Industrie • « A qui appartiennent nos déchets? » : interview de Jérémie Cavé, chercheur

« il y a quelque chose de profondément injuste et scandaleux, dans le fait que le capitalisme veuille récupérer les déchets comme ressources qui vont nourrir son processus de production, alors qu’ils sont justement le symptôme de la faillite de ce système.« , Jérémie Cavé, auteur d’une récente thèse sur le sujet nous donne son analyse sur la question des déchets.

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La question est déchets est l’ultime incarnation de la faillite du capitalisme productiviste, de l’abandon de toute ambition économique et environnementale par la social démocratie au profit du capitalisme vert. Le marché mondial des activités économiques des déchets (de la collecte au recyclage) est de 300 milliards d’euros, principalement dans les pays développés. Les activités autour des déchets municipaux prospèrent aux États-Unis, en Europe, du Japon et en Chine, avec plus de 130 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Plusieurs des multinationales les mieux implantées sur le marché mondial des déchets sont françaises. Les mêmes détiennent la quasi-totalité des marchés de collecte et d’exploitation des incinérateurs et des décharges dans notre pays :

• Veolia, avec sa filiale Veolia propreté, est présente dans 36 pays, dont la France, via de multiples filiales.

• Suez, avec ses filiales SITA et Novergie, est présente dans 15 pays, dont la France via ses antennes régionales et plusieurs filiales.

• TIRU – filiale d’EDF (51 % du capital), Veolia et Suez – est présente en France, au Canada et en Angleterre.

Les trois quarts du marché de l’incinération de déchets non dangereux en France sont ainsi entre les mains de TIRU, Veolia et Suez – ces deux dernières se partageant également près de la moitié des décharges privées de déchets non dangereux. Cette situation oligopolistique s’est construite sur plusieurs décennies et a été éclaboussée par de nombreux scandales politico-financiers (surfacturation, pots de vin, etc.)

La place pour le service public est donc aujourd’hui laissée à la portion congrue, mais c’est également tout le vaste champ de l’économie sociale et solidaire qui est relégué, alors que les déchets sont une source de créativité en matière d’activité économique et écologique dont le potentiel est gigantesque.

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