Projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin • Le Parti de Gauche interpelle les parlementaires

Les parlementaires français doivent prochainement se prononcer sur le très controversé projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin. La ratification de l’accord franco-italien du 30 janvier 2012 est déjà sur le bureau de l’Assemblée nationale.

Le Parti de Gauche souhaite à cette occasion tout à la fois réaffirmer son attachement au développement du rail et du frêt ferroviaire dans le cadre de son projet de planification écologique, et alerter les parlementaires français sur les dérives de ce projet.

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Le projet Lyon-Turin initial affichait en effet un certain nombre d’objectifs de respect de l’environnement, de coûts et de prévisions de trafic routier ; il prévoyait des mesures permettant un véritable report modal.

Las, la réalité devient toute autre.

Parlementaires, soyez cohérents, en plein débat sur la transition énergétique, apportez votre contribution à la défense du climat ! Les coûts externes, non pris en compte dans la définition du prix de marché, sont pour 85% le fait du mode routier : pollution de l’air, de l’eau et des sols, contribution au dérèglement climatique… En terme de coûts externes liés au transport de passagers, le train est 3 fois plus performant que la voiture, 2 fois plus que l’avion, et 1,5 fois plus que l’autocar. La tendance se confirme pour le transport de marchandises : le fret ferroviaire est 4 fois moins coûteux que le routier et 15 fois moins que l’avion !

Donc avant toute chose, Parlementaires, soyez cohérents, interdisez les 44 tonnes ! Le décret du 4 décembre a entériné l’arrêté généralisant la circulation des poids lourds de 44 tonnes. Avant toute discussion sur le report modal sérieuse, il importe de revenir sur cette autorisation de circulation des 44 tonnes ! Pour des raisons environnementales évidentes, mais aussi économiques : cette mesure va coûter, d’après le conseil général du développement durable, entre 400 et 500 millions d’euros de surcoût pour l’entretien des routes, coûts supportés en grande partie par les conseils généraux.

Parlementaires, soyez cohérents, faites respecter les mesures d’accompagnement du projet initial ! Prévus par l’accord franco-italien dans son article 23, celles-ci précisaient les principes de report modal retenus. Un, le transfert de la route vers le fer dans les Alpes, de manière à préserver l’environnement (art.23.1) : aujourd’hui le percement des tunnels génère de nombreuses nuisances environnementales et menace des terres agricoles. Deux, la meilleure utilisation du réseau ferroviaire existant et la régulation de la circulation des marchandises par voie routière (art.23-2). Les projections de trafic sont toutes révisées à la baisse depuis vingt ans. Alors que la ligne existante Fréjus – Mont Cenis est utilisée à 20% seulement de ses possibilités, a-t-on encore besoin de ce gigantesque projet de 80 kilomètres de tunnels ?

Lyon-turin_tgv_italien Parlementaires, soyez cohérents, faites faire des économies budgétaires à l’État ! Le projet Lyon-Turin représente un coût croissant, qui est déjà passé de 11 à 26 milliards d’euros ! Pourquoi ne pas réorienter ces financements vers l’amélioration de l’existant ? Pourquoi ne pas étudier le financement du projet de route maritime de la Méditerranée, tout en adoptant un réel contingentement des camions dans les tunnels des Alpes et une taxation des camions transitant à vide ? Parlementaires, demandez une commission d’enquête sur les dépenses actuelles, demandez que soit étudié le financement de ces alternatives !

Parlementaires, soyez cohérents, moralisez la vie publique ! La Cour des Comptes a révélé que le dossier était émaillé de conflits d’intérêts. Certains commissaires seraient par exemple impliqués dans des entreprises de stockage de déblais. Côté italien on fait état de forts soupçons de liens avec des organisations mafieuses. Parlementaires, à l’heure où les scandales entachent la vie publique, vous tenez là une belle occasion de demander de la transparence et de l’éthique…

Parlementaires, si vous voulez vraiment du report modal, soyez cohérents, refusez la libéralisation du rail ! Désobéissez à l’Union européenne : les paquets ferroviaires successifs européens entraînent le désengagement de l’État et privent la collectivité, usagers compris, de la maîtrise publique d’un outil essentiel d’aménagement du territoire. Si vous voulez défendre les services publics, les territoires ruraux et le développement du rail, ne vendez pas celui-ci à la découpe au privé !

Parlementaires, enfin, soyez cohérents, refusez le projet de loi sur la décentralisation ! Celui-ci envisage de confier le frêt ferroviaire aux régions… Ne laissez pas l’État descendre du train. Celui-ci doit garder la main sur les infrastructures, le réseau et la commercialisation afin que le rail soit attractif et accessible à toutes et tous, partout sur le territoire !

Parlementaires, soyez cohérents. Prenez le train en marche, sortez du tunnel, étudiez le dossier. Ne le votez pas à l’aveugle.

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