Mulliez veut mettre les médecins sous ordonnance !

Souvent, la question de la souffrance au travail ne devient publique que lorsqu’il y a suicide. C’est à dire trop tard. Et lorsqu’ils s’emparent du sujet, les médias, toujours avides de sensations, démontrent une grande méconnaissance du sujet, faisant même souvent preuve de maladresse.

Pourtant, la souffrance au travail constitue depuis bien longtemps l’un des plus grands crimes du capitalisme d’aujourd’hui. La société libérale se construit à partir d’intérêts contradictoires, où la finance s’oppose aux politiques gouvernementales, et les entreprises aux salariés. Ainsi, l’employeur, connaissant l’état du marché de l’emploi, n’hésite plus à pressuriser le salarié, à le surexploiter, et lorsqu’il craque, il sait que de toute façon, de nombreux candidats se présenteront pour occuper le poste. En régression morale, le libéralisme invente un esclavage du XXIème siècle.

En Vaucluse, un médecin, le docteur Jean Rodriguez, est poursuivi par le Conseil de l’ordre, sur plainte de la famille Mulliez, troisième plus grande fortune professionnelle de France, derrière Bernard Arnault (LVMH) et Liliane Bettencourt. Le groupe MULLIEZ est propriétaire d’une cinquantaine d’enseignes groupées derrière Auchan (parmi lesquelles Décathlon, Leroy-Merlin, Saint-Maclou, Alinéa, Norauto, ou encore Flunch.

Pour Mulliez, le docteur Jean Rodriguez n’aurait pas respecté les règles déontologiques en établissant un certificat médical faisant le lien entre la pathologie présentée par une patiente et ses conditions de travail. Avec deux confrères d’autres régions poursuivis pour des faits semblables, ce médecin hospitalier de Montfavet, fondateur de la première consultation sur la souffrance psychique de la Région PACA, risque un avertissement, un blâme, une suspension, voire une radiation.

Dans ce qui apparait bien comme une procédure d’exception et un déni de démocratie, le Parti de Gauche, qui soutient les travailleurs victimes de harcèlement et sera toujours à leurs côtés, apporte également tout son soutien au docteur Rodriguez et ses confrères dans leur combat éthique. Nous serons notamment présents lors de son audition publique devant le Conseil de l’ordre des médecins à Marseille en novembre.

Laurence Sauvage, Secrétaire nationale aux luttes sociales du Parti de Gauche
Jean-Michel Gremillet, membre du Bureau national, délégué à la culture

N.B. : Un « Colloque international sur le Suicide au Travail » est d’ailleurs organisé à Paris les 11 et 12 octobre 2013.

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