Taylor, l’arbre utile qui cache la forêt libérale
La lettre insultante du PDG de Titan, méritait des réponses. Ainsi d’apprendre que le Ministre du redressement productif avait répondu vertement et par écrit au titanesque PDG pouvait nous réjouir. Enfin un ministre de ce gouvernement qui sait que la lutte des classes existe ? La lettre débute bien. Rappeler la « qualité et la productivité de la main d’œuvre française, l’engagement, le savoir faire et le talent et les compétences de travailleurs français » est un antidote salutaire contre ceux qui, derrière Taylor, entonnent la petite musique d’un peuple fainéant.
Dommage qu’Arnaud Montebourg s’arrête en si bon chemin. Sa logique aurait du l’amener à opposer sa fermeté à tous ceux qui, à l’instar de M. Taylor ou du MEDEF, prennent les salariés pour des variables d’ajustement. Mais voilà qu’il se sent obligé de promouvoir également le pacte de compétitivité, dont l’allègement de 6% des « coûts salariaux » (sic) grâce au crédit d’impôt sur la compétitivité et l’emploi, et surtout l’accord Made in Medef (ANI) ! Voilà donc qu’au final, au détour d’une lettre a priori ferme, Arnaud Montebourg défend non seulement la politique libérale de l’offre mais aussi un texte de régression sociale dont justement les salariés d’entreprises comme Goodyear ou Renault refusent l’application anticipée ! M. Taylor mérite certes notre mépris, mais n’en faisons pas l’arbre qui cache la forêt. N’oublions pas l’essentiel : l’accord Made in Medef ne doit pas passer au Parlement. Ce serait signer l’abandon de tou-te-s les salarié-e-s que M. Montebourg entend défendre.