Retraites • Barroso décide, Hollande exécute

25-03-09_Barroso_6-620x300.jpg Sur les retraites, l’hypocrisie de François Hollande est à double détente. La première consiste à obliger les salariés à travailler plus longtemps en allongeant la durée de cotisation mais en se cachant derrière le statu quo sur l’âge légal. La deuxième consiste à faire croire que Hollande aurait décidé, seul, d’imposer cette réforme qui va aggraver encore celle de Sarkozy.

Jeudi 20 juin, en ouverture de la conférence sociale, Hollande l’a répété : « Cette réforme ne nous est imposée par personne. S’il y a une réforme des retraites, ce n’est pas parce qu’elle nous aurait été exigée dans le cadre d’un programme de stabilité ». La vérité est bien différente. Ainsi, le 15 mai dernier, lors d’une conférence commune avec Hollande, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso déclarait que « la Commission serait disposée à proposer aux Etats-membres d’accorder à la France deux années supplémentaires pour réduire son déficit. Ces deux années devront être mises à profit pour accélérer les réformes structurelles ». Le 29 mai, la Commission présentait les « recommandations » pour chaque Etat, qui doivent être définitivement actées au Conseil européen des 27 et 28 juin. Des « recommandations » qui sont en quelque sorte les exigences (le chantage) que la Commission pose pour renoncer à sanctionner les pays en déficit dit excessif. Tout ceci en application du TSCG (« traité budgétaire ») signé par Hollande.

Pour la France, elle exige de « prendre des mesures d’ici à la fin de l’année 2013 par exemple en adaptant les règles d’indexation, en augmentant encore l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux, tout en évitant une augmentation des cotisations sociales patronales ». On peut difficilement faire plus précis. Le commissaire chargé des Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn est venu le rappeler en personne aux députés français le 18 juin. Il était auditionné devant trois commissions de l’Assemblée spécialement réunies. Il a déclaré : « sur les retraites, nous faisons la même recommandation depuis trois ans ! Cette année, nous allons un peu plus dans les détails et nous ajoutons une dimension d’urgence ». Elisabeth Guigou (PS) et Danielle Auroi (EELV) ont eu beau reproduire les hypocrites cris d’orfraies de Hollande, Olli Rehn a enfoncé le clou. Après avoir vanté plusieurs fois le rapport Moreau, il a conclu : « Je suis confiant, la France adoptera une réforme ambitieuse qui tiendra compte de l’augmentation de l’espérance de vie ». La Commission ne doute pas de la décision de Hollande. Ne lui a-t-il pas toujours obéi ?

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