Après le Royaume-Uni en 2003, la France servira-t-elle de supplétif aux États-Unis en 2013 ?
Désormais convaincus de l’utilisation, par le régime de Bachar Al-Assad, d’armes chimiques, les Etats-Unis s’apprêtent à fournir une aide militaire aux insurgés syriens. C’est une lourde faute. En tant que ministre des Affaires étrangères de la France, Laurent Fabius est en première ligne pour exhiber des « preuves » et appeler à la mobilisation internationale.
Cette assurance catégorique pose question. Car on se souvient – mais où est donc l’information sur les suites de cette affaire ? – que des combattants djihadistes ont récemment été arrêtés en Turquie en possession de gaz sarin. D’ailleurs Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur la Syrie et ancienne procureur au Tribunal Pénal International, a affirmé que les rebelles islamistes syriens avaient fait usage d’armes chimiques.
On comprend que le revirement des Etats-Unis tient au fait que l’armée syrienne reprend du terrain aux rebelles, comme en témoigne la reconquête de la ville d’Al-Qusayr. Si, après avoir armé les rebelles – au demeurant déjà amplement fournis par le Qatar –, l’OTAN devait entrer dans le conflit, celui-ci changerait d’ampleur. Il est donc extrêmement important de s’assurer que le motif fourni par le ministre français est avéré. Le ministre de la défense ne l’a pas confirmé. Dans ce domaine la méfiance doit être la règle. On ne peut oublier comment Colin Powell avait agité en 2003 devant l’ONU de prétendues preuves d’arme de destruction massive. Ni comment cette information avait été prétendument été corroborée par des experts britanniques. Laurent Fabius mènerait-il la France vers une nouvelle affaire Kelly ?
Le Parti de gauche demande que le ministre des Affaires étrangères se présente devant les assemblées pour faire la démonstration de ses assertions.