Rien ne les arrête parce qu’ils manipulent nos pays comme ils l’entendent
Cayo Lara et Jean-Luc Mélenchon ont démontré la nécessité de mettre en marche une alternative européenne pour s’opposer aux politiques néolibérales de la Troika. Le leader du Front de gauche français craint que l’essor de l’extrême droite en Europe dans le contexte de la crise n’amène le vieux continent à revivre des époques révolues.
« Nous sommes en train de nous préparer à une confrontation très importante. Nous vivons un recul de civilisation. Nul ne semble imaginer que si nous continuons à appliquer les politiques socialdémocrates et droitières demain sera un retour à hier. Demain, si nous nous obstinons à suivre ce chemin, nous courrons à l’échec ». C’est par ces mots que Jean-Luc Mélenchon, leader du parti de gauche français et principal représentant du front de gauche, débutait son
discours au Cercle des Beaux-Arts de Madrid, accompagné du secrétaire fédéral de Izquierda Unida, Cayo Lara et de l’eurodéputé, lui aussi d’Izquierda Unida, Willy Meyer.
Des délégations des deux organisations se sont rencontrées ce lundi afin que cette réunion serve de point de départ à l’élaboration d’une stratégie commune de la gauche alternative européenne, dans la perspective des élections européennes de mai 2014.
Mélenchon a fait remarquer que sa visite n’était pas un fait isolé mais qu’au contraire la gauche européenne » reste en contact presque journalier ». Il a cependant montré qu’il croyait que « nous pouvions construire une alternative aux socialistes en Europe » en dépit du fait « que chaque force a des composants différents dans chaque pays ». « C’est le moment d’intensifier ce type d’actions parce que la sortie de la crise se fera par la gauche ou ne se fera pas » a déclaré Cayo Lara.
Le Secrétaire général de Izquierda Unida a reconnu qu’il était encore un peu tôt pour « savoir ce que nous allions construire » mais d’après lui, l’objectif est commun : »Nous savons très bien où nous en sommes. Nous voulons en finir avec les politiques qui privent les citoyens de leur droit à la démocratie. C’est sur la construction de L’ Europe sociale que vont porter nos efforts, nous les forces de gauche, pour entrer en convergence avec les syndicats de classe et les mouvements sociaux » a-t-il ajouté. Là-dessus, Mélenchon fit plusieurs remarques intéressantes. L’homme politique français a creusé l’idée selon laquelle la politique à elle seule ne pourra pas apporter le changement auquel ils aspirent, sans que le peuple ne devienne acteur du processus. « Nous devons créer une force qui ne soit pas seulement un parti mais qui inclue la capacité du peuple en lui-même parce que demain nous aurons tout à reconstruire ».
Mélenchon s’est demandé vers où allaient les présidents européens et comment ils faisaient pour ne pas voir ce qui se passe dans les pays qu’ils dirigent. « Monsieur Hollande, Monsieur Rajoy, dites-nous quand tout cela va finir ! Quel jour? De quelle année? Nous voulons le savoir ! » s’est-il exclamé.Bien que d’une certaine façon il se soit répondu à lui-même : « Rien ne les arrête parce qu’ils manipulent nos pays comme ils l’entendent ». De même il fit allusion au pouvoir qu’a acquis Angela Merkel au fil de la crise et il a même tourné en ridicule Hollande disant « qu’il va, le chapeau à la main, demander l’aumône » à la chancelière allemande. « Ce que nous sommes en train de vivre, nous le définissons comme un régime austéritaire parce qu’il combine les politiques d’austérité et les politiques autoritaires » a-t-il ajouté.
Après un week end pendant lequel l’extrême droite a envahi à nouveau les rues de Paris pour protester contre le mariage entre gens de même sexe, Mélenchon a saisi l’occasion pour lancer un message destiné à alerter les dirigeants européens » Nous sommes des démocrates et l’essor des forces antidémocratiques en Europe nous fait peur. Qu’êtes vous en train de faire ? Vous ne voyez pas ce qui se passe ? L’époque est très dangereuse, nous devons éviter que le passé revienne » a-t-il conclu.
Publié sur le site Público.es le 27/05/2013
Traduit de l’espagnol par Monique Sanciaud (Pôle traduction du Parti de Gauche)