Haribo • Pas beau la vie quand on est syndiqué !
Une forme de management spéciale des entreprises
Ou comment mettre la pression sur l’ensemble des salariés d’une entreprise.
A Uzès, chez HARIBO, alors que l’usine est fermée et la production arrêtée durant les vacances de Noël, les représentants au Comité d’Entreprise étaient convoqués par la direction pour se prononcer sur le licenciement de Jean-Christophe JOLBERT, 43 ans, employé à l’usine d’Uzès depuis 2005 et élu CGT depuis le printemps au Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT). Ce dernier est mis à pied depuis le 6 décembre et n’a donc plus droit à son salaire. Les faits qui lui sont reprochés se seraient produits, selon la direction, il y a de 18 à 9 mois : vol et destruction de bonbons, vol de 2 kg de sucre dans un emballage d’une tonne, ralentissement de la production. La direction aurait eu connaissance des faits sur dénonciation d’employés il y a 2 mois. Il est bien entendu que les identités de ces employés ne sont pas dévoilées. La direction a décidé de la mise à pied conservatoire de Jean-Christophe comme si des faits reprochés remontants à il y a plusieurs mois présentaient des risques pour la bonne marche de l’entreprise.
Nous étions donc un certain nombre (80), à porter notre soutient à Jean-Christophe ce vendredi 28 Décembre 2012 devant l’usine.
Rappelons le contexte de l’affaire :
L’usine HARIBO d’Uzès emploie de manière régulière 60 employés en Contrat à Durée Déterminée et 360 salariés soit 20% des effectifs.
Au printemps, il y a eu l’élection de Jean-Christophe au CHSCT. Ce dernier, depuis, prend sa nouvelle tâche à cœur et pose des problèmes à la direction de l’usine.
Au printemps, il y a aussi eu les élections présidentielles et législatives et les campagnes qui les ont précédées et ont eu pour effet de faire redresser la tête à bien des ouvriers et employés.
Depuis le printemps, chez HARIBO UZES, un mouvement des jeunes salariés vers la représentation syndicale s’est produit.
La direction de l’usine, bien au fait de ce qui se passe dans ses ateliers, a bien dû se demander comment faire pour calmer ces nouvelles ardeurs.
Quoi de mieux pour cela que de faire un exemple pour rappeler la subordination des salariés aux employeurs. Quoi de mieux que de s’attaquer à un syndiqué élu pour montrer qu’il n’y a pas de sécurité malgré la protection de la loi. Quoi de mieux que de s’attaquer à un élu récent, jeune, marié et père de famille pour rogner les ailes aux éventuels velléitaires.
La direction de l’usine d’Uzès sait très certainement que les éléments qu’elle présente pour obtenir le licenciement de Jean-Christophe ne sont pas convaincants. Elle doit bien aussi savoir que l’Inspecteur du Travail se prononcera très certainement contre le licenciement puisque les faits reprochés ne sont pas avérés et reposent sur les accusations de personnel en position de subordination par rapport à l’employeur. Il n’empêche, que par cette action, elle crée un cordon autour de Jean-Christophe avec la grande majorité des autres salariés de l’usine.
Les femmes et les hommes qui prennent des engagements syndicaux ne sont pas des héros. Ce sont des gens qui veulent se comporter en citoyens responsables et défenseurs du bien commun. Ils pensent qu’ils sont protégés par les lois de la République. Mais sont-elles suffisantes ?
Qui souhaiterait se trouver à la place de Jean-Christophe, père de famille, sans salaire depuis le 6 décembre ? Qui ne s’imagine à sa place en le voyant, avec sa femme et ses enfants ce vendredi matin? Savait-il qu’en choisissant de représenter ses camarades de travail au CHSCT au printemps dernier, il se retrouverait dans cette situation à Noël ? Quel impact va avoir la mise au banc de Jean-Christophe par la direction sur les salariés de l’usine ? Quel impact sur les plus jeunes ? Quel impact sur la détermination de Jean-Christophe au CHSCT même s’il reste dans l’entreprise ?
La direction de cette usine, les patrons de cette entreprise font le pari que les têtes vont s’incliner et les épaules se voûter. Les syndicats patronaux veulent avoir la possibilité d’user et d’abuser de ce pouvoir. Tout cela, les politiques et les gouvernants ne peuvent, ne doivent l’ignorer. C’est pourquoi, il est inacceptable que sous prétexte de compétitivité, le gouvernement (dit socialiste) pousse les syndicats à s’entendre avec le CNPF pour augmenter la flexibilité, donc, l’insécurité des salariés. C’est pourquoi il est inacceptable que le Chef de l’Etat se soit prononcé sur la primauté des accords de branche sur la loi.
Déjà, malgré les lois, il continue d’exister des rapports de force. Le seul moyen pour les petits poissons de ne pas se faire dévorer par les gros est de s’unir. Il est impératif que les collègues de travail de Jean-Christophe se montrent solidaires afin qu’il ne soit pas obligé de se comporter en héro. Ou de laisser tomber la bataille parce qu’insuffisamment soutenu.
Le Parti de Gauche apporte son soutien à ce délégué syndical, ses collègues, et nous sommes à leur disposition pour les aider dans leur lutte.