La fin de la Françafrique ? vraiment ?

Monsieur le Président François Hollande, vous venez à votre tour de faire votre discours de Dakar ce 12 octobre 2012 avec belle déclaration annonçant que « le temps de la Françafrique est révolu » et quelques belles phrases sur la sincérité, la solidarité et la démocratie, sans oublier « la bonne gouvernance ».

Monsieur le Président François Hollande, si vous voulez vraiment en finir avec la Françafrique,  nous vous suggérons de faire vôtres les propositions du Front de gauche dont voici quelques unes  : en finir avec le soutien aux dictatures, redéfinir une coopération à l’écoute, revoir les conditions de l’aide publique au développement , soutenir le développement d’une agriculture  paysanne auto-centrée et respecter la souveraineté agricole des pays africains, agir contre la prédation des terres, favoriser l’appropriation collective des biens communs africains par les Africain-e-s, co-inventer un nouveau modèle de développement avec les peuples africains, exiger et contrôler la transparence des pratiques des grandes entreprises françaises en Afrique, rendre aux Africains l’autonomie de gestion du Franc CFA, créer un rapport de force avec les structures internationales qui pillent l’Afrique, appuyer les dynamiques de renforcement régional et continental, ré-examiner la dette et l’annuler, soutenir les politiques d’éducation et d’enseignement supérieur,  favoriser l’enrichissement réciproque de nos cultures, avoir une politique ouverte de circulation et de résidence des personnes, regarder en face notre histoire en soutenant la création de commissions d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les responsabilités de la France dans les atrocités commises durant la colonisation et sur les implications de la France dans les génocides, coups d’Etat et renversements militaires.

 Ces propositions parmi d’autres sont détaillées dans le document intitulé « pour une nouvelle politique entre la France et l’Afrique » que nous avions publié à l’occasion de la campagne présidentielle et disponible sur le site « place au peuple 2012 »

Tout ceci, Monsieur le Président, nécessite une vraie volonté politique que nous n’avons pas perçue à ce jour ainsi qu’une continuité d’action qui semble contredite par les faits : baisse de l’APD, non respect des engagements financiers,  maintien et renforcement du Franc CFA,  maintien de l’Accord de Partenariat Economique (APE) qui livre aux multinationales les marchés africains, proposition d’aide dans les domaines de l’agroalimentaire, les télécommunications et les services financiers qui est en fait une façon d’imposer les multinationales françaises, proposition d’une aide  pour négocier avec les multinationales minières et pétrolières, maintien des forces militaires françaises en Afrique.

Dans votre discours qui se veut le programme de la France en Afrique, vous déclarez que l’Afrique « est une terre d’avenir pour l’économie mondiale » et vous ajoutez « les grands pays émergents se tournent vers vous et investissent massivement » car c’est bien cela qui vous intéresse : non pas le développement auto-géré de l’Afrique mais son accompagnement par les soins intéressés du capitalisme français.

Vous  indiquez ensuite : « le futur de l’Afrique se bâtira par le renforcement de la capacité des Africains à gérer eux-mêmes les crises africaines ». Or c’est sans vergogne que la France reste militairement présente en Côte d’Ivoire pour appuyer le régime de Ouattara, conduit au pouvoir par l’armée française et maintenu au pouvoir par des criminels de guerre. C’est sans vergogne que vous vous ingérer dans les affaires internes au Mali par le biais de la CEDEAO, en imposant un gouvernement prétendument d’union nationale et une solution militaire extérieure pour lutter contre les troupes mafieuses et islamistes du nord du pays.

Certains Africains commencent à dire que décidément on ne peut rien attendre de François Hollande. Devons nous leur donner raison ?

 

 

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