15 juin 1963
Le 15 juin 1963, Carrefour ouvre le 1er hypermarché français à Sainte-Geneviève-des-Bois en Ile-de-France. Le magasin fait plus de 2600 m2 et compte 400 places de parking, une pompe à essence et de grands chariots à roulettes. C’est surtout la première fois qu’un magasin propose une aussi large variété de produits sous une même enseigne et dans le même magasin : des produits frais, de l’épicerie, du bazar, du textile et de l’électroménager.
Présenté comme un nouveau modèle de commerce « tout sous le même toit » le fonctionnement de ces « usines à vendre » repose sur un modèle de gestion spécifique : le large assortiment et choix de produits, associé à de nouvelles techniques de marketing (diffusion de musique dans les rayons) pousse à la consommation. L’importance des volumes traités permet de réduire les coûts de structure et de fonctionnement par rapport aux commerces traditionnels. Ces économies d’échelles autorisent des réductions des prix de vente sans entamer les marges. Enfin ces usines situées en périphérie des villes bénéficient de voies d’accès et de parkings qui favorisent un fort taux de fréquentation.
Le modèle est rapidement suivi par les concurrents de Carrefour et l’on compte plus de 12 000 magasins de grande distribution (hypermarchés et grand commerces spécialisés) en 2009. Au delà d’un nouveau mode de consommation, c’est tout un système économique qui est perturbé. Les producteurs (notamment dans l’agro-alimentaire) sans marge de négociation face à la position dominante des grandes enseignes dans le réseau de distribution, sont soumis à la concurrence de l’importation malgré son coût écologique. La politique de l’offre qui y est développé nécessite sans cesse de nouvelles réductions de coût dont les travailleurs de la grande distribution (plus de 600 000, majoritairement des femmes) sont les premières victimes : bas salaire, temps-partiel imposés, travail le dimanche… De plus en plus grands, ces magasins poussent au développement de zones commerciales en périphérie des villes modifiant profondément le rapport à la ville et favorisant le « tout voiture ». La grande distribution apparaît comme le versant commercial d’un modèle économique socialement et écologiquement insoutenable.