Parti de Gauche du Gard (30) • Formation: La transition énergétique
Le PG du Gard organisait une après-midi de formation sur la transition énergétique le 9 février dernier à Alès. Compte-rendu.
Le débat avait commencé lors de notre AG départementale et méritait des approfondissements. Où en est-on sur les Gaz de Schistes, sur le Nucléaire, sur les choix énergétiques d’avenir ? Franche réussite pour ces premières formations du Parti de Gauche de 2013 sur la transition énergétique ; nous étions une soixantaine, du PG, mais pas seulement, des camarades du PCF, de la GA, d’EELV quelques syndicalistes et sympathisants du FdG nous ont également rejoints.
Quelles énergies pour demain ? L’enjeu est mondial ; les matières carbonées se tarissent et contribuent toujours plus à fragiliser l’écosystème par le réchauffement climatique, des populations entières seront tôt ou tard condamnées à quitter le bord des côtes ou les terres devenues arides pour des lieux plus propices à la survie, la catastrophe de Fukushima nous rappelle froidement que manipuler l’atome n’est pas chose anodine, l’indépendance et l’autonomie énergétiques sont au cœur des conflits géopolitiques, la maitrise de l’énergie est la clé du développement des États, c’est une course qui doit être gagnée à n’importe quel prix, et quel prix…
C’est un défi mondial, mais qui concerne spécifiquement la France. Nous produisions en 2004, 79 % de notre électricité grâce à l’énergie nucléaire ; nous sommes en période de crise économique et notre balance commerciale est sévèrement meurtrie par des importations de gaz et de pétrole dont les coûts ne cessent de subir les déséquilibres mondiaux. Le Japon hésite dans son modèle, les États Unis pulvérisent leurs sous-sols pour en extraire le sacro-saint gaz, tandis que les Allemands abandonnent le nucléaire au profit de centrales thermiques. Quels choix ferons-nous en France ? C’est la question ; force est de constater que le débat lancé par le PS ne semble pas s’animer d’un grand enthousiasme dans leurs rangs ou au sein du gouvernement. Rappelons qu’une ministre de l’écologie a déjà sauté pour avoir cherché à ralentir Shell dans sa prospection au large de la Guyane, qu’après avoir dit non au Gaz de Schiste, la question revient par le ministère du redressement productif et que le Chef de l’État reste ouvert à une technologie qui pourrait extraire « proprement » de l’huile et des gaz emprisonnés dans de la roche à 4km sous terre. Rappelons encore que Fessenheim, promise à la fermeture, pourrait y échapper tant le dossier qui permettrait juridiquement l’arrêt de la centrale serait difficile à monter, sans compter les indemnités colossales que pourrait exiger EDF pour le manque à gagner…
Ne laissons pas les experts et les lobbies confisquer la décision de nos choix énergétiques d’avenir. Ces choix n’entrainerons pas que des conséquences écologiques, il y aura des répercussions sociales, nous en sommes convaincus au PG, une politique progressiste sera écosocialiste ou ne sera pas.
Les Gaz de Schiste
Concernant les Gaz de Schiste, c’est une évidence, il n’y a pas d’avenir à brûler toujours plus de produits carbonés. Sylvain Pistre, Professeur d’Hydrogéologie à Université de Montpellier, Expert à la Commission Européenne (sur l’impact de l’exploitation des gaz de schistes sur la ressource en eau), fort de son voyage à Dimock aux États Unis, témoigne du déploiement colossal de l’industrie pétrolière pour exploiter la ressource. Ce même Dimock qui sert de décor au glaçant Gasland de Josh Fox, documentaire où l’on y découvre la fameuse « zone rouge », comprenez un puits de forage tous les 400 mètres.
Quel que soit le vocabulaire utilisé, fracking, fracturation hydraulique, ou encore stimulation de la roche mère, le procédé consiste à pulvériser les roches profondes horizontalement sur des kilomètres à l’aide de milliers de mètres cubes d’eau sous haute pression augmentés d’une quantité incalculable de produits chimiques pour libérer de micro bulles d’huiles et de gaz de schistes. Les risques sont majeurs, principalement la contamination de l’eau potable par les produits chimiques injectés pour la stimulation, mais également la pollution générée par l’exploitation.
Quotidiennement, des centaines de camions parcourent les routes pour alimenter en eau le processus de fracturation ; des dizaines de milliers de mètres cubes d’eau sont pompés pour l’opération ; la dépollution des eaux de fracking est dans un quart possible, un autre quart difficile et pour les deux derniers, impossibles. On ne connaît pas de technique propre pour extraire ces ressources, quand bien même elle existerait, nous serions à nouveau confrontés aux problèmes des gaz à effet de serre. Ce n’est assurément pas un choix d’avenir. Les Gaz de Schiste, ce n’est ni ici, ni ailleurs, ni maintenant, ni jamais.
Le nucléaire
Dans le nucléaire, ce qui frappe, ce sont les chiffres. En France, 35 tonnes d’uranium de retraitement enrichi sont produites par an, 5 kilos suffisent à faire une bombe atomique, 0,7 microgrammes (millionièmes de gramme) à tuer un homme, 350 grammes « correctement » disséminés sur le territoire européen mettraient fin à la vie de 500 millions d’individus. Pas moins de 5000 siècles seraient nécessaires pour faire disparaître la radioactivité des déchets nucléaires. Effrayant non ?
Alors que nous promet ce fameux projet ASTRID ? Principalement des dépenses colossales pour les décennies à venir. Successeur de Phoenix et Superphoenix, il s’agit d’un réacteur à neutrons rapides qui utiliserait les déchets de l’industrie nucléaire classique. De dire d’expert, on est très loin du compte, et cela risque de coûter encore beaucoup, et longtemps… Qu’en est-il d’ITER ? Un monstre technologique lui aussi extrêmement couteux, dont l’objectif serait de maîtriser la fusion nucléaire : l’énergie qui fait marcher le soleil. « On ne peut pas maitriser le nucléaire » nous dit Annie Péguin, professeure de physique-chimie à la retraite, c’est intrinsèque à la matière radioactive, elle est instable. On ne maîtrise pas non plus la dispersion des déchets radioactifs. Anecdote troublante, chaque année est comptabilisé le nombre de kilos de matériaux radioactif qui passe entre les mains des techniciens dans les « boîtes à gants », ces récipients translucides et « hermétiques » munis de gants pour permettre la manipulation ; ce sont 8 kilos qui auraient disparu des écrans radars… À l’écoute de Didier Glatigny, d’Annie et Pierre Péguin, tous militants antinucléaires, c’est une évidence, il faut arrêter le nucléaire, immédiatement. Mais aussitôt dans la salle, le débat s’anime autour de la question de l’emploi. L’argument des antinucléaires est convaincant, il y a autant, si ce n’est plus d’emplois à créer dans le démantèlement et dans la maintenance que dans l’exploitation du nucléaire, « jetez donc un œil au projet Négawatt ». Qu’en sera-t-il du moral des troupes d’une industrie, fleuron de l’histoire française, à qui l’on dirait qu’il faut démonter des années d’efforts, parce que toute cette filière est en réalité nocive pour la santé ? Il peut y avoir de la fierté à faire le ménage et protéger les populations d’un danger qu’on n’a que trop gravement négligé. La « chair à REM » (unité d’équivalent de dose de radiation), voilà comment certains agents du CEA et d’EDF qualifient les sous-traitants précaires qui ont à faire directement à la radioactivité. La situation empire avec la privatisation, le risque est grandissant et la menace d’incident grave est largement sous-évaluée par les populations.
Un mot effroyable que l’on retient de ces deux débats sur les Gaz de Schistes et l’industrie Nucléaire : l’acceptabilité sociale ; ou jusqu’à quel point la masse est en mesure de passer sur le risque de danger mortel. Chaque jour, des agences de communication, des cabinets d’experts, des médias, des lobbies œuvrent pour améliorer le taux d’acceptabilité sociale et faire reculer dans les esprits des citoyens que nous sommes la défiance d’une technologie qu’on ne maîtrise que très partiellement et dont les conséquences peuvent empoisonner la vie des générations futures. Si un accident nucléaire majeur survenait en France, il coûterait à l’État plus de 430 milliards d’euros, soit près d’un quart de toute la richesse produite par le pays en une année, sans compter l’ampleur des dégâts sanitaires que cela engendrerait.
Quelles alternatives ?
La quantité colossale d’argent public dédié à la mise en œuvre de ces non-solutions énergétiques annihile toute possibilité d’envisager des alternatives. Et pourtant, il n’en manque pas ! À commencer par la possibilité de réaliser des constructions autonomes à énergie positive, isolées, utilisant des ressources passives et gratuites, telles que le solaire ou la géothermie peu profonde ; on pense encore à l’énergie marémotrice, l’éolien off shore ou à très haute altitude, la géothermie profonde ; il serait également possible de tisser tous ces systèmes en réseau pour pallier aux aléas du climat ; on pourrait enfin employer l’intelligence et les budgets pour élaborer des systèmes de stockage de l’énergie. Mais rien, rien de tout cela n’est évoqué, envisagé et encore moins débattu.
Pourtant, ces choix énergétiques entraineront des conséquences sociales, les coûts du gaz, du pétrole, de l’électricité et de l’eau potable vont continuer d’augmenter, de plus en plus de familles se verront coupé leurs accès, et c’est inacceptable. À contrario, des choix radicaux, d’avenir et de bon sens contribueront à diminuer la pression sociale sur le coût de l’énergie, à quand des habitations à loyers modérés bâties sous le mode des énergies positives ? Payer moins de chauffage, c’est autant de pouvoir d’achat en plus pour les familles.
Définitivement, à l’issue de cette journée résonnent ensemble les mots Écologie, République et Socialisme. L’écosocialisme est une pensée d’avenir et elle s’oppose radicalement à la molle velléité sociale libérale d’amortir les effets catastrophiques que nous promettent ces solutions dangereuses. Sortir d’une logique productiviste, de court terme et suiviste, pour oser l’intelligence, faire la planification écologique sur le long terme et remettre le citoyen au cœur de la décision, c’est notre engagement au Parti de Gauche pour soutenir un objectif social et solidaire, encourager un développement véritablement durable.
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