Remue méninges 2012 – Carnet de croquis de 3 militantes
Vite ! … Écrire pour ne pas oublier trop vite, avant que le temps vienne les éroder, le bain de sensations et d’émotions dans lesquelles nous nous sommes immergées pendant ces 4 jours de « Remue méninges » !
La longue marche
Pour ne pas prendre le risque de perdre la plus petite miette de ces journées (les premiers ateliers débutant à 14h pétantes), nous avions décidé vaillamment d’arriver tôt le jeudi matin.
Parties le mercredi à 18h de Bretagne et après une nuit (aléatoire) en train couchettes dont nous nous sommes extraites flageolantes, à 5h du matin à Chambéry, pour une dernière étape (en car !), nous nous sommes retrouvées, (très) tôt, dès 7h30, seules et passablement hagardes, bagages à nos pieds, sur un banc du parvis déserté de l’université Stendhal, au milieu d’un campus dont nous n’allions pas tarder à mesurer l’étendue…
Après un moment d’interrogation devant l’afflux… d’étudiants de toutes nationalités, réunis là pour passer des tests de langues (!!!), nous nous sommes rassurées lorsque de nouveaux arrivants (qui visiblement, n’étaient plus ce qu’il est convenu d’appeler de jeunes pousses) ont peu à peu pris possession des lieux. Notre moral est remonté (en même temps que la température), lorsqu’une camarade nous a gentiment appris que les clés de nos chambres sur le campus Berlioz, nous seraient remises dès l’arrivée de Sophie, responsable de l’accueil des participants, attendue d’un moment à l’autre (il était alors aux alentours de 9h)…
A midi trente (!!!), dans la file compacte des camarades (qui avaient bien meilleure mine et moral que nous), nous avons touché au but, triomphantes, avec notre petit dossier cartonné sous le bras, notre badge et surtout notre clé à la main (… notre sésame pour une douche qui seule occupait alors nos pensées). Notre euphorie est vite retombée lorsqu’il s’est agit de gagner notre logis insidieusement planqué au milieu de cités universitaires diverses et variées, cafétérias et autres bibliothèques, desservies par un dédale d’avenues et d’allées écrasées de chaleur.
Eh bien, le croirez-vous ? A 14h, ragaillardies, l’esprit (presque) vif… et les pieds déjà en compote (mais ce n’était qu’un début)… nous nous préparions, avides de savoirs (à défaut de nourriture terrestre qui s’était résumée à un casse-croûte avalé sur le pouce), pour le premier de tous les ateliers qui s’offraient à nous…
Quel Remue méninges !!!
Et alors là, quelle fringale nous a saisies ! Des intitulés nombreux à vous donner le tournis : des fondamentaux de l’écologie politique, aux mensonges du Front national, en passant par la construction du PG et du FdG, la dérive austéritaire ou la Révolution française. Du concept (marxiste !), à la boîte à outils du parfait militant de terrain, tout nous était offert…
Comment décrire, l’excitation qui fut la nôtre au milieu de cette ruche ? Pendant les 4 jours, ce fut un bourdonnement incessant de discussions passionnées, d’embrassades (quelle joie de se revoir après ces mois de campagne !), de nouvelles rencontres dans les salles de cours, dans les amphis, dans les couloirs, dans le patio, devant la librairie militante, à la cafétéria, dehors… partout, des visages amis, le sens du partage (quelques discussions musclées autant que vivifiantes !), l’étonnement d’avoir déjà tant fait ensemble, d’en être déjà LÀ et une incroyable énergie qui diffusait de partout, pour l’action à venir. Étonnant brassage de sexes, d’âges, d’histoires personnelles et de projets partagés.
Comment témoigner de la densité des contenus des ateliers, de l’engagement et de l’enthousiasme des intervenants ?
Ah ! La belle et bonne énergie de « notre » pétulante Danielle Simonnet, de François Ruffin ou de Paul Ariès, pour ne citer que ceux-là. Quel étonnement devant le talent de pédagogue d’un tout jeune Germinal Ladmiral qui a proprement captivé une salle insatiable et archi comble, avec son exposé dense et fiévreux sur le « matérialisme historique » ? Jeunes économistes, bourrés de talents de la commission économie ou tout aussi jeunes philosophes de l’atelier sur le concept d’hégémonie de Gramsci ! Du lourd dans la jeune garde PG !!
Mais qu’on ne s ‘y trompe pas ; les moins jeunes des intervenants avaient au moins la même pêche : élus, militants politiques ou associatifs, tous, ils nous ont transmis leur passion pour leur sujet et nous ont donné l’envie d’en appendre encore davantage.
Comment rendre l’émotion qui nous a saisis lorsque, rassemblés dans le grand amphi (forum extérieur déserté pour cause de bienfaisant et violent orage) et après avoir écouté nos camarades des partis de la gauche européenne venus témoigner de la situation délétère de leurs pays et de la force de leur engagement, nous avons entonné, à pleine gorge (un peu nouée, quand même) une Internationale qui a pris là toute sa dimension et sa charge symbolique ?
Petit bestiaire politique
Et puis, ne nous le cachons pas, l’arrivée de JLM fut la cerise sur notre gâteau ! Gonflé à bloc après ses vacances vénézuéliennes, il nous a offert, lors des deux meetings, des moments de pure gourmandise auditive que personne n’a boudé, vous pouvez nous croire !
Il a joué de toutes les cordes de son arc pour nous livrer une analyse politique percutante. Mais laissons là ce volet qui mérite qu’on s’y arrête avec tout le sérieux que la situation exige et évoquons plutôt deux moments particulièrement réjouissants.
Matois, il a proprement allumé Cécile Duflot qui aurait été bien inspirée de ne pas l’interpeller comme elle a eu l’imprudence de le faire. Ainsi, son déjà fameux « lapin », a donné à JLM, l’occasion d’explorer le bestiaire de La Fontaine et de déclamer, avec le talent qu’on lui connaît, « Le loup et le Chien » qui en a réjoui plus d’un.
Quant à la déclaration de la même Cécile Duflot, sur la « muselière » qu’elle reconnaît benoîtement porter au sein du gouvernement, elle a aussitôt suscité parmi les militants rassemblés devant la tribune, un slogan, repris avec entrain, à la cantonade : « Pas de muselière, on en est fiers ! ». Une phrase qui a eu l’air de ravir notre tribun préféré et qui, à n’en pas douter, va nous resservir !
Crève-coeur
L’heure de notre départ approche et Pierre Laurent, avant-dernier des nombreux orateurs, a du mal à achever son discours. Comment être bref quand on évoque le traité européen « merkosyen », que le gouvernement s’apprête à signer, sans qu’une virgule en ait été changée et sans que le peuple soit consulté…
« Référendum », clamons-nous !!
Le soleil donne sur nos têtes, le temps file, nous piaffons !
Et c’est ainsi, que nous n’aurons pas pu écouter la fin du discours de JLM à ce dernier meeting et que nous n’aurons pas eu le plaisir poignant et toujours renouvelé, de chanter, avec tous nos camarades, une dernière Internationale pour se dire au revoir… ou plutôt à bientôt. Mais ce n’est que partie remise…
Retour… vers le futur
Nous aurons quand même eu une dernière joie pendant notre voyage de retour.
Assis près de nous, un voyageur n’aura rien ignoré de notre provenance et de notre… sensibilité politique ! A vrai dire, pendant un long moment nous avons ignoré jusqu’à son existence même ; nous sommes tout à notre discussion ; après avoir tant partagé nous avons maintenant tant de choses à nous dire ! Peu à peu, quelques regards s’échangent, pas forcément hostiles, non… plutôt un rien moqueurs. Puis fusent les premiers échanges. Quelques piques (pas bien méchantes) sur JLM et les journalistes, JLM et Le Pen, sur la crédibilité des propositions du FdG.
Peu à peu, les échanges se fluidifient, l’ambiance se détend. Et c’est ainsi que notre compagnon nous apprend que lors de son voyage aller vers Grenoble, il avait voyagé près de … JLM, qu’il est militant écolo … un « vieux Vert », comme il le dit lui-même.
Nous lâchons sournoisement quelques scuds, du genre « Oh, comme on vous plaint !! ». Il précise qu’il ne se reconnaît pas dans EELV mais qu’il doute de notre « vertitude » … Alors, nous évoquons la dynamique de notre Front : nos différences internes et le « chemin qui se fait en marchant », avant de nous lancer dans une évocation vibrante de l’intervention de Martine Billard, au dernier meeting, sur les gaz de schistes et l’idée fumeuse du gouvernement sur les voitures électriques.
Et hop ! On embraye sur notre programme « l’humain d’abord » et sur la planification écologique.
Notre interlocuteur change de ton (on ne badine plus !), il semble ferré… TOC !
On en rajoute une couche sur la pertinence de notre programme, avant de conclure, grandes seigneur(e)s « vous devriez lire notre programme et alors vous verrez bien… ».
On se quitte bons amis… Peut-être un nouvel adhérent ?
Et maintenant ?…
Il nous reste des images, des visages, des sons, des voix, plein la tête, avec l’envie de retrouver très vite une occasion d’avoir le bonheur d’apprendre encore et d’en savoir davantage…
Qui nous sommes ? D’où nous venons ? Comment changer la donne ? Comment consolider le FDG et poursuivre la construction de notre PG ?
Et logiquement, très logiquement, a germé parmi nous, l’idée d’une école du PG… D’autres l’ont fait, pourquoi pas nous ?…