Lettre ouverte de Françoise Verchère à Arnaud Montebourg
Cher Arnaud,
Tu ne te souviendras sans doute pas de moi, huit ans c’est long en politique et il s’est passé tant de choses, mais j’ai un gros défaut, je n’ai pas la mémoire courte…
C’était donc en 2004, nous venions de gagner le Conseil général de Loire-Atlantique, et tu m’as téléphoné pour me demander d’être candidate à la candidature au sein du PS pour les élections européennes au nom du Nouveau Parti Socialiste. J’ai dit oui, sottement, n’ayant pas vraiment compris que je n’étais qu’un pion dans ta stratégie personnelle et de courant. L’Europe m’intéressait et j’en avais envie de l’Europe Sociale qu’on prétendait construire à ce moment-là ! Tu ne m’as d’ailleurs pas rappelé pour m’expliquer comment j’étais passée d’une place éligible, d’après toi, à la dernière de la liste, tu avais dû perdre mon numéro que t’avait donné Philippe Grosvalet, aujourd’hui président du conseil Général.
Je te rassure, cette lettre n’a pas pour but de faire pleurer sur mon sort, je te rappelle juste cette anecdote parce que j’aurais vraiment eu plaisir ce matin à te faire un petit signe de la main quand ta voiture ministérielle est passée dans une rue de Bouguenais dont j’ai été maire de 1993 à 2007. Tu venais, avec du beau monde, visiter l’IRT Jules Verne, près de l’usine Airbus et de l’aéroport de Nantes-Atlantique.

Vois-tu, cher Arnaud, depuis 2005, je ne crois plus beaucoup à la social-démocratie qu’incarne le PS, mais je croyais que nous étions toujours en démocratie, parce que le droit de manifester, surtout pacifiquement, me semblait à moi, élue de la République, un incontournable. Il n’en est rien visiblement. A Paris, il y a quelques semaines nous avons été « parqués » de longues heures devant le Musée Guimet pour que ni F.Hollande ni JMAyrault ne nous voient lors de la Conférence sur l’Environnement. Bis repetita ce matin Je suis sûre désormais que les lacrymogènes de gauche seront aussi violentes que celles de droite. Car le premier ministre, comme tout autoritaire sans vrai courage, reculera devant « les pigeons » mais tiendra à distance, manu militari, ceux qui croyaient que gauche devait rimer avec dialogue et respect des droits fondamentaux.
Quelques heures après, tu as devant la mairie de Bouguenais refusé de recevoir les anti aéroports au motif que le « débat démocratique avait eu lieu ». Pourrais-tu nous dire de quoi tu parles ? A notre connaissance, aucun débat, aucune discussion sur le fond, aucune réponse à nos arguments et chiffres n’ont eu lieu depuis ta lettre…Il s’est bien passé quelque chose effectivement, tu as été nommé Ministre, du Redressement Productif excusez du peu…Pour le redressement moral, qui implique notamment que les politiques tiennent leur promesse, j’attends avec impatience les propositions de Vincent Peillon…
Je regrette, cher Arnaud, de n’avoir pu te dire cela de vive voix mais reste à ta disposition bien évidemment au cas où le Premier Ministre t’autorisait, toi ou un autre ministre, à nous entendre enfin.
Françoise Verchère,
Conseillère générale de Loire-Atlantique
Coprésidente du CéDpa