Extrême-droite : Valls ou la dissolution en carton

Il l’avait annoncé à grands renforts de tambours et de trompettes, faisant montre d’une autorité sans pareille. Il répondait ainsi à l’émotion suscitée par l’assassinat de Clément Méric. J’ai écrit combien je restais dubitatif quant à la dissolution de groupes d’extrême-droite radicale : Jeunesses nationalistes révolutionnaires et Troisième Voie – dont les liens avec le F-Haine sont connus – puis Œuvre française et Jeunesses nationalistes. Mais la loi est la loi, comme on dit. Et, en bon républicain, je me suis fait violence pour accepter les décisions du gouvernement. Las, quelques mois plus tard, chacun peut vérifier que les grands discours de Manuel Valls sont à l’image des actes du gouvernement sur d’autres sujets : ronflants et sans effets.

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En juillet dernier, annonçant les mesures, le ministre de l’Intérieur avait souligné que l’œuvre française était une « association qui propage une idéologie xénophobe et antisémite, des thèses racistes et négationnistes, qui exalte la collaboration et le régime de Vichy, et qui rend des hommages réguliers au maréchal Pétain, à Brasillach ou à Maurras ». Créée en 1968 par Pierre Sidos, fils de François Sidos, fusillé à la Libération pour collaboration, l’Œuvre française « est organisée comme une milice privée avec des camps de formation de type paramilitaire », selon le ministre de l’Intérieur.

Un rapide tour sur internet permet en effet de vérifier que, si les décrets ont été publiés au Journal officiel, ces groupuscules ont toujours pignon sur rue. Pourtant, les attendus de la décision de Valls étaient sans appel. Si le site des Jeunesses nationalistes révolutionnaires du décati Serge Ayoub est bien indisponible, il n’en va pas de même de celui des Jeunesses nationalistes à la une duquel figure la déclaration d’Alexandre Gabriac, son chef incontesté.

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Cette tribune ne fait pas dans la dentelle, flirtant gentiment avec la menace :

Que Hollande le sache, que Valls le sache, car nous l’affirmons haut et fort : les Nationalistes vivront ! Et si ça n’est plus demain à notre bannière que vous nous reconnaîtrez, vous nous reconnaîtrez car nous serons toujours là, derrière vous, anonymes, dans vos déplacements, dans vos représentations, et demain dans votre défaite.

Certes, depuis le 24 juillet 2013, date d’adoption du décret portant dissolution, il n’y a pas eu de mise à jour. Certes, mais… En cherchant plus avant, il se trouve que l’Œuvre française, maison mère des Jeunesses nationalistes, fonctionne bien. Sa dernière mise à jour date du 5 septembre dernier et a la forme d’un communiqué intitulé « Oui au respect de la Syrie souveraine. Non à la guerre ! » Il fait suite à un communiqué fanfaron d’Yvan Benedetti, président du groupuscule factieux, qui moque Manuel Valls et sa volonté de dissolution. Le chef fachiste revient sur l’inanité de cette mesure, confirmant les propos que je tenais pour expliquer mon opposition à la dissolution de ces groupes radicaux.

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Quoi qu’il en soit, chacun peut désormais mesurer que la fachosphère se porte bien malgré les roulements d’épaule du ministre de l’Intérieur. Ces quatre derniers jours montrent en substance combien les agitateurs d’extrême-droite ont un sentiment d’impunité quand ils s’en prennent à des militantes sur les réseaux sociaux. Ils n’hésitent pas non plus à harceler téléphoniquement mon ami pour de vrai Sydné93 qui a eu le malheur de soutenir Julie et Sophia. Au demeurant, ils semblent avoir toutes les raisons de se croire inaccessibles. Le ministre de l’Intérieur semble bien plus « efficace » lorsqu’il mène la chasse aux sans-papiers ou aux Rroms que lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les décisions qu’il a lui-même prises.

Plus avant encore, les services de la place Beauvau n’hésitent pas à aller arrêter des militants syndicaux à leur domicile parce qu’ils refusent de se soumettre à des prélèvements ADN. Alexandre Gabriac, chef des Jeunesses nationalistes, lui, fanfaronne sur twitter son retour en France et son intention d’en découdre. Manuel Valls fait le faraud à la télé mais ne suit pas même ses dossiers.

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