Critique • Un documentaire pour débattre et construire Notre monde
« Faire de la politique et si possible autrement. »
C’est l’incitation majeure à laquelle nous convie Notre monde, le film de Thomas Lacoste qui sort en salles le 13 mars. Trente-cinq intervenants parmi lesquels le philosophe Jean-Luc Nancy, l’anthropologue Françoise Héritier, le sociologue Luc Boltanski… se succèdent durant 2 heures face à la caméra pour décortiquer chacun un aspect de la réalité sociale et proposer une ou plusieurs pistes afin de remédier à la crise de civilisation sans précédent que nous traversons.
De l’éducation à la justice et aux libertés publiques en passant par la santé, l’économie, le travail… les interventions ne se limitent pas à des expertises dispensées sur le mode magistral. Les citoyens sont convoqués pour devenir les acteurs principaux du changement, se saisir de ces propositions comme d’un point de départ à de réels débats dont certains extraits seront mis en ligne de manière régulière sur le site www.notremonde-lefilm.com dès les premières projections (voir sur le site également la liste des nombreuses avant-premières ou soirées exceptionnelles en présence d’intervenants).
Jean-Luc Nancy qui ouvre le film trace pour double perspective, les nécessaires élaborations d’une “pensée commune et d’une Commune pensée”.
Les propositions ne feront pas obligatoirement consensus et c’est tant mieux, la démocratie se nourrissant de contradictoire. Ainsi l’analyse des institutions et valeurs éducatives déborde le discours syndical ordinaire. La machine scolaire fabrique volontairement et pour l’essentiel de l’échec s’accordent à dire historiens et sociologues de l’éducation. Il est nécessaire d’initier rapidement une vraie révolution culturelle afin de casser la mécanique infernale qui, dès la maternelle, assigne à l’enfant, avec une image de lui même, une place et une classe sociales. De même dans le monde du travail, il est urgent d’en terminer avec la notion d’excellence. « Il n’y a pas de vie réussie ou de vie ratée, martelle Luc Boltanski. Personne n’est de trop. »
Seule omission que les adhérents du Parti de Gauche se feront fort de réintroduire dans les débats, la dimension écosocialiste qui, loin d’être un chantier parmi d’autres ou un supplément d’âme, constitue la colonne vertébrale du socialisme que nous voulons demain.