Une nouvelle étape dans l’autoritarisme libéral
Jamais aucun pouvoir n’avait osé cela : faire éteindre une télévision publique par la police sous prétexte de réduction de dépenses. Depuis mardi soir, il flotte un parfum de dictature sur la Grèce. Le peuple grec a immédiatement compris l’enjeu en se mobilisant pour défendre sa télévision et les syndicats appellent à la grève générale jeudi contre ce véritable coup d’état contre le droit à une information non contrôlée directement par des intérêts privés. Voilà où mènent ces politiques inhumaines d’austérité : elles sont le prétexte pour museler la démocratie.
Nous ne sommes pas pris par surprise, nous avions caractérisé les politiques européennes menées comme des politiques austéritaires : en voilà l’exemple le plus flagrant. Pour les mener à bien les gouvernements européens ont besoin d’étouffer toute résistance et donc tout débat. C’est ainsi que le gouvernement français vient de supprimer celui prévu à l’assemblée nationale sur le grand marché transatlantique ! Lorsqu’ils échouent et que le peuple se mobilise, ils n’hésitent pas à utiliser la répression. Dans de tel contexte, la bataille pour une information indépendante est vitale, le gouvernement grec l’a compris qui, en fermant la télévision publique, espère avoir les mains libre pour continuer sa sale besogne de soumission à la troïka européenne.
Il est aussi significatif de voir comment les pouvoirs politiques sont prêts à tout pour défendre leurs grands projets inutiles, désastreux pour l’environnement mais fort utiles pour les bénéfices de certains groupes financiers. Mais les populations n’acceptent plus passivement qu’on massacre leur environnement : nous en avons un exemple à Notre-Dame des-Landes et nous voyons aujourd’hui les citoyens d’Istanbul se dresser contre la disparition d’un de leurs rares espaces verts. Cette révolte, partie d’une simple résistance à un projet délirant, s’est transformée en mobilisation populaire contre un pouvoir de plus en plus autoritaire et s’est étendue à tout le pays. Combien de fois, un événement, en apparence anodin, s’est transformé en événement historique ? Nous ne savons pas, en Grèce et en Turquie, quelle sera la suite car nul ne peut dire à quel moment le point de rupture va déboucher sur une révolution citoyenne qui balaiera les pouvoirs anciens au bénéfice d’un pouvoir du peuple et pour le peuple.