Le Cri du Peuple • Assises des Maisons des potes, l’égalité c’est pour quand ?

« Que cent fleurs éclosent ! » Ce pourrait être le slogan de la Fédération nationale des Maisons des potes, qui se propose toujours de Faire de l’Egalité Une Réalité (Fleur). Les « Potes » tenaient leur université d’été – Assises de l’égalité – les 11, 12 et 13 juillet. Responsables politiques, acteurs associatifs, sociologues ont débattu devant et avec les militants réunis au siège de la CFDT dans le quartier populaire de Belleville à Paris. Le programme a beaucoup tourné sur la montée de l’extrême-droite mais aussi sur la situation des quartiers populaires 30 ans après la première marche pour l’égalité et contre le racisme, aussi connue comme la marche des Beurs.

assises de l’égalité

Après avoir assisté à leur précédente université d’automne, je voulais voir comment les choses avaient évolué, d’autant que je participe aux travaux de la toute nouvelle Commission Quartiers populaires du Parti de gauche. Il faut reconnaître à la « Fédé », longtemps considérée – à tort – comme une annexe du Parti socialiste, une cruelle lucidité, notamment sur la question des quartiers :

Un an après l’arrivée de la gauche au pouvoir la situation des habitants des quartiers populaires demeure très préoccupante. Ségrégation raciale, ségrégation sociale, chômage de masse, précarité économique, décrochage scolaire, violences sociales, replis identitaires, racisme, discriminations… Comment faire reculer tous ces fléaux sans prendre appui sur les forces sociales ? La gauche est impuissante à faire changer la société, si elle ne s’appuie pas sur le monde associatif, sur le monde militant pour faire reculer les injustices et construire de nouvelles solidarités.

Intervention Alexis Corbières
Alexis Corbière (gauche) intervient sur l’extrême-droite et la laïcité

L’absence de mesures fortes pour les quartiers placés en Zone urbaine sensible, le recul sur le droit de vote des étrangers extracommunautaires, le sentiment que la jeunesse des banlieues reste laissée pour compte des politiques publiques… alimentent le ressentiment parmi les militants de la Fédération nationale des Maisons des potes (FNMDP). Il en va de même sur l’anonymisation des demandes de logements sociaux qui avait pourtant été promise par le candidat Hollande. A titre individuel ou collectif, les « Potes » se revendiquent pourtant comme des ayant-droits de la victoire du candidat socialiste.

Et la déception est à l’ordre du jour. A l’image de ce jeune militant qui affiche clairement sa double appartenance FNMDP et Mouvement des jeunes socialistes et qui chante devant moi « un pas en avant, deux pas en arrière, c’est la politique de François Hollande ». Le café qu’il sirote a un goût amer bien qu’il ait été préparé avec soin par ses camarades. A la tribune, hors les propos convenus des parlementaires socialistes qui recommandent la patience, la teneur des propos est similaire. A l’image de Steevie Gustave, adjoint au maire de Brétigny (Essonne). Il explique avoir fait campagne pour François Hollande, sur le droit de vote des immigrés notamment, et se retrouver aujourd’hui en difficulté pour continuer à mobiliser les jeunes des quartiers de sa ville.

ah ces immigrés
Ah, ces immigrés qui font tourner notre économie…

Durant la double campagne électorale de 2012, la FNMDP avait mis en débat 11 propositions « pour faire de l’égalité une réalité », allant du renforcement du nombre d’enseignants en Zone d’éducation prioritaire à la construction de centres d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violence, en passant par une taxe de 10 % sur les revenus du loto et du PMU pour financer les associations d’éducation populaire dans les quartiers. Un programme qui se veut pragmatique et concret pour répondre aux attentes de la jeunesse. Une jeunesse qui, depuis 30 ans, ne fait qu’attendre. En vain. Sauf à l’échelle locale, les actions concrètes en faveur des habitants des quartiers populaires n’ont jamais été une priorité pour les politiques publiques. Et les grandes annonces liées aux multiples réformes de la politique de la ville n’ont de commun que d’avoir oublié ces habitants, selon l’aveu dramatique du ministère de la Ville.

A l’issue de ce week-end studieux, marqué par des échanges parfois vifs, il reste un regret. Les « Potes » sont un peu restés entre eux. Malgré les invitations nombreuses, les militants des autres associations issues des quartiers populaires ou de partis politiques n’ont pas répondu à l’appel. Comme si, en matière de quartiers populaires, nous disposions de tellement de lieux d’échanges et de confrontations.

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