Politis • À Notre-Dame-des-Landes, la mobilisation mieux enracinée que jamais
Les opposants au projet d’aéroport sortent de l’hiver plus forts et plus nombreux et abordent sereinement les échéances déterminantes du mois d’avril. Reportage.
Crédit photo AFP / JEAN-SEBASTIEN EVRARD
La petite cabane installée au bord de la route départementale pour l’accueil des visiteurs enregistre des arrivées quotidiennes. Un « zadiste » se charge des salutations et affiche un large sourire, malgré la pluie et la marée de boue qui submerge les alentours. « Une dizaine de personnes arrivent chaque jour, beaucoup plus le week-end, lance-t-il enthousiaste. Les gens arrivent de toute l’Europe. »
Avec la fin des travaux de la « commission de dialogue » et de la trêve hivernale, le début du mois d’avril pourrait voir relancer les menaces d’expulsion des occupants « illégaux » de la zone visée par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. En attendant, la vie continue de s’organiser sur la « Zad », avec la certitude que ce qui s’est construit ici depuis 2009 sera difficile à détruire.
« Les constructions avancent chaque jour un peu plus »
La mobilisation s’est étoffée depuis la vague de destruction de l’automne. Deux à trois cents occupants ont installé une vingtaine de petits campements sur la zone. Des barricades, dont certaines gardées jour et nuit, sont dressées sur les routes et les chemins gorgés d’eau qui traversent les bois. Aux carrefours stratégiques, les petites équipes de gendarmerie mobiles constamment présentes se contentent de contrôler les passages. Une routine s’est installée et les constructions avancent chaque jour un peu plus.
Les zadistes peuvent aussi compter sur de nombreux amis. Début décembre, une réunion des Comités de soutien rassemblait sur la zad les représentants de 180 comités de soutien dans toute la France. Et le mariage tient, malgré quelques difficultés, entre les paysans locaux opposés à l’aéroport et les occupants venus combattre « l’aéroport et son monde ».
Fin janvier, la ferme Bellevue, désertée par son occupant était réoccupée à son tour par le collectif de paysans « Copain 44 ». La demeure est aujourd’hui encerclée par des dizaines de tracteurs prêtés par les paysans locaux et l’activité y a repris grâce à la solidarité. Des sympathisants se relaient toutes les 24 h pour venir soutenir le jeune paysan qui assure la permanence sur l’exploitation.
L’expulsion immédiate de cette ferme, ordonnée le 28 février, a été différée face à la mobilisation. La préfecture a annoncé le 1er mars qu’elle s’abstiendrait de demander une intervention policière jusqu’à la fin des travaux de la commission de dialogue.
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