Le blog d’Alexis Corbière • Au côté du DAL et des sans-logis
Hier, j’ai passé ma journée en compagnie des militants du DAL (Droit Au Logement), sous la conduite de Jean-Baptiste Eyraud et mes amis de l’association Jeudi noir qui occupaient un bâtiment vide du 12e arrondissement situé au 5 rue Erard avec une cinquantaine de familles mal logées. Il s’agit d’une ancienne clinique privée, (qui se nommait cliniqe du « Bien naître ») inoccupée depuis près de 5 ans. Ainsi, ce sont près de 1200 m2 totalement vide, au plein cœur de l’arrondissement à quelques mètres de la Mairie du 12e et du commissariat.
Les propriétaires de ce lieu seraient la BNP Paribas et Natixis qui semblent n’avoir aucun projet précis concernant l’avenir de ce bâtiment qui se dégrade rapidement. C’est pourquoi ce bâtiment est, avec beaucoup d’autres, un des symboles d’un scandale public. Il existe à Paris, selon l’INSEE, près de 120 000 logements vides depuis au moins 2 ans. Cela représente 10 % des logements parisiens. Et il y en a 329 000 pour la Région Ile-de-France. Sans compter les bâtiments non répertoriés comme cette ancienne clinique du 12e. A l’inverse, on considère qu’il existe 3,6 millions de personnes mal logés en France.
Qu’attendent donc les pouvoirs publics pour agir ? Mme Cécile Dufflot, Ministre du Logement, a plusieurs fois répété que la réquisition de logements vides faisait partie des solutions qu’elle était prête à envisager. Tant mieux, mais pour l’heure, ce sont des paroles. L’hiver est là, des milliers de personnes sont à la rue, et rien ne se passe. Les services de Mme Dufflot ont paraît-il identifiés 44 immeubles inhabités. Mais la presse peine à obtenir la liste précise de ces bâtiments.
Hier, donc, notre occupation du 5 rue Erard avait essentiellement la volonté symbolique d’attirer le regard des pouvoirs publics et de nos concitoyens sur la réalité concrète du problème du mal logement et des habitations vides. Comme élu du Parti de Gauche au Conseil de Paris et Premier adjoint du 12e arrondissement, j’ai jugé logique d’être toute la journée aux cotés de Jean-Baptiste Eyraud et des familles qui occupaient ce bâtiment. Ces gens d’une grande dignité ne demandent que l’application de la loi de réquisition. Oui, ils demandent l’application de la loi. Est-ce trop dans notre pays ? Alors, pourquoi les forces de police interviennent-elles aussi rapidement ? Qui leur demande un tel zèle ? En vertu de quelle loi ? Je répète que dans le cas présent les propriétaires n’ont pu être joint et n’ont demandé aucune expulsion. Il est temps que les vieilles habitudes de la préfecture de Police cesse. Eux non plus n’ont manifestement pas l’impression qu’il y a eu un changement de gouvernement il y a 6 mois.
Durant l’après-midi, avec Jean-Baptiste Eyraud, mégaphone à la main, nous avons pris plusieurs fois la parole des fenêtres du bâtiment pour informer la population du quartier. Plusieurs personnes ont applaudi des fenêtres d’en face. Beaucoup de militants associatifs, du PG, du Front de Gauche, de la Ligue des Droits de l’Homme, de Jeudi Noir, du DAL et aussi des élus PS sont venus se regrouper devant ce bâtiment en solidarité avec notre action. Plusieurs ont répondu aux différents médias. Je pense notamment à ma camarade Margaux des Jeudi Noir ou Clément Bony, secrétaire du Comité PG du 12e. Le Chef de cabinet du Premier Ministre est même venu en fin de journée constater par lui-même la situation et l’état du bâtiment. La Mairie du 12e a également demandé que ce bâtiment soit ajouté à la liste des bâtiments à réquisitionner par la Ministre..
Désormais, plus personne ne pourra dire qu’il ignore la réalité de la rue Erard. Le Parti de Gauche restera très vigilant sur l’évolution de ce dossier. Nous interviendrons à ce sujet au prochain Conseil de Paris. Les militants et les familles, considérant qu’ils avaient obtenu des avancées utiles pour ce combat, ont momentanément quittaient les lieux dans la soirée. Affaire à suivre…
Voici le communiqué que le DAL avait publié dans l’après midi.
5 rue Erard, Paris 12e : la police installe le siège
Les CRS ont pris position vers 13h30 devant l’immeuble réquisitionné par DAL et jeudi Noir depuis dimanche matin, 30 décembre.
Comme avenue de Matignon (réquisitionné par jeudi noir sous Sarkozy), et à de nombreuses autres occasions, la stratégie policière consiste à bloquer les accès en attendant d’avoir un hypothétique demande d’expulsion formée par le propriétaire des lieux.
Nous demandons aux pouvoirs publics de faire cesser cette opération de police, de lancer une procédure de réquisition et en attendant qu’elle aboutisse, de laisser les galériens du logement, les prioritaires DALO non relogés, et les sans logis en grande précarité qui occupent actuellement l’immeuble, s’installer et aménager les lieux.