Le gouvernement livre la France à l’espionnage étasunien

Le Parti de gauche dénonce l’abandon, par François Hollande, de l’ambition d’une France militairement souveraine.

En acceptant le principe du bouclier antimissile – qui ouvre la voie à un usage offensif de l’arme nucléaire sous l’égide des États-Unis, rompant avec la doctrine française strictement dissuasive, donc défensive –, le Président a endossé la doctrine de “smart defense” conçue par l’OTAN. Sous couvert de développer les capacités industrielles et militaires de l’Europe, ce programme tendra à enfermer chaque pays européen dans des capacités parcellaires, en sorte que seule l’OTAN, en tant que centre de commandement, disposera de capacités globales. Pire, au prétexte d’ »interopérabilité » dans l’alliance atlantique, “la smart defense” programme la mainmise de l’industrie de défense étasunienne sur ce qu’il reste d’indépendant en Europe dans ce secteur.

Un nouvel élément vient renforcer nos inquiétudes quant à l’indépendance de notre pays. Le 17 avril 2013, Le Canard enchaîné révélait que la Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructures et des Systèmes d’Information (DIRISI) et Microsoft Irlande étaient sur le point de reconduire pour quatre ans un accord cadre datant de 2009 et portant sur le maintien en condition opérationnelle des systèmes informatiques du ministère de la Défense. Pourtant, selon l’hebdomadaire, dès 2008, le rapport d’un groupe de travail de la Direction Générale des Systèmes d’Information et de Communication (DGSIC) du ministère de la Défense évoquait le risque d’une « perte de souveraineté nationale » vis-à-vis des Etats-Unis, lié au fait que la NSA (Agence Nationale de Sécurité américaine en charge du renseignement électromagnétique) « introduit systématiquement des portes dérobées (back door) » dans les logiciels exportés.

Le contexte doit également nous inciter à l’extrême prudence. Le récent scandale lié au Prism, programme américain de surveillance électronique permettant à la NSA de collecter des données d’étrangers – notamment européens – à partir du net vient aujourd’hui allonger la longue liste des révélations sur l’espionnage des Etatsuniens en Europe. En 2000, la Commission européenne se disait ainsi “préoccupée” par les activités d’Echelon ; en 2010, elle a accepté que les Etats-Unis surveillent Swift, société basée en Belgique qui sécurise, au niveau mondial, les flux financiers entre les banques.

Alors qu’il avait pris l’engagement à faire de la cyberdéfense une priorité, le Chef des armées a-t-il laissé le ministère de la Défense, dans des conditions particulièrement opaques, renouveler le contrat qui le lie à Microsoft Irlande, laissant aux services de renseignement étasuniens la possibilité de s’introduire au cœur de notre sécurité nationale ? Si tel est le cas, le Parti de gauche exige de l’exécutif de rendre public cette décision et de s’en expliquer devant les assemblées.

S’il est confirmé, cet accord signe un nouvel approfondissement de la soumission de la France au dispositif atlantiste, suite logique des abandons précédents de notre souveraineté militaire.

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