Non au gouvernement Parisot !
Le 5 mars nous serons dans la rue pour empêcher le MEDEF de faire la loi. Tout renforce cette ardente nécessité. Les droits des salariés, bien sûr. Si le travail était soumis au libre jeu des rapports de force sur le marché, ceux-ci passeraient à la moulinette. Avec la lutte ouvrière, la loi est la seule limite à l’exploitation. Dès l’origine, le mouvement ouvrier veut restreindre par la loi le pouvoir de propriété capitaliste. Quelle rude bataille ! La journée de 8 heures, réclamée dès 1817, est inscrite dans la loi française 102 ans plus tard. Revoilà Zola ! ricanent déjà les néolibéraux piliers de comptoirs médiatiques. Mais les mêmes soulignent l’âpreté de la concurrence mondiale. Celle-ci pousse à raboter tout ce qui entrave le profit du capital. Il faut donc protéger les travailleurs. Avec plus de 90% de salariés dans la population active, jamais la vie d’autant de nos concitoyens n’en a dépendu. Oui, la vie ! Faut-il rappeler combien de suicides la mobilité forcée que l’accord made in MEDEF veut généraliser à tous les salariés du privé a causés à France Télécom ?
L’enjeu est aussi économique. La réponse du patronat à la crise actuelle est connue : licenciements, intensification du travail, gel voire baisse des salaires. Il ne s’agit pas de préférence morale mais de la voie à laquelle conduisent les injonctions des actionnaires et le dumping social du libre-échange. Or l’addition des comportements individuels des chefs d’entreprise conduit à une catastrophe collective : la précarité et la baisse des salaires nourrissent récession, chômage de masse et crise environnementale. Il faut donner au contraire du pouvoir aux salariés pour faire bifurquer notre modèle de production vers une économie respectueuse des besoins humains, au premier rang desquels l’écosystème. Il faut des droits effectifs (sécurisation de l’emploi, information en amont et avis conforme sur les décisions stratégiques des entreprises…) pour enrayer la domination des actionnaires, définanciariser les entreprises afin d’en finir avec le court-termisme et les exigences de rentabilité exorbitantes, combattre les fraudes et défendre la sécurité sanitaire. Parce qu’il s’agit d’une question d’intérêt général, le droit du travail doit bien relever de la loi.
Le bras de fer engagé est pluriséculaire. Déjà Jaurès définissait le socialisme comme l’achèvement d’une Révolution qui « a fait du Français un roi dans la cité et l’a laissé serf dans l’entreprise ». C’est une lutte pour le pouvoir. Donc une lutte politique. La manière insultante dont le patron de Titan s’adresse à un ministre de la République, l’appui donné par l’agence de notation S&P à l’accord made in Medef (personne ne lui a reproché d’empiéter sur la démocratie sociale !), le grossier acharnement de Parisot à ce que le Parlement abdique sa souveraineté ne sont pas anecdotiques. Quand le candidat Hollande avait publié une tribune réclamant que le résultat de la négociation sociale s’impose au législateur, Madelin l’avait salué en notant que : « la refondation sociale ouvre le chantier d’une refondation juridique plus vaste qui touche à la nature du pouvoir et au rôle de la loi. » Il voyait juste. Cet accord n’est pas seulement antisocial, il est aussi antirépublicain. C’est une pièce du coup d’état financier avec lequel le grand patronat veut étendre son empire. Si l’accord made in MEDEF devenait la loi, il faudrait paraphraser le Hollande du Bourget : Parisot ne présentera jamais sa candidature, elle ne sera donc pas élue, et pourtant elle gouverne.