Affaire Cahuzac et gouvernement à la dérive

L’affaire Cahuzac démontre, s’il en était encore besoin, à quel point le mélange entre la finance, la politique et les médias atteint un niveau plus que néfaste pour la démocratie. Lorsqu’on regarde le parcours de Jérôme Cahuzac, peut-on encore se déclarer surpris ? Adhérent au PS en 1977, à une époque où celui-ci se réclamait encore de la lutte de classes, cela ne l’empêche pas de privilégier la recherche du fric à toute autre chose en passant de chirurgien au service de tous à spécialiste des implants capillaires, spécialité bien plus rentable. Le mélange des genres s’installe avec le passage en cabinet ministériel de Claude Evin, ministre de la santé, pour ensuite créer une société de conseil utilisant les relations précédemment tissées avec les laboratoires pharmaceutiques.

Cela démontre une première chose : il faut en finir avec ses allers et retours entre cabinet ministériel et grands groupes privés. Le plus surprenant dans cette histoire est qu’il ait pu être choisi ensuite comme ministre du budget. Chargé de la lutte contre la fraude fiscale, il n’a pas hésité à mentir avec aplomb, convaincu d’être au dessus des lois. Comme tant d’autres avant lui, à droite bien-sûr (rappelons-nous la mise en examen d’Eric Woerth, ministre du budget de Sarkozy, l’affaire Takieddine et, plus loin, les affaires des HLM de Paris, les marchés truqués d’Ile-de-France…) Mais la gauche est aussi contaminée : DSK aurait pu être président de la République sans l’affaire du Sofitel de New York…
Non, Cahuzac n’est pas un cas individuel, c’est tout un système qui se sert les coudes le plus longtemps possible et qui ne rejette un des siens que lorsqu’il n’est plus possible de faire autrement. Le point commun : le sentiment d’impunité de l’oligarchie. Or quelles sont les réponses du gouvernement : rien sur le renforcement de la législation et des moyens pour lutter contre la fraude fiscale, des réformettes de la constitution à la marge (le non cumul des mandats pas avant 2017 et la proportionnelle, une fois de plus disparue) et la proposition de François Hollande d’interdire de mandat électif une personne condamnée pour fraude fiscale alors que la peine d’inéligibilité existe déjà est très rarement et très légèrement appliquée.
Oui, il y a quelque chose de pourri lorsque la recherche du pouvoir et de la richesse passe avant les valeurs de gauche, lorsque le PS ne s’inquiète plus de l’éthique individuelle des aspirants aux postes gouvernementaux.
D’un côté donc cette affaire, de l’autre des « couacs » à répétition avec l’absurde taxe à 75 % que le gouvernement est bien en peine de concrétiser car mal conçue dès le début, ou avec l’acte 3 de la décentralisation reporté et éclaté tellement il pose problème. Ce gouvernement n’a plus de cap. Ou plutôt, la soumission à la finance comme seul horizon montre de plus en plus ses limites, comme cela a été le cas avant en Grèce, en Espagne et au Portugal. Il est donc plus que temps de faire du ménage et de changer de République.Oui, la 6ème République est plus urgente que jamais.

Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche

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