Ocean’s 17
Depuis que les 17 ministres des finances de la zone euro ont décidé une ponction sur tous les comptes bancaires de Chypre, beaucoup découvrent abasourdis la réalité du coup d’état financier que nous avons décrit de longue date.
Le traité européen TSCG, dit Merkhollande, chargeait déjà la Troïka (Commission Européenne-BCE-FMI) d’arracher de force aux peuples le tribut réclamé par les banques. Quand ces dernières estiment que l’Etat qu’elles ont saigné est devenu inapte à le faire, elles le prélèvent désormais directement !
Vous souvenez-vous de leurs couplets indignés sur le caractère sacré de la propriété, base de toute confiance, jetés à la figure des peuples qui ont refusé de payer les dettes illégitimes ou décidé des nationalisations, en Islande ou en Amérique Latine ? Vous souvenez-vous de ce navire de la marine nationale saisi au Ghana par un fonds vautour que le gouvernement Kirchner refusait d’abreuver du sang des Argentins ? Chypre fera réfléchir ceux qui étaient sensibles à leurs cris. Refuser de payer ou être volés, voilà l’alternative.
Cette taxe est très peu progressive puisqu’elle ne connaît que deux niveaux, en dessous ou au-dessus de 100 000 euros, seuil qui laisse de côté les plus grosses fortunes. Sans compter que les avoirs les plus importants sont placés en produits financiers apparemment épargnés.
L’Union européenne légitime ce hold-up par la masse d’argent sale qui aurait déferlé dans les établissements chypriotes. Mais les honnêtes travailleurs se font relaver comme les autres. Pour qu’il en soit autrement, il aurait fallu mettre fin au secret des transactions et imposer le contrôle des mouvements de capitaux internationaux. Autant d’entraves au marché « libre et non faussé » au nom duquel les déposants sont otages de l’argent sale de la spéculation et du crime qui dorment dans leurs banques. Si l’on avait voulu taxer uniquement les dépôts étrangers, le principe de « non discrimination » version Union Européenne l’aurait aussi empêché.
De tous côtés, « l’Europe qui protège » ligote les peuples qu’elle livre à la finance.
Pas besoin d’être un oracle pour annoncer que le président chypriote Nicos Anastasiades élu il y a un mois avec 58% des voix va connaître une chute de popularité brutale et qu’il aura lui aussi du mal à éviter les apostrophes hostiles lors de ses déplacements présidentiels. Pas besoin non plus d’être visionnaire pour savoir que cette décision ne contribuera pas à l’enthousiasme pro-européen, d’autant que les chypriotes ont pu entendre un de leur anciens présidents favorable à la mesure expliquer sur la télévision publique que cette décision européenne était en fait allemande : « Les Allemands nous ont dit qu’ils ne pouvaient faire passer un plan de sauvetage devant le Bundestag sans un prélèvement sur les dépôts bancaires ».
Mais parmi les 17 malfrats qui ont dévalisé les déposants chypriotes, il y avait aussi un Français, Pierre Moscovici. Dans un communiqué commun avec son acolyte allemand conservateur il saluait la victoire du président de droite dès février dernier et demandait un accord pour la fin mars. Ce braquage est aussi son œuvre. Plus de 5 milliards dérobés sans creuser un tunnel ni faire un trou dans un mur. Du grand art !
Sauf que le crime est loin d’être parfait. Il pourrait même annoncer le début de la fin des braquages en série. Car l’identité des cambrioleurs est désormais connue de tous. Ils ont des adresses et même des visages. Ils ne sont pas prêts de dormir tranquilles.