EELV • Une occasion ratée, trois rendez-vous à ne pas manquer
EELV reste au gouvernement. Petit billet d’analyse après notre communiqué de réaction au débarquement de Delphine Batho pour avoir refusé l’austérité sur le budget du ministère de l’écologie hier, pour alimenter la réflexion commune…
La réunion « de crise » d’Europe Écologie les Verts a donc bien eu lieu hier soir. Comme le titre avec une ironie savoureuse l’AFP: « Les Verts, indignés, restent au gouvernement ».
Premier triste constat, ce n’est plus au siège d’EELV, la Chocolaterie, mais bien au Ministère du Logement que se décide la stratégie du mouvement qui voulait faire de la politique autrement. Les choses se jouent en réalité entre les ministres (aka Cécile Duflot), la direction d’EELV, et ses parlementaires. Ce que cet épisode révèle avant tout est la confirmation de la main mise de la Ministre Duflot sur la stratégie d’EELV… Tant que les adhérents du mouvement EELV ne sont pas consultés.
C’est donc uniquement lors d’un vote militant que les choses pourront bouger, avec deux rendez-vous à ne pas manquer : fin aout à Marseille pour leurs journées d’été, puis en novembre à Caen pour le congrès d’EELV. L’ambiance devrait être chaude. Tant mieux. EELV a tout à gagner de la confrontation d’idées avec ses militants de terrain. Beaucoup sont attachées aux valeurs de gauche, se reconnaissent dans une écologie sociale, et sont en désaccord avec la politique du gouvernement. J’en rencontre plein, tous les jours. Je ne crois pas qu’ils se sentent représentés dans leurs convictions par François Hollande et Jean Marc Ayrault. Et de plus en plus de dirigeants, parlementaires et élus chez EELV n’hésitent plus à exprimer eux aussi leur désaccord publiquement.
Ceux là n’en peuvent plus d’avaler des couleuvres. Poursuite du nucléaire, report de la fermeture de Fessenheim, budget rogné, deux ministres débarquées en un an, répression et poursuite du projet d’aéroport à Notre Dame des landes, enfouissement à Bure, poursuite de l’EPR, forages off-shore, craintes sur la volonté de maintenir l’interdiction de la fracturation hydraulique et volte-faces ministérielles sur les gaz et huiles de schiste, les 10 milliards prévus par le gouvernement au titre des investissement d’avenir dans lesquels ne figurent pas de projets écologiques… La liste commence à être longue des lignes rouges déjà franchies. Et les militants sont en droit de se demander où est le changement de cap qu’ils ont voté.
Troisième rendez-vous, le vote au Parlement du budget 2014 puisque c’est la ligne défendue ce matin par Pascal Durand qui demande des gages au gouvernement sur ce budget, celui de l’Ademe notamment sur la question énergétique. En plein Débat National sur la Transition Énergétique, ce serait bien le moins en effet… Avec un gros risque, si le gouvernement consent à « donner des gages », que ce soit via la fiscalité écologique et qu’on assiste alors au retour d’une taxation carbone socialement injuste, environnementalement inefficace sur des dépenses contraintes, qui au final ne servirait que de trophée à EELV pour rester au gouvernement.
D’autant que sur le reste ce n’est pas plus brillant. En pleine crise, on ne peut se contenter de réclamer la hausse du budget de l’écologie comme le font Jean Vincent Placé, Noël Mamère ou José Bové. Pour rappel, Messieurs, le budget 2014 de François Hollande baisse également les budgets Agriculture, Culture ou encore Finances Publiques. Il fait trois fois pire que Fillon et Sarkozy qui en deux plans d’austérité avaient fait 19 milliards de coupes, Hollande lui en est déjà à 37 milliards de coupes dans le budget 2013, ça suffit.
Camarades d’EELV, vous avez refusé avec nous l’Accord national interprofessionnel du Medef, nous avons défendu ensemble la loi d’amnistie sociale, nous sommes ensemble sur le terrain des résistances écolos, mais aussi contre le projet de Grand marché transatlantique (GMT) entre l’Union Européenne et les Etats-Unis, ou encore pour la défense aux droits des migrants face à la politique honteuse de cet autre Ministre Valls.
Ne restez pas sur le radeau du PS, fait des planches vermoulues de l’austérité et du productivisme. Il produit rejet et abstention. Ne coulez pas avec les solfériniens. L’écologie a besoin de vous. François Hollande continue de diviser la gauche, unissons-la. Venez, sortez. Dehors l’air est doux, c’est l’été…