Forêts, • Soutien aux opposants au projet ERSCIA, fausse solution et vraie menace pour la transition énergétique
Le Parti de Gauche soutient les opposants au projet Erscia et les personnes engagées dans la ZAD du bois du Tronçay. Depuis le 4 février, des centaines de citoyens sont mobilisés pour dire non à ce projet anti écologique et coûteux. Fruit d’intérêts financiers, celui-ci ne prend pas en compte l’équilibre écologique et économique de la région.
Erscia est un danger pour la biodiversité. Par sa taille, il ne tient pas compte des fragiles équilibres de l’écosystème. Outre le fait qu’il propulserait des centaines de camions par jour sur une départementale, qu’il déverserait des polluants aux portes d’un parc naturel, le projet Erscia est surtout un danger pour l’équilibre de la forêt du Morvan. En effet, il prévoit de consommer plus de 700 000 m3 de bois par an soit 3 hectares par jour ou l’équivalent de 1 250 terrains de foot par an ! De plus, le Morvan est une forêt de feuillus. Cela ne correspond donc pas au tout-résineux qu’impose le projet Erscia et met en danger l’équilibre de la forêt et sa biodiversité. Le projet conduirait à court terme au lessivage des sols après les coupes à blanc ainsi qu’à l’accroissement de l’effet de serre, les jeunes plantations n’absorbant pas le CO2 comme les rotations longues, et à l’appauvrissement du sol du Morvan déjà très acide. Cela n’est pas acceptable.
ERSCIA est également un danger pour la filière bois locale. La région de la Nièvre est déjà pourvue en scieries. Dans un rayon d¹une cinquantaine de kilomètres existent trois grandes scieries, dont une, ouverte en 2011, a bénéficié de fonds publics. Le projet ERSCIA est une menace pour toutes ces entreprises à taille humaine déjà implantées localement.
Cette scierie est enfin un bien mauvais choix stratégique, à l’heure où la transition énergétique recommande de relocaliser l’activité et de privilégier les circuits courts. En effet, ce projet prévoit la production de combustibles provenant de la sciure de bois pour la consommation… belge ! Pire encore, cette production sera ensuite vendue par la Belgique à la Chine ! Et une fois transformés à l’autre bout du monde, ces produits reviendront ici concurrencer la filière bois artisanale française déjà mise à mal par la mondialisation.
Non, décidément, malgré notre attachement aux énergies renouvelables, à la biomasse et au développement de la filière bois, ou plutôt en raison même de cet attachement, nous ne pouvons que soutenir les opposants à ce projet insensé. Contrairement à la préfecture et à certains élus tel le député PS Christian Paul, qui cherchent à imposer ce projet porté par le patron du Medef de Bourgogne. Les tronçonneuses ont été envoyées il y a un mois, passant outre le fait que les deux premiers arrêtés de la préfecture avaient été suspendus par le tribunal administratif. Le défrichement n’a pu être interrompu que grâce à l’opiniâtreté des riverains et des associations à qui la justice a, pour la troisième fois, donné raison.
Le Parti de Gauche soutient donc le combat de toutes celles et ceux qui se sont regroupés dans le bois du Tronçay pour dire non au projet ERSCIA. Il est écologiquement et économiquement nuisible, et qui plus est imposé. L’argent public devrait plutôt servir à soutenir des projets tel que le projet Lucy, qui prévoit la transformation d’une centrale à charbon en une centrale biomasse, plutôt que d’aider ce genre de projets qui ne tiennent pas compte de l’intérêt général.
La transition énergétique, dans laquelle la biomasse a sa place parmi les énergies renouvelables, doit se faire de façon raisonnée et à taille humaine. Cela passe par un soutien à la filière bois locale et aux structures qui n’exploitent pas les ressources de façon excessive. Cela se fera également par la mise en place de circuits courts dans la sylviculture et le développement réel de la filière bois, à commencer par la mise en place de structures de formation et la valorisation du bois d’œuvre.