Brader les entreprises du secteur énergétique serait écologiquement irresponsable

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, vient de renouveler la novlangue politique : dorénavant on ne parlera plus de privatisation, même plus d’ouverture du capital mais de « dégager une partie pour financer l’investissement ». De fait cela a déjà commencé avec la vente par l’état d’une partie du capital de l’équipementier aéronautique Safran et du groupe aéronautique et de défense EADS au cours des dernières semaines.

Aujourd’hui il serait question d’Areva, EDF et GDF-Suez. Qu’en pense Delphine Batho, ministre de l’Ecologie et de l’Energie, qui le 18 mars s’exprimait ainsi « l’ouverture du capital de RTE [filiale d’EDF en charge du réseau de transport d’électricité] n’est pas à l’ordre du jour et n’est de notre point de vue pas envisageable ».

Le gouvernement compte donc organiser la transition énergétique en affaiblissant un peu plus le poids de l’Etat dans les entreprises concernées. Cela vient après l’annonce de l’ouverture au secteur privé des concessions des barrages hydro-électriques, sujet sur lequel Delphine Batho avait aussi dit son opposition. Visiblement, pour ce gouvernement, l’avis de la ministre de l’écologie et de l’énergie n’a aucune importance.

Croire que la lutte contre les émissions de gaz à effets de serre se fera en livrant le marché de l’énergie aux intérêts boursiers est écologiquement irresponsable. C’est au contraire d’un pôle public de l’énergie dont la France a besoin pour réussir cette transition le plus rapidement possible et le plus juste socialement.

La capacité d’innovation langagière de ce gouvernement ne suffit pas à masquer la nouvelle soumission à la finance.

Tu as fait beau Dimanche !

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Crédit photo Photo Thomas Haley (Mediapart)

L’impopularité du Président Hollande bat pourtant tous les records. Quoiqu’ils en disent, quoiqu’ils en écrivent et quoiqu’ils en montrent cette agonisante complainte de l’espoir abandonné ne créé chez nous, les gens, aucune sorte de jubilation, aucun agrément, aucune satisfaction.

Entre Bastille et Nation, il faut être bien sot, pour n’avoir vu que les 30 000 partisans du Front de Gauche, c’est en effet, à peu prés notre capacité de mobilisation si il nous venait à l’idée que de s’adresser aux nôtres !

Mais si nous étions 5 ou 6 fois plus, au fond peu importe, c’est que l’appel pour la sixième République, contre la finance et l’austérité, est une réponse attendue par la grande majorité des électeurs de François Hollande ! Nous sommes Bien sur les victorieux du 6 Mai 2012, nous sommes les qui avons chassé Sarkozy pour ouvrir le chemin d’une politique qui s’émanciperait du règne de la Finance !

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Crédit photo Photo Thomas Haley (Mediapart)

Au fond, lorsque le résultat de la compétition à gauche entre la ligne droitière du Parti Sournois et le Front de gauche s’est noué, ce jour du Bourget, où le candidat Hollande a déclamé un discours d’homme de gauche, il a non seulement détourné des millions d’électeurs de leur véritables aspirations mais il a surtout pris le risque de jeter le peuple dans la nuit froide de la désillusion !

L’effroyable et redoutable chute de popularité qui l’accable est un nuage lourd sur l’ensemble de la Gauche et qui pèse froid sur la vraie vie des salariés ! Le Medef l’a bien compris qui pousse quotidiennement à son avantage la faiblesse du gouvernement et qui engrange jour après jour les cadeaux qu’il n’espérait plus possibles sous le règne de la droite. Mais il y a pire encore, la nuée de l’angoisse et du désordre des aspirations porte la lourde menace des chiens noirs du fascisme qui rodent dans les consciences perdues.

C’est la raison pour laquelle la danse morbide et inutile des fous austéritaires est d’autant plus affligeante que tout le logiciel social-démocrate s’avère incapable de porter la moindre réponse aux besoins non seulement des populations mais aussi au simple bon fonctionnement de l’économie réelle ! Les mêmes qui n’ont pas vu dans la manifestation d’hier l’expression claire des attentes de leur électorat sont incapable de comprendre que le rapport de force qui obligeait les industriels à partager les richesses est caduque depuis que les financiers sont les véritables patrons de toute activité humaine !

Marche

Or c’est sur ce rapport de force que la logique social-démocrate pouvait s’appuyer, il n’en est plus rien aujourd’hui, et l’ensemble des forces syndicales de ce pays, qui de plus en plus en plus fréquemment rejoignent les mots d’ordre politique savent désormais que c’est de logiciel qu’il faut changer !

Oui tu as fait beau Dimanche, avec ton cortège pour l’égalité, ton cortège de travailleurs en lutte, tu as fait beau avec ces milliers d’écologistes venus, sous leur couleur, rappeler que le compte, là aussi n’y est pas !

La nouvelle République qui s’avance est la réponse attendue à ….. lire la suite sur le blog d’Alain Bousquet

Le discours de Clémentine Autain, la FASE, pendant la marche pour la 6ème République

Le discours de Clémentine Autain, la FASE, pendant la marche pour la 6ème République

Le discours d’Eva Joly, Europe Ecologie – Les Verts, pendant la marche pour la 6ème République

Le discours d’Eva Joly, Europe Ecologie – Les Verts, pendant la marche pour la 6ème République

Le discours de Pierre Laurent, secrétaire national du PC, pendant la marche pour la 6ème République

Saint-Pierre et Miquelon (975)

Contacts : Robert Langlois et Jean-Louis Legasse.

Saint-Pierre et Miquelon (975)

Contacts : Robert Langlois et Jean-Louis Legasse.

Sans précédent mais pas sans suite

Oeil En politique comme en optique, l’image que l’on se fait du réel dépend de l’œil qui le regarde. Ne parle-t-on pas d’un œil exercé ? La révolution commence donc dans notre regard. N’épousons en rien la vision bornée des médiacrates. La marche du 5 mai n’est pas un « bon coup ». Elle n’est pas seulement la preuve du sens stratégique de ses initiateurs. Même si pour passer le balai, je veux bien reconnaître que nous ne sommes pas manchots. Le 5 mai est d’abord un fait politique immense qu’il faut tâcher de comprendre. Jamais sous un gouvernement PS le pays n’a connu une telle mobilisation à gauche. Jamais. Cette marée citoyenne est inédite par son ampleur : 180 000 personnes (dont 30 000 avec des balais selon le ministère de l’Intérieur). Elle est aussi inédite par son objet. Des projets de loi contestés ont déjà rencontré l’hostilité de foules importantes. Mais cette fois le mot d’ordre était beaucoup plus général : changer de politique et même d’institutions. Inédite enfin par son caractère populaire. Calendrier scolaire oblige, dans la rue se pressait surtout la foule de ceux qui ne partent pas en vacances. C’est dire aussi que l’énergie disponible va bien au-delà des présents. Pour nous, deux tâches en découlent. Bien évaluer cette force. Travailler à la projeter plus loin encore.

Bastille-5mai-2013-marche Disons donc sans barguigner que le succès du 5 a dépassé nos attentes. Nous sommes nous laissés impressionner malgré nous par le matraquage permanent sur notre prétendue solitude et notre condamnation depuis un an à « patiner dans les sondages » ? Nous espérions égaler le 18 mars 2012. Nous avons fait une fois et demie davantage. Or nous ne sommes plus du tout dans le même contexte. La première marche à la Bastille s’est tenue à un mois du premier tour de la présidentielle, quand le milieu devient hautement conducteur puisque chacun s’informe et se politise comme jamais. Avant de rentrer chez soi, laissant les avant-gardes militantes comme des rochers quand la marée se retire. C’est en tout cas comme cela que fonctionne la Cinquième république. Cette fois l’on a vu que les gens n’étaient pas rentrés chez eux. Faute de confiance dans le pouvoir, le mécanisme de délégation sur lequel repose nos institutions se défait peu à peu. Ceux qui étaient là n’ont pas entendu les appels à attendre patiemment chez soi lancés par François Hollande. Parce qu’ils ne croient plus à la mystique dépassée et infantilisante de la Cinquième République. Mais l’ordre des facteurs peut être inversé. Ne croyant plus à la Cinquième, ils ne font plus confiance aveuglément au président en place. Les deux mouvements s’entretiennent dans un processus dynamique qui est bien installé. Il n’est d’ailleurs pas anodin que les passages de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon les plus applaudis étaient ceux qui portaient sur le changement de régime. Autre leçon pour nous qui craignons parfois que les questions institutionnelles paraissent trop éloignées des urgences sociales immédiates. En réalité, le passage à la Sixième République les concentre et leur donne une issue.

Par rapport à quel objectif analyser et projeter cette force ? Là encore, le nôtre. Les commentateurs officiels nous évaluent en points de notoriété, de popularité, en maroquins ministériels. Notre baromètre n’est aucun de ceux-là. C’est l’avancement du processus de révolution citoyenne. Les journalistes qui se demandent ce que nous attendons de Hollande ne nous comprennent pas. Nous n’en attendons rien ! Nous construisons un rapport de forces pour révolutionner ce pays. L’enjeu du 5 mai est d’abord le sentiment de force donné à tous ceux qui « en étaient » comme à ceux qui auraient tant voulu en être et ne dépendent pas des canaux officiels d’information pour savoir ce qui s’y est passé. Que ceux qui nous traitent de populistes croient un instant à leurs propres écrits. Ces moutons de Panurge ignorants en trouveront le sens dans le dictionnaire. Les populistes sont ceux qui fondent leur stratégie politique sur l’appel au peuple. C’est ce que nous faisons. La révolution citoyenne repose sur l’implication des citoyens. Bien sûr elle passera par les urnes. Celles-ci sont centrales… dans le processus qui les intègre. C’est-à-dire que la révolution citoyenne ne se résume pas à un vote. L’élection en est une étape, parce qu’elle révèle et accélère à la fois la prise de conscience sans laquelle il n’y a pas de prise de pouvoir. Ce moment viendra donc l’an prochain dans les municipales et surtout dans les européennes. Mais d’ici là la révolution citoyenne continue de s’approfondir. Après le 5 mai, il y a tant de rendez-vous au cours desquels construire la force de résistance et d’alternative. L’accord Made in MEDEF qui rétablit les accords compétitivité emploi de Sarkozy (pour le candidat Hollande ceux-ci représentaient le « démantèlement du droit du travail ») arrive au vote le 14 mai. L’amnistie sociale le 16. Des députés PS désobéiront au diktat hollandais. Combien ? Une majorité ? Cela dépend de nous. Viendront ensuite la loi Fioraso sur l’enseignement supérieur et, gros morceau, les premières tranches de l’acte III de la décentralisation. Puis le sommet social, conçu comme un nouveau traquenard chargé d’avaliser l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites. Avant d’aborder la discussion d’un budget marqué par un nouveau tour de vis austéritaire. Dans tous ces rendez-vous le pouvoir solférienien est isolé. Les satisfecits du MEDEF ne valent pas soutien populaire. Si le peuple sait résister il saura donc vaincre.

Espagne_assemblee_constituante Quel rendez-vous pour faire converger nos forces dans l’immédiat ? Nos camarades d’Espagne et du Portugal appellent à une journée européenne contre l’austérité le week-end des 1er et 2 juin. A chacun de s’en saisir. Et de construire là où il se trouve une des répliques du 5 mai. Celles-ci seront multiformes et doivent être appréciées et construites sur mesure. Une seule consigne, n’attendez pas les consignes ! Mais tirons les enseignements de nos réussites. Nos rassemblements doivent toujours avoir un caractère unitaire. L’unité est consubstantielle au Front de Gauche. Mais elle doit le déborder sans cesse. Car l’unité aussi est un processus que l’on ne doit jamais oublier de conforter. Pour cela nous avons un point d’appui majeur : la présence enthousiaste d’Eva Joly le 5 mai. C’est le signe d’une disponibilité forte dans la mouvance qu’elle incarne. Et si prometteur pour l’avenir bouché par le productivisme ! Tout ce que nous faisons maintenant doit conforter le rassemblement qui s’est opéré dans ce moment fondateur. De plus, nos actions sont concrètes : elles se donnent des objectifs pratiques au service du grand nombre. Plus la visée est large, plus la mise en mot doit être compréhensible et préhensible. Une Constituante, un balai ! Ensuite, nos initiatives ne doivent jamais être minorisantes. Ce qui doit caractériser les actions du Front de Gauche c’est que l’on y puise de la force. Les cadres ne manquent pas ailleurs pour cultiver la perplexité et le découragement. Enfin, nos actions doivent viser sans cesse l’implication du grand nombre. Le plus simple pour y parvenir est de les faire reposer sur cette même implication. Méthode et fond se rejoignent. D’autant plus qu’il n’en est qu’un embryon, le Front de Gauche doit toujours préfigurer la révolution citoyenne en marche. Après le 5 mai ceci se comprend aisément. C’est pourquoi si cette marche est sans précédent, elle ne sera pas sans suite.

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