Elles, ils nous ont rejoint – Maurice Duval
Rapidement dit, depuis les années 70, j’étais proche des idées de la LCR. Après 1983, les espoirs se sont amenuisés, même celui revu à la baisse d’avoir une réelle sociale démocratie au pouvoir. Le PS avait pris le virage libéral. La LCR semblait vouloir rester dans l’opposition et refusait de se donner les moyens d’une victoire. Quand au PC, il avait en ces temps-là accepté une alliance avec les sociaux libéraux, ce qui je pense le desservit grandement. La gauche anti-libérale était réduite à une pluralité de petits groupes sans efficacité aucune alors que pour une partie de la population demeurait toujours l’attente d’un changement radical. Plus récemment, la LCR créa le NPA qui devait être un grand rassemblement des anti-libéraux. L’espoir fût de courte durée une fois encore. Depuis longtemps je cherchais à me détourner du et de la politique pour ne pas tant souffrir du constat d’incapacité de la gauche, mais en vain. La politique me rattrapait toujours car je ne peux supporter tant d’injustice sociale, tant de misère… Comment dans ce contexte ne pas vouloir agir pour mettre « l’Humain d’abord » ? Le vote sur le traité européen fût une nouvelle bouffée d’espoir, mais à chaque fois il était plus fragile, comment aurait-on pu y croire après tant de tentatives et tant d’échecs ? L’union fût une fois encore impossible.
Enseignant la sociologie et l’ethnologie je tentais de sensibiliser mes étudiants. Leur réponse était majoritairement toujours la même : « Monsieur sur le constat vous avez raison, ce monde est pourri, mais on ne peut rien y changer ». Seule une petite minorité croyait que le changement était possible. En outre, le rejet de tout parti était virulent. Plus le temps passait et plus je pensais à la vérité dramatique du propos de R. Luxembourg : ce sera « le socialisme ou la barbarie ». Puis, il y eu le Parti de Gauche et le Front de Gauche. Je les observais avec intérêt mais sans trop y croire, habitué que j’étais désormais à l’échec de toute tentative d’union, une sorte de virus qui vouait à l’échec toute possibilité de changement radical de société. Cependant le discours du Parti et du Front de Gauche m’enchantait vraiment (et m’enchante toujours), car à la perspective politique qui place l’humain au centre, s’ajoutait la scansion constante de l’appel à l’unité des anti-libéraux. Certes, cela implique de faire des compxromis mais le succès de la gauche doit et ne peut se faire qu’avec des compromis s’ils sont sans compromission. Des compromis oui, des compromissions non ! Telle est ma devise. Je regardais cependant ce Front de Gauche avec 2 craintes : 1) qu’il éclate pour raison de conflit interne -car enfin l’union du PC et du trotskysme est une véritable prouesse- et 2) qu’il s’associe au sociaux-libéraux. Mais non, il n’éclatait pas, au contraire, l’union des différentes composantes était bien réelle malgré la difficulté et il semblait ne pas se lier au PS. Je suis donc devenu sympathisant conservant encore mes doutes pour un temps. Puis, quand j’ai vu qu’il n’y avait pas d’alliance avec la droite déguisée en gauche, je suis devenu adhérent, totalement adhérent.
Pour conclure, je dirai que j’ai retrouvé l’espoir de voir la gauche anti-libérale au pouvoir, et cela redonne un sens et un souffle à mon existence.
Maurice Duval, ethnologue, PG section Montpelier Est