Mémoire des Luttes • L’Europe et la gauche à l’heure de vérité

 Observer l’Italie aujourd’hui, c’est comprendre l’Europe de demain. Les enseignements des élections générales des 24 et 25 février sont en effet édifiants.

Oui, la Péninsule, comme bien d’autres pays du Vieux Continent, connaît une crise économique, sociale et politique profonde que les médias ne se lassent plus de commenter depuis des mois.

Non, elle n’est pas le fruit d’une « malédiction » à l’italienne dont les racines plongeraient dans la psychologie singulière d’un peuple toujours prompt à lorgner du côté de solutions « populistes » ou « autoritaires ».

Et non, les électeurs italiens ne se sont pas laissé envoûter par un charmeur de serpents. La situation politique et sociale de ce pays, bien au contraire, évolue sur le chemin d’une rationalité implacable.

L’écrivain Curzio Malaparte s’est régulièrement interrogé, au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, dont il fut un acteur/observateur de premier plan, sur l’effondrement de l’Europe. Et de se demander : « La question me hante de savoir pourquoi et comment les sociétés pourrissent, si elles pourrissent d’elles-mêmes, ou sous la pression d’une force extérieure, d’une poussée sociale contre laquelle elles n’ont plus d’autres défenses que de pourrir » [1].

Frappante et inquiétante modernité du propos. Il y a bien des choses pourries dans la vie politique intérieure de l’Italie. La corruption. Celle-ci, quasiment institutionnalisée, est intrinsèquement liée à l’histoire de l’Etat italien, comme il en va de la mafia. Une nouvelle fois, des scandales politico-financiers de grande ampleur sont régulièrement venus émailler la campagne électorale. Ils ont touché le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et l’Italie des valeurs (IdV) de l’ancien juge anticorruption Antonio Di Pietro dans plusieurs régions (Latium, Lombardie, etc.). A ceux-ci s’est ajoutée la révélation, quelques jours avant le vote, de l’affaire des pots-de-vin du groupe d’aéronautique et de défense Finmeccanica dans la vente d’hélicoptères à l’Inde.

Mais c’est bien le scandale de la Banca Monte dei Paschi di Siena, troisième banque du pays, et considérée comme étant la plus vieille du monde, qui a rythmé la séquence électorale … et fait le miel de Silvio Berlusconi et de Beppe Grillo.

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