Non au travail le dimanche ! Oui à la hausse des salaires !

Plus rien n’arrête les patrons ! Certains grands groupes refusent maintenant de se conformer aux lois sur le travail de nuit et le dimanche. Après avoir cassé le droit du travail avec l’ANI, le gouvernement s’oriente vers un nouvel assouplissement du droit au repos dominical avec la mission donnée à Jean-Paul Bailly. Mais revenir sur ce droit fondamental du travail ne créera pas d’emplois : cela risque même d’en détruire dans le petit commerce comme aux Etats-Unis ou d’augmenter les prix comme en Italie. Quant au supposé volontariat, c’est une hausse des salaires qui est demandée au prix d’une casse des acquis sociaux ! C’est d’ailleurs, la même logique pour le travail de nuit.

Bricolage : arrêtez de nous prendre pour des pigeons !

La polémique sur le travail du dimanche a repris récemment à partir de l’exemple des grandes surfaces de bricolages.

Le repos dominical : un droit fondamental du travail et un choix de société

La règle du repos hebdomadaire dominical date d’une loi de 1906, dans la suite de la séparation de l’Église et de l’État en 1902, qui l’a instaurée dans un souci de protection de la santé et de la sécurité au travail. Cette avancée sociale majeure faisait directement suite à la grève des mineurs du Nord et à la catastrophe minière de Courrières où un millier de mineurs sont morts. C’est donc une loi fondamentale de la République laïque française. D’après le code du travail (L. 3132-1 et L 3132-3) :

Le repos dominical est en outre un pilier dans la vie française. C’est d’un choix de société dont il s’agit ! Bien vivre, c’est avoir le temps d’être en famille ou entre amis, d’avoir du temps de loisir autres que celui d’être obligé de faire ses courses le dimanche. Notre logique, c‘est l’humain d’abord, pas la course effrénée à la consommation ! Mais c’est aussi une question d’organisation de notre société, par exemple en garantissant l’application des gardes partagés dans les familles recomposées ou en favorisant la réussite des étudiants qui doivent travailler pour payer leurs études. Pour eux, le dimanche est un temps de révision garanti. Les cours et les examens ayant lieu en semaine, les employeurs pourraient alors facilement leur demander de travailler tous les dimanches, funeste perspective !

Les syndicats sont contre l’extension de l’ouverture le dimanche et tous réclament une limitation des dérogations actuelles. Du côté des patrons, l’UPA et la CGPME sont également favorables au maintien du repos dominical et opposés à l’extension du travail dominical et redoutent : « la destruction d’emplois pérennes ; le développement de situations précaires et de fortes inégalités salariales ; une obligation pour le commerce indépendant d’augmenter ses prix le rendant ainsi moins compétitifs. »

Un impact négatif sur l’économie et l’écologie !

L’ouverture le dimanche n’aura pas d’effet bénéfique sur l’emploi ou l’activité !

Des dérogations innombrables permettent des ouvertures le dimanche

La loi prévoit déjà de très nombreuses exceptions au repos dominical que ce soit dans des activités hors commerce (travaux urgents d’entretien ou de réparation, gardiennage, nettoyage et maintenance de locaux industriels, activités saisonnières ou industrielles spécifiques, etc.) ou pour les commerces (hôtels-cafés-restaurants, journaux, aéroports, ameublement mais aussi loisirs sportif, récréatif ou culturel sur autorisation préfectorale dans les zones touristiques et tous les commerces de détail sur autorisation municipale 5 dimanches par an). En outre, tous les commerces de détail sont autorisés à donner le repos dominical à partir de 12h le dimanche, ce qui les autorise déjà à ouvrir le dimanche matin.

Les possibilités de travail et d’ouverture le dimanche sont donc déjà très développées et l’enjeu est de les limiter comme le demandent les syndicats et l’exige le bon sens économique plutôt que de les développer.

Le travail le dimanche s’accompagne de conditions de travail plus difficiles

Il est mensonger de dire que la France interdit le travail le dimanche comme le prétendent certains. Le travail le dimanche est déjà trop développé et a suivi une hausse régulière depuis les années 90: en 2010, selon l’INSEE 6,4 millions de personnes travaillent le dimanche, soit plus du quart de la population active. 3,4 millions habituellement et 4 millions occasionnellement.

Selon l’INSEE, travailler le dimanche va presque toujours de pair avec le travail du samedi, et souvent avec des horaires variables et une plus grande amplitude de la journée de travail. Dans le commerce de détail ou l’artisanat commercial, travailler le samedi est la règle et travailler le dimanche est récurrent : 93% des personnes ayant un emploi dans les métiers du commerce travaillent le samedi ou le dimanche, habituellement ou occasionnellement.

Un travail dominical mal indemnisé et mal compensé

Contrairement aux idées reçues, la loi ne garantit pas le droit à majoration salariale et un repos compensateur en cas de travail le dimanche.

Une garantie légale n’existe que pour les 5 dimanches autorisés par arrêté municipal (double salaire et 1 jour de repos). Tous les autres cas dépendent de l’existence ou pas d’accords conventionnels. Par exemple dans l’ameublement, qui peut ouvrir tous les dimanches depuis l’amendement Debré (dit « Confokéa » en 2008), la convention collective ne prévoit pas non d’indemnisation pour ces dimanches « habituels », les salariés concernés y travaillent donc comme un jour normal !

Les grands groupes communiquent volontiers sur le gain de pouvoir d’achat que peut représenter le travail le dimanche pour les salariés. Mais cette propagande cache en fait la très grande faiblesse des salaires, ce qui transforme le travail le dimanche en chantage à la survie pour beaucoup de salariés. La grande distribution par exemple se distingue par un salaire moyen parmi les plus faibles (environ 1 300 euros par mois) et par le recours intensif et imposé au temps partiel (60 % de salariés à temps partiel). Dans ces conditions, le travail le dimanche devient vite une obligation pour vivre … À terme, si la logique actuelle se poursuit, les majorations risquent même de disparaître comme ça a été le cas aux Etats-Unis ou dans les zones touristiques en France.

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