12 juin 1790
Au début de l’année 1789, le Comtat Venaissin manqua de blé suite à une récolte insuffisante. Après plusieurs soulèvements populaires, un parti patriote se constitua contre l’autorité papale. Il faut rappeler que la population du comtat était sous la domination du pape depuis que le roi de France Philippe III le Hardi l’avait cédé au pape Grégoire X en 1274. Face à l’inefficacité des mesures décidées par le légat du pape, la conjoncture s’aggrava. Au début de l’année 1790, la foule attaqua le palais apostolique, forçant le vice légat à abandonner une partie de ses privilèges. Les Etats généraux du comtat eurent lieu, et les délégués décidèrent de prendre le nom d’Assemblée représentative du Comtat Venaissin. Le 10 juin, des aristocrates furent arrêtés pour avoir tenté un coup de force. En réaction à ces événements, la municipalité vota le rattachement d’Avignon à la France le 12 juin 1790. Il fallut toutefois attendre le 21 septembre 1791 pour qu’il soit acté par un vote de l’Assemblée nationale constituante.
L’affaire du Comtat Venaissin est considérée comme l’une des premières manifestations de ce que l’on appellera plus tard le droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Inspirés par les événements qui avaient lieu dans le royaume de France depuis l’année 1789, les patriotes manifestèrent leur volonté de s’émanciper de la tutelle papale. Le processus ressemble à celui qui eut lieu en France. Il montre l’importance de la Grande Révolution dans la diffusion des idées de Liberté et d’Égalité partout en Europe. Ce sont ces idées qui plus tard mèneront à la proclamation de la République. C’est également en leur nom que Robespierre fut amené à soutenir les patriotes d’Avignon. Dans un discours prononcé à la constituante, il dit : « Ce n’est pas sur l’étendue du territoire avignonnais que se mesure l’importance de cette affaire, mais sur la hauteur des principes qui garantissent les Droits des Hommes et des Nations. La cause d’Avignon est celle de l’Univers ». L’Incorruptible avait compris l’importance de ce moment dans l’histoire de l’émancipation des peuples, et la nécessité de soutenir les revendications populaires contre tout arbitraire.