Durcissement

A Chypre, il ne s’est pas trouvé une seule voix au Parlement pour soutenir le plan scélérat de l’Eurozone. La riposte de la Troïka austéritaire a été terrifiante. Le gouverneur de la Banque centrale européenne a immédiatement décidé un blocus monétaire de l’Ile. Cette mesure qui empêche toute transaction constitue du point de vue du droit international un acte de guerre. Prise sans l’accord unanime du conseil des gouverneurs (on sait que le chypriote au moins était contre), elle consacre un fait accompli qui viole également les statuts de la BCE. Ils disaient pourtant qu’ils étaient intouchables ! Que jamais les Allemands n’accepteraient de bouger du compromis passé au moment de la création de l’euro. Et nous Français, acceptons-nous d’en sortir ? Ainsi les gouvernements n’ont même pas le droit de demander l’heure à la BCE « indépendante », mais celle-ci pourrait les menacer s’ils n’obéissent pas aux diktats austéritaires ? Au moment où j’écris ces lignes, cela fait plusieurs jours que les médias dominants claironnent que Chypre est sauvée mais les banques n’ont toujours pas rouvert. Je crains encore que le forfait des 17 salopards de l’Eurozone ait condamné à mort l’économie d’un Etat membre de l’Union.

En Allemagne, la chancelière Merkel justifie cette exécution sommaire et illégale par un lapidaire : « Chypre est un petit pays sans importance ». Il n’y a dans cette phrase pas un mot plus haut que l’autre. Mais elle fait froid dans le dos. A part nous, il ne s’est trouvé personne en France pour s’indigner de sa violence. Pas un responsable du gouvernement n’a tenu à dire que cela n’était pas la vision de la France. Ce silence aussi fait froid dans le dos.

Quand nous avons dénoncé la participation d’un ministre représentant la France à la ruine des déposants chypriotes, le premier secrétaire du PS évacua doublement l’interpellation. D’abord il mentit éhontément en prétendant que Moscovici s‘y était opposé. Si c’était vrai, la France a été mise en minorité. Puis elle a accepté de renoncer à la règle de l’unanimité. Puis elle est sortie du sommet de l’Eurozone avec un communiqué de victoire et n’en a tiré aucune leçon sur ses relations avec le gouvernement de droite allemand autour duquel Moscovici ne cesse de tourner, courant derrière ou devant mais toujours en laisse. Ensuite Désir fit diversion en nous accusant à demi-mots d’antisémitisme, tandis que le porte-parole du PS nous comparait à Gringoire et un conseiller spécial de Hollande à Mauras. Aucun d’eux ne s’est excusé de cette calomnie abjecte et de leur violence inouïe à notre encontre.

Cette semaine, les chiffres mensuels du chômage sont tombés. Ils sont désastreux. La réponse du pouvoir se limite à dire que cela fait des mois que cela dure. Chacun doit en déduire que cela peut continuer encore des mois. Les seuls emplois en CDI que le gouvernement prévoit de créer sont pour s’occuper des chômeurs. Il faut dire que les postes mis au budget l’année dernière paraissent bien dérisoires au vu de la souffrance qui monte et a conduit déjà deux demandeurs d’emplois à s’immoler par le feu.

La politique austéritaire se durcit. L’arrogance du gouvernement conservateur allemand se durcit. Le chômage de masse se durcit. La souffrance populaire se durcit. Le PS se durcit. Ah j’oubliais… Le Parti de Gauche réuni en Congrès se durcit. A en croire les journaux, ce serait même le fait principal. Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

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