Un 10 septembre qui ne sonne pas la retraite

Manif1009

L’avalanche de mesures prises à l’encontre des salariés depuis l’élection de Hollande n’a pas eu raison de leur combativité. L’effet légitime de sidération découlant de l’accumulation de décisions totalement opposées à ses promesses de campagne n’a pas abattu les militants. Le cortège parisien de la CGT était particulièrement dense et ne s’est légèrement distendu qu’à mi-parcours, plus de deux heures après le départ, vers 16h30, avec l’arrivée de la pluie, alors que les Solidaires qui fermaient la marche derrière FO et l’UNSA commençaient juste à quitter la place de la République. Trois cent soixante mille manifestants ont ainsi battu le pavé hexagonal selon la CGT ce qui est prometteur.

Le défilé parisien pouvait en tout cas frapper par sa détermination. Les slogans n’étaient clairement pas en recul par rapport à 2010. La retraite à 60 ans y est plus que jamais à l’ordre du jour ainsi que le retrait total du projet Ayrault sans qu’il soit envisagé le moindre amendement. Quelques centaines de lycéens de l’UNIL ou étudiants de l’UNEF étaient particulièrement remontés contre cette réforme prétendument faite en leur nom sans qu’ils y aient été associés et qui les pénalise en excluant la durée de leurs études de toute prise en compte parmi les 43 années de cotisations que le gouvernement voudrait exiger. « Y en a marre », « Ils commencent à nous courir », « Ils n’ont pas été élus pour ça » revenaient en boucle dans les conversations de l’ensemble des manifestants. Avec humour, une affiche superposant une photo de Hollande à celle de Sarko affichait « Sarkozy, sors de ce corps », une autre, plus radicalement signifiait sous le portrait du président solférinien : « Dégage ».

L’habileté dont créditent Hollande beaucoup d’experts et commentateurs médiatiques trouve là sa limite. Elle dépend de ceux qui en sont l’objet, en l’occurrence ici ses victimes potentielles, c’est à dire nous tous. Mais le peuple de gauche qui l’a élu semble de plus en plus sourd aux justifications d’une politique qui ressemble fort à celle de son prédécesseur. D’autant qu’il en découvre jour après jour le contenu concret, comme la baisse des pensions à la suite du report de mars à octobre de leur revalorisation annuelle ou de la suppression de crédit d’impôt pour la scolarisation des enfants en secondaire ou en supérieur afin de permettre une diminution patronale de cotisations familiales, etc. Bref, tous les manifestants ont bien compris que les salariés et les retraités seraient les seuls contributeurs de cette nouvelle « réforme ». Que l’objectif était de leur faire payer plus, plus longtemps, pour des retraites moindres dans la seule perspective d’assurer un bon taux de profit aux rentiers. Cela devient une telle évidence qu’un journal comme Libération, peu suspect d’agressivité pourtant envers Hollande, a titré en Une, mardi, sur son portrait : « Le président des patrons ». A l’intérieur, quatre pages sont consacrées à lister les détails de son « virage » qui l’a conduit à « multiplier les cadeaux aux entreprises au détriment des ménages ».

Personne n’a envie d’en rester là et d’attendre d’autres imitations de la politique de son prédécesseur surnommé, apprécions la différence, « le président des riches ». Les organisations syndicales vont se réunir prochainement en vue de nouvelles mobilisations. Le Front de Gauche présent sur le parcours de la manifestation y répondra. Une autre politique, vraiment de gauche est possible. Et il est prêt à la mettre en œuvre.

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