Offense au Président, notre camarade Hervé Eon ne lâche rien
« C’est un grand jour ! », sourit Hervé Eon. Ce jeudi 14 mars, la Cour européenne des droits de l’Homme a rendu son verdict. Elle confirme que les poursuites à l’encontre de notre camarade Hervé portent atteinte à la liberté d’expression. Il avait été condamné pour avoir dévoilé un carton siglé « Casse-toi pov’ con » lors du passage de Nicolas Sarkozy à Laval. Mais pour ce militant infatigable, le jugement de la Cour européenne ne clôt qu’une partie de l’affaire. « Il faut à présent mener la bataille politique pour obtenir l’abrogation du délit d’offense au Président », explique posément Hervé. Dans un communiqué publié ce même jour, le co-président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, porte la même exigence.
Le délit d’offense au président de la République est inscrit dans l’article 26 de la loi sur la liberté de la presse en date de 1881. C’est sur la base de ce texte qu’Alex Perrin, alors procureur de la République à Laval, a poursuivi et fait condamner en première instance Hervé, condamnation confirmée en appel. La Cour européenne des droits de l’Homme a jugé que ces condamnations sont contraires aux droits fondamentaux. Pour autant, Hervé Eon n’est pas blanchi. « Je vais me battre pour faire reconnaître mon innocence, précise notre ami, plus déterminé que jamais. Cela passe par l’abrogation de cette loi inepte. » Dès novembre 2008, Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur, a déposé une proposition de loi visant à abroger le délit d’offense au président ; proposition relayée par Martine Billard à l’Assemblée nationale en 2010.
En février 2008, Nicolas Sarkozy, en visite au Salon de l’agriculture, avait été vertement interpellé par un visiteur. Le président d’alors lui avait répliqué « casse-toi pov’ con ». Une sortie qui ne l’a pas grandi. Et un futur slogan à succès qu’Hervé écrit sur un carton dès l’annonce de la venue présidentielle à Laval le 28 août 2008. Il s’en souvient comme si c’était hier : « Les policiers m’ont d’abord fait descendre de mon vélo et mis face au mur, comme ça s’est passé à Dijon lundi. J’ai demandé à profiter du spectacle, ils m’ont laissé me retourner, c’est alors que j’ai pu sortir mon carton ». Ironiquement, ce sont donc les agents de police qui ont désigné le « con » en estimant que Nicolas Sarkozy était visé.
Au terme de 4 ans et demi de bataille juridique, Hervé vient de remporter une première manche. Pour la suppression du délit d’offense, il est déterminé à ne rien lâcher. La bataille politique continue.