la lutte engagée avec les contre-révolutionnaires islamistes. Les militants français étaient un peu plus nombreux et prenaient la parole (NPA, PCF, EELV), la délégation PG étant la plus importante avec une trentaine de militants parisiens dont Raquel Garrido, Eric Coquerel, Alexis Corbière, François Delapierre, Alain Billon, Jean-Michel Poulle etc… Raquel Garrido puis Eric Coquerel, en tant qu’élu, étaient invités à prendre la parole par les organisateurs. Ce jeudi 7 février les organisateurs appellent à un rassemblement à 18 heures à Charonne en solidarité avec le Front Populaire et le peuple tunisien.
Chokri Bellaïd par Alain Billon
Le 5 février au soir, Chokri Belaïd dénonçait sur une chaîne de télévision « la stratégie méthodique d’explosion de violence à chaque crise au sein du mouvement Ennahda ». Le 6 février au matin, en sortant de chez lui, il tombait sous les balles d’un ou plusieurs tueurs visiblement expérimentés qui n’ont pas été appréhendés. Ce meurtre d’un homme politique connu et populaire, secrétaire général du Mouvement des patriotes démocrates tunisiens, est le premier assassinat politique en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali, il y a un peu plus de deux ans. IL a immédiatement suscité un émoi considérable en Tunisie, et aussi en France où les membres de la communauté tunisienne se sont spontanément rendus devant l’ambassade de leur pays, rue Barbet de Jouy, dans le VIIème arrondissement de Paris. L’ambassadeur refusait de mettre le drapeau en berne, déclenchant la fureur des présents. Des membres de notre parti , Eric Coquerel et moi-même, étaient parmi les premiers représentants des organisations de la Gauche à venir exprimer leur soutien et leur solidarité aux Tunisiens accourus en nombre, pour exprimer leur tristesse, leur colère, mais aussi leur détermination à barrer la route aux islamistes, salafistes et autres nervis du fascisme vert. Mais l’inquiétude était palpable, cet assassinat intervenant comme l’avait bien dit Chokri Belaïd, dans un contexte de crise politique aigüe, les trois partis de la « troika » au pouvoir (Ennahda, CPR du président Marzouki et Ettakatol, ne parvenant pas à se mettre d’accord pour former un nouveau gouvernement, et dans un contexte de marasme économique persistant.
Les commanditaires du meurtre n’ont pas armé le bras du ou des tueurs au hasard. Chokri Belaïd, en tant que Secrétaire général du MPDT, était l’un des dirigeants principaux, au côté de Hamma Hammami, du Front Populaire regroupant 12 formations politiques, créé il y a quelques mois pour constituer un pôle de gauche radical en Tunisie, et donner enfin un contenu de profonde transformation sociale à l’esquisse de révolution qu’a connue ce pays depuis 2011. Le Front populaire se reconnait comme proche des luttes et des aspirations de notre Front de Gauche, et notre parti avait tout récemment eu une réunion de travail très positive avec une délégation de camarades de ce regroupement pluraliste. Camarade Chokri Belaïd, tu es tombé en martyr de cette lutte contre les forces de l’obscurantisme et au service du peuple de Tunisie. Nous ne t’oublierons pas.