Les marées citoyennes déferlent sur le Portugal!


Portugal_dessin Après environ deux années d’austérité imposées par la Troïka (Banque Centrale Européenne, Commission Européenne et FMI), d’abord avec un gouvernement socialiste et maintenant avec un gouvernement d’union des droites, la situation sociale est devenue catastrophique.

En ce mois de Mars, le chômage est à 22,5% officiellement, dont 40% de jeunes. La précarité touche 54% de la population active, et environ 100 à 200 000 personnes ont émigré depuis 2011(données officielles) pour un pays de 10,5 millions d’habitants. Les réductions de jours de congés, de salaires et des retraites ont stoppé la consommation et accéléré la crise. Les coupes budgétaires dans les services publics, comme le licenciement massif d’enseignants, les privatisations et licenciements massifs dans les secteurs de l’énergie, et les transports, les rendent indigents. Ils sont dépecés et laissés à l’abandon. Conséquence: la mortalité est en hausse et l’espérance de vie baisse.
Pendant ce temps les nantis se gavent. L’oligarchie regroupant les grands patrons et hommes politiques socialistes ou de droite continue de renflouer des banques privées avec l’argent du peuple, continuent de se doter de revenus déments , de s’accorder des parachutes dorés et de jouer aux chaises musicales passant du métier de politique à chef d’entreprise.

Depuis 2011, les luttes sociales grandissent dans le pays. Le 12 mars 2011, un collectif de citoyen-ne-s lança « La génération qui vit à l’arrache » et plus de 300 000 personnes descendirent dans les rues. Depuis, les mémorandums de la Troïka et des gouvernements complices se multiplient et aggravent la crise. Les syndicats de la CGTP ont organisé deux grandes grèves générales en 2012 qui ont rassemblées plusieurs centaines de personnes, et les collectifs citoyens se sont multipliés. Entre temps les collectifs citoyens organisent des assemblées citoyennes d’explication, de dénonciation de l’arnaque des gouvernants et de création de politiques alternatives à l’austérité (Nous ne paierons pas leur dette, etc.). Une des initiatives les plus remarquées est la seconde loi d’initiative populaire contre la précarité qui a reçu le nombre de signatures nécessaire pour être présentée à l’Assemblée de la République. Cette Loi, soutenue par toute l’Autre Gauche (Verts, PCP, Bloco de Esquerda), a été renvoyée en commission par les droites et le PS (qui a finalement annoncé qu’il la voterait « sûrement » in fine).

Le travail d’éducation populaire des collectifs citoyens et des syndicats a été fructueux. Le meilleur exemple en est la rédaction de la Loi d’initiative populaire contre la précarité avec les gens dans les rues et les places du pays, lors de réunions dans les quartiers. Le niveau de conscience politique a progressé. Aujourd’hui, ces mouvements militent conjointement de façon croissante comme lors des grèves et les manifestations contre le Budget d’austérité 2013 de l’Etat organisées durant tout l’automne et l’hiver. Devant la force du ras-le-bol populaire, le Président de la République (de droite), a attendu le dernier moment pour valider le budget.

Le 15 septembre 2012, le collectif citoyen « Que se lixe a Troika! » (Que la Troïka aille se faire voir/foutre!) avait lancé une manifestation qui avait rassemblé plus d’un million de personne. Ce 2 Mars, il avait appelé à une nouvelle manifestation contre l’austérité, pour la démission du gouvernement et une politique alternative.
L’appel a été largement soutenu et relayé part les marées citoyennes qui, à l’instar des marées du même nom en Espagne, se multiplient au Portugal. « Marée de l’éducation » (en défense de l’école publique et de la qualité de l’enseignement), « Marée blanche pour la santé » (des personnels de la santé et de citoyens réclamant une santé publique de qualité), la « Marée des Retraités » (pour une retraite digne), « Marée pour la Culture », « Marée arc-en-ciel » (contre les discriminations homophobes)… Ces marées citoyennes se sont toutes rejointes pour déferler dans plus de 40 villes dans tout le pays. Etaient aussi présents la CGTP (principal syndicat portugais), les collectifs de précaires, tous les partis politiques de l’autre gauche (PCP, les Verts, le MAS, le PCTP-MRPP et le Bloco de Esquerda).
Au total, ce sont plus d’1,5 million de citoyen-ne-s portugais-e-s qui ont marché dans le rues et chanter à plein poumon « Grândola Vila Morena », l’hymne de la Révolution des Œillets, ode à la liberté et à l’égalité citoyenne, (http://www.youtube.com/watch?v=gaLWqy4e7ls&feature=youtube_gdata_player ) à chaque sortie publique d’un-e ministre ou autre membre du gouvernement.
Les camarades du Front de Gauche Portugal étaient présents aux côtés des camarades du Bloc de Gauche dans cette incroyable mobilisation citoyenne.
O povo é quem mais ordena !

Le texte ’Que se lixe a troika !communiqué le 27 février 2013
Ces derniers jours, des centaines de personnes a rappelé au gouvernement qu’en démocratie « c’est le peuple qui est le souverain ». Passos Coelho, Vítor Gaspar et Miguel Relvas, vous devez savoir que vous ne pouvez pas gouverner contre le peuple. L’exécutif du PSD / CDS a bien servi la troïka, mais n’a pas servi la population qui vit et travaille au Portugal. N’a aucune légitimité démocratique un gouvernement qui a été élu en promettant de ne pas augmenter les impôts, de ne pas couper dans les jours de congés de Noël, de ne pas licencier pas d’agents des services publics, ou de ne pas prendre d’argent aux retraités, et qu’une fois élu a fait tout ce qu’il garantissait de ne pas faire. Ce gouvernement est celui qui a pris l’argent aux retraités, au lieu de blâmer qui a volé la BPN (Banque Portugaise du Négoce), qui a préféré donner des milliards aux banquiers, au lieu d’investir dans la création d’emplois. Il a réduit les salaires et les allocations de ceux qui travaillent, au lieu de couper les profits des prêteurs gavés qui ont profité des partenariats public-privé. Ce gouvernement ne veut pas entendre Grândola Vila Morena, car pour lui les paroles d’une chanson ne peut contenir ni les mots égalité ni celui de fraternité. C’est l’exécutif de ceux qui chantent la marche funèbre des Portugais, qui ne cessent de crier que c’est la troïka qui ordonne. Au moment où les seigneurs de la troïka vont passer par la porte de la septième évaluation du Mémorandum, il est nécessaire pour les personnes vivant au Portugal de faire face et répondre à ces messieurs avec une évaluation de ce que le gouvernement et eux-mêmes ont fait. En 2011, il y avait 12,7% de chômeurs. A la fin de 2013, il est prévu que ce nombre atteigne 17,5%. A ce moment, le taux de chômage réel, car il y a des milliers de personnes qui ne rentrent pas dans les statistiques, aura déjà dépassé les 25%. Plus de 1.500.000 portugais n’auront pas de travail. La dette publique était de 108% en 2011. En 2013 elle dépassera les 122%.Il n’y a pas de mois où les salaires et les pensions ne diminuent pas. Beaucoup ont déjà perdu plus de 20% de leur revenu. Il y a des milliers de personnes qui ont perdu leur maison. Depuis que la troïka e st arrivée au Portugal, le Produit National Brut a chuté d’environ 7% et chaque année des milliers d’entreprises ferment. La chute du PIB pour 2013 sera le double de ce que le gouvernement avait prévu. Le Ministère des Finances, pour couvrir le trou que lui-même a créé, parle déjà de prendre environ 1200 millions dans les poches des Portugais. Une horloge arrêtée donne mieux l’heure plus souvent que le gouvernement de Vítor Gaspar ne réussit dans ses prévisions économiques. La politique du gouvernement et de la troïka ne nous conduit que dans l’abîme. Il est arrivé le temps de dire au gouvernement et à la troïka que C’EST LE PEUPLE QUI EST SOUVERAIN. Nous invitons tous les hommes et toutes les femmes vivant au Portugal à se rendre dans les rues le 2 mars et dire que ce pays est le leur, et que leur avenir est entre nos mains. Que, pour vaincre la crise où nous ont conduit les gouvernements incompétents et les magouilles obscures d’un très petit nombre, nous devons donner la parole au peuple, et qu’en démocratie C’EST LE PEUPLE QUI GOUVERNE. LE 2 MARS, NOUS ALLONS METTRE DANS LES MAINS DE TOUS NOTRE FUTUR ET ALLONS SORTIR DANS LES RUES DE PLUS DE 40 VILLES, AU PORTUGAL COMME À L’ETRANGER.

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Le texte de « Que se lixe a troika! » qui fut lu en fin de manifestation le 2 Mars:

Cette Motion de Censure Populaire exprime la volonté d’un peuple qui veut prendre le présent et le futur entre ses mains. En démocratie, le peuple est le souverain.

Les différences composantes de la Troïka ne nous représentent pas. Ce gouvernement ne nous représente pas.
Ce gouvernement est illégitime. Il a été élu sur la base de promesses qu’il n’a pas mis en oeuvre. Il a promis que les impôts n’augmenteraient pas, mais il les a augmentés à des niveaux insupportables. Il a garanti qu’il n’extorquerait pas les retraites ni ne couperait dans les revenus de ceux qui travaillent, mais il n’y a pas un jour sans qu’il ne vole plus d’argent aux travailleurs et retraités. Il a juré qu’il ne licencierait pas de fonctionnaires ni n’augmenterait le chômage, mais à chaque heure qui passe il y a plus de personnes sans travail.

Cette Motion de Censure est l’expression de l’isolement du gouvernement. Il peut cuisiner des lois et des coupes avec les banques et sa majorité parlementaire. Le Président de la République peut aussi tout approuver, même si la Constitution est pervertie alors qu’il a juré de la mettre en défendre. Mais ce gouvernement n’a plus de légitimité. Il a contre lui la population, qui exige, comme point de départ, la démission du gouvernement, la fin de l’austérité et de la domination de la Troïka sur le peuple seul souverain.

Que le peuple prenne la parole! Parce que le gouvernement ne peut arriver à se passer du peuple, mais celui-ci peut et arrive à faire démissionner le gouvernement. Il n’y a pas de gouvernement qui puisse survive à l’opposition da population.

Cette Motion de Censure Populaire est le cri d’un peuple qui exige de participer. C’est l’affirmation publique d’une volonté croissante du peuple de prendre en main la conduite du pays, renversant un pouvoir corrompu qui s’accroche depuis plusieurs gouvernements.

Ce jour du 2 mars, à travers tout le pays et dans de nombreuses villes à travers le monde, sous le slogan « Que la troika aille se faire foutre! Le peuple est le souverain », le peuple a manifesté sa volonté claire de rupture avec les politiques imposées par la Troïka mises en place par ce gouvernement.

Basta! De fait, vous bêtes démis. Que le peuple gouverne!
Basta! Obviamente, estão demitidos. Que o povo ordene!

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