Inégalités en Europe – 12ème festival de Esquerra Unida i Alternativa (Gauche unie et Alternative)
Les 5 et 6 octobre a eu lieu à Barcelone le 12ème festival de Esquerra Unida i Alternativa (« Gauche Unie et Alternative » EUiA) : journées de réflexion sur « L’Europe des inégalités » suivie de leur fête sous le titre de « temps de lluita » (« temps de luttes »). Ces journées de véritable éducation populaire et de fraternité marquent l’entrée en campagne de la coalition en vue des élections anticipées convoquées par le gouvernement de droite de Artur Mas (CIU) le 25 novembre prochain.
Samedi et dimanche matin : Conférences-débats et atelier « L’Europe des inégalités »
Ouvert par le coordinateur général d’EUiA, Joan Josep Nuet, le colloque coorganisé par la Fundació l’Alternativa, le PGE et EUiA, se proposait de faire le point sur les politiques publiques des pays européens dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Des intervenants de tout premier plan, chercheurs, universitaires et responsables d’organisations professionnelles, ont tenté d’établir un diagnostique des souffrances qui affectent aujourd’hui l’ensemble des citoyens.
Retours sur les débats :
– La santé et l’éducation, fers de lance de l’intervention publique auprès des citoyens et champs d’observation privilégiés pour mesurer les dégâts générés par la crise, ont vu leurs potentiels d’intervention cisaillés par les politiques d’austérité décrétées par l’UE et perdre par là même leur pourvoir régulateur. L’espérance de vie recule, un processus de ghettoïsation sociale et territoriale avance à marche forcée, le fossé entre riches et pauvres s’accroît pour devenir abyssal et le processus de marchandisation de cet espace régalien gagne chaque jour plus de terrain…, les dégâts sont considérables.
– Ces journées de réflexion animées par Antoni Barbarà, président de la « Funcació l’Alternativa », ont permis de poser une analyse critique du contexte social européen et d’avancer un certain nombre de solutions pour lutter contre une précarité sans cesse renouvelée. Parmi les orateurs, Vicenç Navarro de l’Université Pompeu Fabra de Barcelone et blogueur régulier sur le site web Público nous a brossé un panorama du modèle social européen face aux attaques du libéralisme ; Joan Benach, responsable du groupe de recherche sur les inégalités dans le secteur de la santé de l’université Pompeu Fabra, est intervenu sur le thème des déterminants sociaux, inégalités devant la santé et la logique néolibérale. Quant au secteur de l’éducation, c’est Sonja Crivelli, qui comme responsable du groupe de travail sur l’éducation au sein du PEE, a ouvert le bal en proposant un état des lieux de l’enseignement en Europe au travers de son exposé intitulé « L’éducation publique en danger ».
– Sont aussi intervenus, Carme Borrell de l’Agence de Santé publique de Barcelone/Catalogne, sur le thème des différences socio-économiques entre les villes européennes ; Juan Mena, responsable du secteur de l’éducation à EUiA a quant à lui élaboré une comparaison des différents systèmes d’éducation en Europe, enfin Mauricio Valiente du PCE/ Izquierda Unida, responsable des études sur l’immigration et Miren Etxezarreta, économiste, ont respectivement proposé un regard critique sur les politiques d’accueil des immigrants et sur les inégalités qu’engendre le capitalisme dans nos sociétés européennes. Pour conclure cette longue liste d’orateurs, citons aussi les analyses d’Elizabeth Gautier de la fondation Transform qui a porté sa réflexion sur les limites du concept d’inégalité et de ses alternatives ainsi que l’intervention d’Angels Martínez Castells, économiste spécialiste de la santé publique, qui examinait les valeurs sociales européennes face à la montée des inégalités… que du très haut niveau… enfin, les tables rondes ont par l’intermédiaire des différents porte-parole présents comme Maite Mola (PEE/PCE), Olga Athaniti (Akao/Syriza), Ricardo Gayol (IU) ou Ruben Bejerano (député IU) permis d’élaborer à partir des conclusions de ce séminaire un véritable réquisitoire sous la forme de déclaration officielle.
Samedi 6 octobre : 12ème fête de EUiA « temps de lluita » (« temps de luttes »)
Samedi 6 octobre était organisée la fête d’EUiA au cours de laquelle devaient prendre la parole l’euro-député d’IU Willy Meyer, Juliette Estivill du Parti de Gauche, Olga Athaniti d’Akoa/Syriza, Maite Mola du PCE ainsi que les principaux responsables du parti EUiA comme Juan Josep Nuet et le coordinateur fédéral d’IU Cayo Lara.
La tonalité des débats devait être donnée dès l’ouverture avec l’intervention de Juliette Estivill qui établissait un bilan critique du gouvernement français, en rappelant que depuis maintenant plus de 100 jours, l’austérité budgétaire était plus que jamais à l’œuvre et sera même renforcée avec le vote du TSCG. Et de rappeler l’opposition initiale du Front de Gauche au traité Merkozy qui devait se cristaliser au cours de la manifestation du 30 septembre dernier avec un rassemblement de près de 100 000 personnes entre les places de la Nation et d’Italie à Paris.
Pour sa part, la représentante de Akoa/Syriza, Olga Athaniti devait nous décrire au travers d’un exposé très détaillé les souffrances et privations qu’endure au quotidien la population grecque.
Puis sur un registre plus formel, le président de la Fundació l’Alternativa, Toni Barbarà, informait l’auditoire des conclusions des journées de « l’Europe des inégalités » en prônant la mise en place d’une nouvelle confluence politique et sociale pour faire front au néolibéralisme à l’œuvre dans toute l’UE.
Enfin, Maite Mola du PEE/PCE et Willy Meyer devaient successivement intervenir sur les nouveaux modèles politiques que nous propose l’Amérique latine en réservant une place toute particulière à Hugo Chávez et de rappeler que d’un point de vue opérationnel, les forces de gauche européennes devaient poursuivre leurs efforts de mobilisation et d’organisation pour faire face à la montée en puissance des politiques conservatrices développées dans toute l’Europe mais aussi pour accéder enfin aux responsabilités.
Ces deux journées ont recentré le débat politique sur les vrais problèmes qu’affrontent les gens au quotidien et non pas de nébuleux projets nationalistes qui n’ont, in fine, qu’un objectif, détourner l’attention des citoyens face aux défis que posent les politiques publiques européennes dans le cadre d’une paupérisation toujours plus grande de la population car comme l’a dit Joan Josep Nuet, coordinateur général de EUiA, lors de son intervention au meeting de clôture de EUiA en s’adressant aux Catalans « Nous ne serons jamais ni libres ni indépendants si nous n’arrêtons pas les coupes ».