Economie • Un an d’austérité
N’en déplaise à M. Ayrault, qui affirmait en avril dernier que « la France ne pratique pas l’austérité », mais instaure une nécessaire « rigueur budgétaire » par un plan « de redressement dans la justice », les politiques du gouvernement solférinien sont pour l’essentiel des politiques d’austérité. Leur « justice » est un leurre comme en atteste la dégradation de tous les indicateurs sociaux : misère, chômage, précarité, exclusion. Par contre, le CAC 40 se porte très bien depuis le début de la mandature. L’ensemble des politiques menées depuis le 6 mai 2012 s’inscrivent dans le paradigme austéritaire et obéissent aux prérogatives néolibérales de Bruxelles. Elles les ont même souvent devancées ! Elles ont toutes contribué à réduire le pouvoir d’achat des Français et à freiner la demande. La politique de soutien à « l’offre », c’est-à-dire au capital, se fait au détriment des travailleurs et de l’écrasante majorité des Français. La consommation française ne cesse ainsi de se contracter. Le redressement n’est donc pas plus réel que la justice. Il était pourtant aisé de constater l’inefficacité de ces politiques depuis 30 ans. Le chômage concerne aujourd’hui plus de 3 millions de personnes, ceci sans compter les millions de travailleurs à temps-partiel et les contrats précaires subis. La France est bien entrée dans le cercle vicieux de l’austérité.
Coupes massives dans les dépenses publiques
L’austérité c’est d’abord et surtout les tours de vis budgétaires. Au nom d’une priorité à l’équilibre des comptes publics, le gouvernement Ayrault entend multiplier les coupes dans les dépenses publiques. Dès son élection, le gouvernement s’est engagé à réduire les dépenses de 60 milliards d’euros au cours du quinquennat. Le budget 2013 prévoyait déjà une baisse de 5% des dépenses de fonctionnement. La lettre de cadrage envoyée aux différents ministères pour le budget 2014 impose 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires. Les effectifs globaux de fonctionnaires sont stabilisés en 2013, alors même qu’il faudrait embaucher massivement dans la santé, l’éducation, la sécurité, etc. Ces restrictions détruisent le modèle républicain, entraînent la fermeture des services publics, dégradent la qualité de service et isolent encore plus les zones défavorisées. Loin d’abroger la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) du gouvernement Fillon, impliquant le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, le Parti Solférinien s’inscrit dans la même logique avec la Modernisation de l’Action Publique (MAP). Les dotations aux collectivités territoriales ont été gelées en 2013 et ne progressent plus au rythme de l’inflation. Le gouvernement a programmé leur baisse ces prochaines années. Tous les services publics sont touchés par cette paupérisation.
Attaques historiques contre les acquis sociaux
Non content de réduire les dépenses publiques, le gouvernement diminue également les dépenses du patronat. A peine élu, la stratégie du pouvoir en place était claire : le coup de pouce au SMIC s’est résumé à un « geste » dérisoire de +0,6% en juillet 2012. De nombreux acquis sociaux ont depuis été attaqués : retraites, allocations chômage, sécurité sociale, droit du travail, etc. Convaincu que la baisse du « coût » du travail permettra d’améliorer notre compétitivité, le gouvernement multiplie les attaques envers les droits de salariés et leur niveau de vie. Le MEDEF en rêvait, Hollande l’a fait. Le gouvernement a d’abord fait le choix d’appliquer l’austérité aux systèmes de financement des retraites. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le PS s’était opposé au passage de l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Il trahit aujourd’hui sa parole et défend l’allongement de la durée de cotisation. Ayrault s’était déjà félicité de l’accord prévoyant une désindexation des pensions complémentaires sur l’inflation pendant trois ans. Cet accord injuste va pourtant engendrer une perte immédiate de pouvoir d’achat pour 11 millions de retraités. Le gouvernement envisage à présent d’étendre cette désindexation au régime général.
Le comble de l’aberration tient au fait que ces mesures injustes ont déjà prouvé leur inefficacité puisque le seuil du déficit à 3% du PIB ne sera pas atteint en 2013, ni en 2014. Logique : la récession entraîne une diminution des recettes fiscales. Et les actionnaires ont été épargnés par l’austérité : le gouvernement leur a fait en décembre dernier un cadeau fiscal de 20 milliards d’euros sans aucune contrepartie et n’a pas mis en place la réforme fiscale attendue pour que le capital soit enfin autant taxé que le travail. Il a préféré augmenter l’impôt le plus injuste, la TVA.
Après un an de désastres sociaux, Hollande garde son cap austéritaire. Lui et sa pitoyable « boîte à outil » viennent de bénéficier d’un sursis de deux ans accordé par la Commission européenne. Deux ans au cours desquels le gouvernement Ayrault continuera à tailler dans les dépenses publiques, détruira ce qu’il reste de notre Etat providence, annihilera les chances de relance de l’activité et privera l’Etat de ses derniers leviers de souveraineté économique. L’austérité incite les pouvoirs publics à renoncer à l’investissement. Obsédé par le rééquilibre des comptes, le gouvernement Ayrault renonce aux financements nécessaires à la transition écologique, la réduction du chômage et la réindustrialisation du pays. Humilié à Florange, ridiculisé à PSA, le gouvernement a refusé de nationaliser les industries victimes de plans sociaux, non pas pour raisons économiques, mais bien par idéologie libérale. Comble de la stupidité austéritaire court-termiste, le gouvernement a décidé de céder des parts dans les entreprises cotées en bourse, bradant aujourd’hui les richesses de demain. Les privatisations sont de retour, et cela va couter cher aux Français. A l’inverse de ces politiques absurdes, il est urgent de créer une politique de relance de l’emploi, des salaires et de l’investissement pour sortir du cercle vicieux austéritaire et engager la transition écologique en répondant aux besoins humains.