Copé et Ciotti : les idiots utiles du révisionnisme

Cope_ciotti Après Jean-François Copé jeudi, voici ce dimanche qu’Eric Ciotti, député UMP, a réclamé lui aussi la dissolution des groupes violents d’extrême droite ET d’extrême gauche.

A quels actes commis par « l’extrême gauche » font donc référence les deux responsables de l’UMP ? Quel équivalent au meurtre de Clément Méric ou à ceux, en 1995, du jeune Ali tué par des colleurs d’affiche du FN et de Brahim Bouarram, qui meurt noyé après avoir été jeté dans la Seine par des manifestants aux abords du défilé du Front national ?

Quel groupuscule d’extrême gauche provoque « à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, soit propagent des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence » pour reprendre les termes de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieur qui définit juridiquement les raisons d’une dissolution ?

On aura compris que Copé poursuit là cette stratégie qui vise à justifier de futures alliances avec le FN. Il a pour cela commencé à mettre un signe d’égalité entre ce dernier et le FDG, suivi malheureusement par des dirigeants PS irresponsables. Du coup il poursuit dans cette construction symétrique aussi manipulatrice que dangereuse en renvoyant cette fois dos à dos des partis ou bandes dont l’affiliation avec le nazisme est avérée et des organisations antifascistes. Non seulement cela tient du fantasme – aucune organisation d’extrême gauche n’a été responsable de crimes – mais surtout d’une négation des spécificités mêmes de l’idéologie nazie… Copé ne peut ignorer que les organisations visées par le gouvernement se réfèrent ouvertement au racisme, au « white power », à la suprématie de races sur d’autres, à la violence politique élevée au rang de méthode systématique et au totalitarisme comme modèle d’organisation politique. 70 ans après la création du CNR, il ne peut ignorer que ces groupuscules se sentent les héritiers de ceux-là même que la résistance a combattu.

JF Copé connaît également la porosité physique et idéologique entre le FN et ces groupes. Les comparer à l’extrême gauche c’est en réalité nier leur spécificité idéologique et du coup celle d’un FN vendu comme toujours plus présentable.

Ce faisant une partie de la droite républicaine française construit la banalisation d’une idéologie dont son héritage gaulliste en a longtemps fait un adversaire intransigeant. Voilà l’évolution aux conséquences incalculables conduite par JF Copé et consorts quand ils estiment impossible une condamnation unilatérale de groupuscules nazis sans avoir besoin de « l’équilibrer » de façon aussi artificielle que malsaine…

Il se trouve que cette année mon mandat de conseiller régional m’a conduit aux camps d’Auschwitz-Birkenau dans le cadre d’un « voyage mémoire » organisé par la région Ile de France et le Mémorial de la Shoah à destination de jeunes lycéens. Je reste hanté par ce déplacement tout comme, jeune collégien, je l’avais été des jours durant par la vision de « Nuit et brouillard » de Resnais. Sur le papier je savais tout ce que j’ai appris ce jour là. Sur place, l’horreur nazie redevient physiquement palpable et c’est tout autre chose. Ce jour là était avec moi des collègues UDI et UMP. Devant le sobre et émouvant mémorial installé face à l’étang où les cendres des Juifs et des Tziganes qui ont été gazés puis brûlés dans les fours crématoires d’Auschwitz II étaient jetées, nous avons eu les mêmes mots à destination des lycéens pour dire « plus jamais ça ». Je ne peux que conseiller pareil voyage à JF. Copé et ceux des siens qui relativisent ainsi des groupes néo-nazis en croyant utile de ne plus les singulariser. Cela leur éviterait peut-être à l’avenir de jouer ainsi les idiots utiles du révisionnisme. Pour le bien de notre République, je pourrais l’espérer.

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