Egypte • Du projet de constitution réactionnaire et libérale à la mobilisation du peuple.
Le président égyptien Mohammed Morsi élu le 17 juin dernier a annoncé un référendum le 15 décembre sur un projet de constitution rédigé à marche forcée. Celui-ci intervient juste après le décret-surprise du 22 novembre, qui a octroyé au président des pouvoirs exorbitants.
Le projet de la nouvelle constitution entérine la fin de l’État social égyptien et la soumission aux diktats du FMI, dans la lignée des politiques de l’ancien régime de Moubarak. L’ensemble des articles concernant les libertés individuelles, les droits de la femme et de l’enfant sont en recul par rapport à ceux de la constitution de 1971.
Ce résultat n’est évidemment pas surprenant de la part d’une assemblée constituante totalement dominée par les salafistes et les Frères musulmans, et qui a rejeté tout compromis avec l’opposition, toutes tendances confondues. Pourtant, le premier tour des élections présidentielles, bien qu’entaché de graves fraudes, avait démontré l’ancrage populaire et la force de la gauche égyptienne, et particulièrement celle du candidat nassérien Hamdeen Sabbahi.
Le président Morsi a voulu faire de ce référendum un plébiscite, pour mettre fin aux revendications légitimes portées par les mouvements sociaux. Mais c’était compter sans la mobilisation populaire exceptionnelle qui a eu lieu dans l’ensemble du pays et dans la capitale, lançant une immense marche en direction du palais présidentiel d’Héliopolis pour exiger l’annulation du décret présidentiel du 22 novembre, et le retrait du dernier projet de constitution.
La décision des organisations islamistes, notamment des Frères musulmans, de briser cette mobilisation populaire par la force et la violence, qui s’est manifestée dans les sanglants affrontements de la nuit de mercredi à jeudi dernier, faisant au moins huit morts et plus de 700 blessés, révèle une fois de plus leur caractère fondamentalement réactionnaire et antisocial, et fait courir à l’Égypte un véritable danger de guerre civile. Le discours du président Morsi jeudi soir appelant l’opposition au dialogue, sans rien céder quant au décret et au référendum sur la constitution, n’a rien apporté de nouveau : l’épreuve de force avec l’opposition apparaît toujours engagée.
Le Parti de Gauche condamne fermement la violence déchaînée par les groupes d’assaut islamistes contre des manifestations pacifiques, et apporte son plein soutien au peuple égyptien et aux organisations progressistes et démocratiques du Front du Salut mobilisés pour l’annulation du décret du 22 novembre, le retrait du dernier projet de Constitution, et au-delà, pour la réalisation des objectifs de la Révolution du 25 janvier 2011, fondés sur la liberté, la dignité et la justice sociale.