Attentats au Niger : Hollande doit revoir sa stratégie !

Deux attentats-suicides, revendiqués par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), ont ciblé ce matin le camp militaire d’Agadez, au Niger, et le site d’extraction d’uranium d’Areva à Arlit. Le bilan, encore incertain, fait état de 19 militaires nigériens tués à Agadez, et de 1 mort et 13 blessés à Arlit.

La première pensée va aux victimes de cet acte terroriste abject, auxquelles nous rendons hommage.

Sans s’avancer plus avant sur la base d’informations encore parcellaires, on peut d’ores et déjà constater que ce double-attentat ne fait que confirmer les réserves qu’avait exprimées le Parti de Gauche dès le début de l’intervention militaire française au Mali :
(Lire : http://www.lepartidegauche.fr/actualites/communique/mali-rompre-avec-la-logique-guerriere-20325)

Non discutée quant à ses finalités et ses moyens ; prolongée dans le cadre d’un vote purement formel à l’Assemblée nationale, sans possibilité ne serait-ce que de revenir sur les conditions de cette intervention ; dénuée de volets politiques, économiques et sociaux ; et en définitive réduite à une opération de communication reprenant le langage néo-conservateur de la “guerre au terrorisme”, que même le Président étasunien n’utilise plus, cette intervention tombe dans les travers prévisibles que nous avions pointés.

Sans revenir sur la situation au Mali, ou rien n’est réglé, ni sur la question de la légitimité ou non de la présence d’Areva au Niger, car ce prétexte ne saurait laisser tolérer la destruction de vies d’innocents par des identitaires religieux, doublés de narco-trafiquants, qui se moquent de la souveraineté des peuples africains, on notera simplement à ce stade que cet attentat au Niger confirme ce que nous affirmions, à savoir que les groupes de jihadistes “vaincus” demeurent largement actifs.

Mis face à une armée conventionnelle puissante, ils ont réussis à se disperser, certes après avoir subi des pertes, et à se reconstituer ailleurs. Cette tactique de la dispersion-reconstitution, maintes fois observée dans le cadre de l’absurde “guerre au terrorisme” menée par les Etats-Unis, était prévisible. Le passage des frontières dans cette zone du Sahara étant une formalité, c’est désormais le Niger, entre autres, qui est visé.

François Hollande, chef des armées, doit remettre à plat sa stratégie (si tant est que les expéditions erratiques du type de celle menée au Mali soient sous-tendues par une stratégie consciente) de lutte contre les actes terroristes dans cette zone. Il est plus que temps d’abandonner les conceptions néo-conservatrices qui ont mené au désastre en Irak, en Afghanistan et ailleurs.

Il est urgent de comprendre que la lutte contre les groupes de terroristes ne se mène pas comme une guerre classique, sauf à accepter des guerres sans fin, donc perdues d’avance. Les terroristes se greffant toujours sur la misère et le chaos, elle repose avant tout sur la reconstitution des tissus économiques, sociaux et politiques des pays touchés, couplée à des opérations de renseignement et, si nécessaire, des interventions militaires ponctuelles et ciblées en lien avec des forces de sécurité locales qui doivent être reconstituées.

La Parti de Gauche n’entend pas dans cette réaction proposer des solutions clés en main. Il exige, par contre, que le débat soit mené avant que l’enlisement militaire dans la zone soit irréversible.

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