Austérité An II
Bercy vient d’envoyer ses recommandations à chaque ministère pour le budget 2014 : les dépenses publiques devront décroître de 1,5 milliard d’euros de plus que prévu initialement. Ce sera la première fois sous la Vème République que les dépenses baisseront autant. Le ministre du budget, Bernard Cazeneuve, s’en vante « la baisse est bien là depuis le changement de majorité ». La RGPP UMP prévoyait le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui partait en retraite, la MAP PS prévoit une réduction de 2,5 % par an dont 2000 suppressions de postes à Bercy en 2014. De quoi ridiculiser les grands discours sur la nécessité de la lutte contre l’évasion fiscale. François Hollande pendant sa campagne s’était pourtant engager à maintenir le nombre de fonctionnaires. Les dépenses de fonctionnement devront baisser de 7 % en 2013 ! Mais, alors que la Commission Européenne veut baisser le budget européen de 6 %, la contribution de la France à ce budget augmentera de 700 millions. Au même moment, les dotations de l’État aux collectivités territoriales diminueront de 750 millions. La Direction Générale des Finances publiques l’a anticipé en adressant le 3 juin 2013 une circulaire à ses cadres locaux pour les inciter à convaincre les élus locaux de ne pas « remunicipaliser » les services publics qui auraient fait l’objet d’une délégation au privé.
Voilà où mène cette politique d’austérité dont se vante le ministre du budget : la privatisation des services publics quand ce n’est pas leur fermeture. Rien à envier aux politiques des gouvernements UMP. Le gouvernement s’étant précipité pour annoncer la prolongation du gel des salaires des fonctionnaires, le patronat s’est senti légitimé pour refuser d’augmenter les salaires dans le privé tout en multipliant les annonces d’accords de mobilité imposée avec licenciements à la clé en cas de refus. Tout cela avec l’unique objectif de faire payer les salariés et épargner les entreprises qui n’ont jamais autant été choyées que depuis un an.
Pour les retraites, le gouvernement s’apprête à faire pire que Sarkozy : nouvel allongement de la durée de cotisation et baisse du montant des pensions, avec les fonctionnaires en bouc émissaire. Mais la Commission Européenne n’en a jamais assez. Et malgré les supplications de François Hollande et ses tentatives d’être le meilleur élève de la classe austérité, elle maintient pour le moment ses exigences de report de l’âge de départ en retraite et la remise en cause des régimes spéciaux. La mobilisation contre cette réforme se prépare pour la rentrée. La CGT a déjà annoncé des meetings pour la première semaine de septembre et des manifestations la deuxième semaine. D’autres initiatives sont en préparation. Le PG prendra toute sa place dans cette bataille qui sera aussi le moment de passer du discours aux actes pour tous ceux qui se sont retrouvés le 16 juin : la gauche du PS et EELV seront-ils ou pas aux côtés de celles et ceux qui rejettent cette nouvelle régression sociale ?