Emplois non pourvus : Pourvu qu’ Hollande se taise !
Jeudi 20 juin, François Hollande prenait la parole pour ouvrir la deuxième «conférence sociale » de son quinquennat. On s’attendait à ce qu’il pose les jalons de la contre-réforme des retraites à venir. Pire. Le Président a fait un numéro de prestidigitateur pour allumer un contrefeu qui met le feu à la plaine. Il s’est servi du prétexte des emplois non-pourvus pour dérouler son bréviaire libéral et insulter les salariés, caresser la tête des patrons, proposer de faire payer le peuple à la place des entreprises, et donner à ces dernières la main sur les contenus des formations.
François Hollande a lancé jeudi matin les discussions de la conférence sociale en faisant les poches de l’UMP. Il en a sorti le fantasme libéral des emplois non pourvus cher à François Fillon. Là où le collaborateur 2007 qui se voit président en 2017 évoquait 500.000 emplois non pourvus, François Hollande en décompte entre 200.000 et 300.000. Les différences s’arrêtent là car pour le reste, les discours sont les mêmes. François Hollande évoquait ainsi hier le fait que «ce sont les entreprises qui créent des emplois, encore faut-il qu’elles réussissent à les pourvoir ». Sous-entendu : une partie du chômage serait donc due aux chômeurs car insuffisamment formés ou trop peu motivés pour accepter un emploi.
François Hollande s’est enfermé dans l’absurde politique de l’offre libérale qu’il décline désormais pour l’emploi. Ainsi donc, au détour d’une « conférence sociale », le Président de la République vient de faire basculer la responsabilité de la charge du non-emploi sur les chômeurs. Du Sarkozy dans le texte ! Voilà qui rompt définitivement avec l’héritage du mouvement ouvrier et la ligne progressiste.
Non content de s’en prendre aux chômeurs, François Hollande continue à faire allégeance devant les patrons et leur concède ce qu’ils n’osaient espérer : « S’il s’agit d’un différentiel de salaire, cela peut arriver, alors comblons-le, cela peut être la responsabilité de l’Etat ». Voilà comment François Hollande entend substituer les deniers publics à ceux des entreprises pour rémunérer leurs propres salariés.
Mais le coup porté par François Hollande va plus loin : il s’en prend aussi à la formation. Le remède : celui du docteur Sarkozy, à savoir « au moins » 500.000 apprentis d’ici à trois ans. Et pour cela, le Président cède aux sirènes de l’adéquationnisme et de la mise à disposition du patronat de salariés pré-formatés. C’est le sens du « contrat d’apprentissage avec engagement d’embauche » que François Hollande offre aux entreprises qui en contrepartie seront « davantage associées aux contenus des formations ». Hollande brade cette fois l’offre de formation initiale et la livre au patronat.
François Hollande veut s’attaquer aux emplois non pourvus. Qu’il se dépêche car une place de plus devrait rapidement être à pourvoir…