Elus locaux contre l’austérité • Danielle Simonnet, conseillère de Paris

Danielle_simonnet Nous ne sommes que deux élu-e-s PG mais nous avons porté avec détermination la résistance à l’austérité dans la bataille sur le budget de la ville et du département de Paris. Nous avons refusé de voter les recettes et le volet emploi (pour lire mon intervention).

Paris est une ville dotée de nombreuses recettes, notamment du fait de la spéculation immobilière qui lui permet d’encaisser des droits de mutation qui viennent abonder son budget. Avec ces moyens sans comparaison aucune avec la grande majorité des autres collectivités, forcément, cela permet à son exécutif d’afficher des hausses d’investissements et de dépenses de fonctionnement. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un budget d’austérité, dans le débat politique, nous voulions, Alexis Corbière et moi-même dénoncer de fait l’austérité imposée aux collectivités par le gouvernement.

L’exécutif municipal PS et EELV a justement décidé cette année d’abandonner la revendication de la dette de l’Etat aux parisien-ne-s, du fait des transferts de charges non compensées, bataille menée toute les années passées sous les gouvernements de droite…A cette amnésie soudaine, s’est ajouté le silence relatif au gel (baisse dans les faits) des dotations de l’Etat.

Résultat, on se trouvait face à un budget dans la stricte continuité des cadres contraints sous les gouvernements droite. Le changement ? Dorénavant, c’est comme auparavant !

Au sein du groupe Front de Gauche du Conseil de Paris, les élu-e-s communistes prévoyaient il y a quelques mois de voter comme chaque année le budget, composante de la majorité oblige. Mais rapidement, le débat a pris toute sa place. Entre les élu-e-s, entre les composantes du Front de Gauche, entre les militant-e-s.

Une tribune des élu-e-s puis un tract Front de Gauche ont témoigné d’une ligne de résistance : refusons l’abandon de la dette, le gel puis baisse des dotations ! Refusons l’austérité imposée aux collectivités !

Paris est une ville capitale. Cela nous donne d’autant plus de responsabilités ! Certaines collectivités n’ont que le recours à la grève de la faim pour alerter sur l’asphyxie budgétaire dans laquelle les fait sombrer les politiques d’austérité. Paris doit se battre pour elle et pour toutes les collectivités ! C’est d’autant plus important à la veille de l’acte 3 de la décentralisation !

Tombent alors les documents budgétaires de la ville et sur le terrain, des mobilisations s’organisent. Dans nombre d’écoles, des pétitions fleurissent de parents d’élèves et d’enseignants contre la baisse de 300 000 euros des classes de découverte. Dans les collèges c’est la baisse des dotations du département qui provoquent des votes contre dans les conseils d’administration. A la ville, manifs et grèves des personnels se multiplient, contre l’absence de création d’emploi (alors que s’ouvrent de nouveaux équipements), contre la précarité, pour la revalorisation des salaires.

Le groupe des élu-e-s se lance dans la rédaction d’amendements et de vœux. Cela a parfois été chaud ! Nous annonçons que nous, élus PG ne voterons pas en l’état le budget. Les communistes, eux, veulent d’abord l’adopter. Heureusement le Président PCF du groupe, Ian Brossat s’engage dans la bataille : il refuse aussi de voter le budget en l’état et défend bec et ongle nos amendements et voeux auprès de l’exécutif. Fin de semaine, c’est chou blanc. Le Maire de Paris B. Delanoë ne veut rien « lâcher » ! Aucun de nos vœux et amendements ne passera. Les communistes, malgré les désaccords de leurs adjoints décident de s’abstenir. Nous décidons d’en faire de même. Quel sens aurait une démarcation par un vote contre ? Ce serait déjà historique qu’un groupe de la majorité n’approuve pas le budget.

Coup de théâtre. Le jour même dans l’après midi, l’exécutif socialiste décide de lâcher la quasi-totalité des vœux et amendements de notre groupe sous la menace de l’abstention ! Preuve que le rapport de force paie ! Nous arrachons ainsi la relève de 10 millions d’euros sur le compte foncier, le retour des 300 000 euros qui avaient été dans un premier temps supprimés en faveur des classes de découverte ou encore l’engagement de prendre en compte les vacataires dans le futur plan de déprécarisation.

Reste que le cadre contraint de l’austérité est bien installé. L’an prochain, les baisses des dotations vont cette fois-ci forcer la ville à des coupes sombres. Il nous semble essentiel de planter le drapeau de la résistance. Nous décidons de ne pas approuver les volets recettes et emploi du budget de la Ville et du département de Paris. Tous les autres élu-e-s de la majorité ont voté pour, plus deux voix de droite.

Nous récusons par notre vote l’accompagnement gestionnaire de l’austérité imposé aux collectivités. Nous ne sommes pas d’accord avec le choix du maire de Paris d’abandonner la revendication de la dette de l’Etat aux collectivités. Nous exprimons également notre désapprobation du choix, voire du dogme, qui amène la ville à refuser d’augmenter ses effectifs au moment où nombre de nouveaux équipements sont livrés. Nous ne voulons pas que le personnel de la ville devienne la variable d’ajustement des budgets contraints par les choix nationaux d’austérité.

Les menaces ont été nombreuses mais nous avons tenus. Ce n’est qu’un premier acte. Très modeste. Mais nous sentons qu’il va encourager d’autres élu-e-s à se battre d’autant plus lors du débat du budget supplémentaire de juin. Cette résistance alimente également d’ores et déjà les débats sur les choix stratégiques futurs pour les prochaines élections municipales… Et d’ici là, à nous d’alimenter les luttes concrètes pour que s’expriment nombre d’exigences !

On continue, on lâche rien !

Danielle Simonnet
Conseillère de Paris, Élue du 20e

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