Le contre-budget du Parti de Gauche
« There is no alternative » est l’attitude adoptée par le gouvernement Ayrault, incapable de répondre à l’urgence de la crise actuelle. Dans la lignée de Schröder, Zapatero et Papandréou, la majorité PS-EELV reprend les recettes injustes et inefficaces de la social-démocratie européenne : hausse de la TVA, baisse de la dépense publique et des investissements, réformes favorables au capital et non aux salaires, absence de transition énergétique à la hauteur des enjeux écologiques, etc. Or une autre logique est possible ! Le contre-budget présenté par le PG le démontre. Le partage des richesses et l’investissement public pour la planification écologique y sont les moyens d’une relance de l’activité et de l’assainissement des finances publiques.
Une autre logique : à bas l’austérité
Alors que le gouvernement baisse les bras face à la finance et laisse se multiplier les plans sociaux, le contre-budget du PG prévoit la création d’un pôle financier public, via la nationalisation des activités de dépôt des banques privées. Cela permettrait d’investir massivement pour relancer l’activité et notamment aider les salariés à préempter les usines menacées de fermeture ou sauver la sidérurgie française en nationalisant Arcelor Mittal. En parallèle, nous obligerions les entreprises qui licencient malgré une activité viable à rembourser les aides publiques. Celles-ci seraient aussi strictement conditionnées à des critères sociaux et écologiques de relocalisation.
À l’opposé de l’absurde règle d’or, du dogme de la croissance infinie, nous proposons de suivre la règle verte en impulsant une planification écologique, avec des investissements massifs pour la conversion écologique de l’outil productif, des circuits de distribution et de consommation.
Relancer l’activité et faire reculer le chômage
Nous relevons donc le défi de mieux répartir la fabuleuse richesse créée par le travail des salariés pour la réaffecter aux usages les plus utiles au progrès écologique et social. Notre contre-budget 2013 s’émancipe ainsi de la pensée unique, réunissant PS et UMP, qui, sous prétexte de réduire les déficits, impose une cure d’austérité sans précédent au peuple. Nous misons au contraire sur la relance de l’activité pour attaquer le chômage.
Notre budget instaure donc immédiatement une dynamique macroéconomique favorable à l’emploi et aux productifs plutôt qu’aux spéculateurs. Il est accompagné d’une nouvelle politique du financement des entreprises, et notamment des facilités de crédit pour les PME permettant de soulager leur trésorerie. Un exemple très concret : une PME de 100 salariés qui investit 6 millions d’euros en empruntant à taux très bas proche de zéro grâce à un pôle financier public économiserait jusqu’à 341 euros par mois et par salarié par rapport à un prêt à 8 %. Cela correspond environ au montant de l’augmentation du SMIC à 1 700 euros bruts.
Soutenir le pouvoir d’achat populaire
Le contre budget du PG permet de soutenir la demande intérieure par une hausse du pouvoir d’achat et une redistribution des revenus :
- hausse du SMIC à 1 700 euros bruts,
- relèvement du traitement des fonctionnaires pour rattraper les pertes de pouvoir d’achat depuis 2000,
- hausse des minimas sociaux au dessus du seuil de pauvreté.
Au service de l’emploi, notre budget soutient aussi la redistribution des heures travaillées grâce au retour à la retraite à 60 ans, à l’application réelle des 35h et à la refiscalisation des heures supplémentaires. Une amélioration des conditions de travail financée par la suppression des exonérations de cotisations inefficaces (20 milliards sur 28) et la taxation des revenus financiers des entreprises.
Taxer la rente plutôt que le travail
Notre budget fait le choix du travail contre la rente. Il est conçu pour le peuple et non sous la dictée des « experts », des lobbies et de l’Union européenne. À mille lieux des préconisations de l’aberrant rapport Gallois et des exigences du MEDEF, nous proposons de prendre l’argent là où il dort pour le dépenser utilement :
- Quand 85% des réductions d’impôts profitent aux 10% les plus riches, nous arrêterions les gaspillages : toutes les mesures fiscales injustes de la droite que le gouvernement Ayrault pérennise seraient supprimées. Refusant la pression du patronat, la « niche Copé » sur les plus-values de cession serait supprimée ainsi que la totalité des niches fiscales sans utilité économique, sociale ou écologique réelle. 42 Mds € seraient ainsi récupérés dès la première année.
- Là où le pouvoir en place se contente de surtaxer les revenus d’activité supérieurs à 1 million d’euros à 75% en exonérant les revenus du capital, nous proposons une réforme complète de l’impôt sur le revenu afin de le rendre plus progressif (14 tranches ; un revenu maximum établi à 20 fois le revenu médian) et plus juste (suppression du prélèvement libératoire, réintégration des revenus du capital et concentration des hausses sur les très hauts revenus). 20 Mds € supplémentaires seraient ainsi récupérés par an, soit au moins vingt fois plus que la réforme de l’impôt sur le revenu du gouvernement Ayrault.
- Au lieu d’augmenter aveuglément la TVA, impôt le plus injuste qui soit, pour reprendre 7 milliards à tous les Français, nous ciblerions les consommations nocives et inefficaces en récupérant 9,1 milliards via une TVA à 33% sur le luxe et l’imposition des hautes transactions immobilières. La révolution fiscale permettra ainsi de transformer le modèle de production en s’attaquant aux nuisances sociales et écologiques de toutes sortes : exploitation, spéculation, pollution, publicité, …
Un budget qui rapporte plus qu’il ne coûte
Dès la première année, les ressources nouvelles prévues dans le contre budget du PG s’élèvent au total à plus de 130 milliards d’euros. Ces marges de manœuvres permettraient de financer 100 milliards d’euros de dépenses nouvelles dés 2013 au service du progrès social et écologique. Comme le programme l’Humain d’abord, notre budget rapporte plus qu’il ne coûte. Il permettrait donc de stopper la spirale d’appauvrissement de l’Etat et de réduire effectivement la dépendance du pays face à la dette et aux marchés financiers. Nous proposons d’ailleurs d’économiser 20 mds d’euros dès 2013 sur les intérêts de la dette (47 mds d’euros au total). C’est possible en faisant acheter par notre pôle financier public des obligations d’Etat à taux très réduits. Les banques publiques du pôle pouvant ensuite se refinancer auprès de la BCE pour rompre l’actuel circuit absurde de la dette publique vendue au prix fort aux banques privées.
Un budget qui dépense pour l’Humain d’abord
Nous mettrions en place les investissements écosocialistes qui s’imposent dont 55 Mds € pour partager les richesses et abolir l’insécurité sociale. 16 Mds € seraient aussi affectés en 2013 au financement de la planification écologique et pour donner la priorité à une agriculture paysanne saine. Nous stopperions l’aberrant projet de l’aéroport de Notre-Dame des Landes et investirions plus de 16 Mds d’euros dans des projets utiles socialement et écologiquement soutenables : création d’un pôle public de l’énergie, investissement dans les énergies renouvelables, sortie du nucléaire, plan pour le transport ferroviaire, etc. Un budget de gauche choisit l’émancipation humaine plutôt que les intérêts financiers des puissants : nous investirions donc massivement dans l’éducation, la recherche, la culture et l’éducation populaire à hauteur de 15 Mds d’euros de dépenses nouvelles. Nous donnerions des moyens pour la justice, l’égalité entre les territoires et les quartiers populaires et ainsi œuvrer pour une 6ème République à la hauteur de la devise Liberté, Égalité, Fraternité, capable de faire progresser la paix dans le monde et construire une défense souveraine et altermondialiste (4 Mds €).
- Plan d’urgence pour le logement, pour financer notamment 200 000 nouveaux logements sociaux par an : – 32 Mds €
- Revalorisation du point d’indice des fonctionnaires pour remédier au décrochage constaté depuis 2000 : – 11,4 Mds €
- Doublement en 5 ans de l’utilisation des énergies renouvelables : – 9 Mds €
- Doublement du budget de l’enseignement supérieur et la recherche sur 5 ans, création de 5000 postes d’enseignants-chercheurs et d’agents techniques: – 4,6 Mds €
- Scolarité obligatoire de 3 à 18 ans : – 3 Mds €
- Multiplication des moyens de la justice par 4 sur 5 ans : – 2,7 Mds €
- Plan national de remise aux normes énergétiques de 700 000 logements et bâtiments publics : – 2,5 Mds €
- Mise en place d’un service public de la petite enfance (création de 100.000 places en crèche) et renforcement des moyens de la protection de l’enfance : – 2,3 Mds €
- Arrêt des reconduites à la frontière des sans-papiers : économie de 0,5 Md €
- Sortie du traité de l’Atlantique Nord et arrêt de la participation aux opérations OTAN : économie de 0,5 Md €
Un budget d’intérêt général
Contrairement au budget austéritaire de Jean-Marc Ayrault, le nôtre est juste et efficace économiquement. Il permettrait une sortie de crise par la relance de l’activité et la planification écologique. La réforme fiscale radicale que nous proposons entraînerait une hausse soutenable du taux de prélèvements obligatoires de 45 à 49% de la richesse produite (soit le niveau du Danemark par exemple). En se concentrant sur les hauts revenus et le capital, ce contre-budget permettrait de rendre au travail, à l’économie réelle et au peuple 7,5% de la richesse créée, en la reprenant au capital.
Boris Bilia et Damien Prat
Voir :
- la brochure complète présentant le contre-budget sur le site du PG
- la vidéo de présentation du contre-budget
- le dossier « Le mirage de la compétitivité«
- vidéo « Le mirage de la compétitivité«
- vidéo de la conférence de presse