19 octobre 1453

Le 19 octobre 1453, la capitulation de Bordeaux marque la fin de la guerre de Cent ans, qui oppose la France et l’Angleterre depuis 1337. Les prétentions des monarques anglais sur le royaume de France sont anéanties, même s’ils continueront à se dire Rois de France jusqu’en 1801. Par-delà la récupération fantasmatique nationaliste qui a fleuri depuis le 19e siècle autour d’elle, cette guerre marque une période charnière, tant dans les domaines politique que militaire. Il s’agit d’une nouvelle phase d’érosion de l’ordre féodal et d’avancée vers la période moderne.

guerre_100.jpg En 1337, nous avons affaire à un simple conflit de succession au sein de la noblesse, déclenché par Édouard III, roi d’Angleterre mais aussi petit-fils de Philippe le Bel, ce qui lui donne quelques prétentions au trône de France. Le Royaume de France consiste alors en un ensemble de territoires hétéroclites dont des pans entiers comme l’Aquitaine, la Guyenne, l’Anjou etc., appartiennent au roi d’Angleterre, peu enclin à se conformer à son statut de vassal sur le continent. Pourtant le conflit va progressivement mobiliser les populations et prendre la tournure d’une guerre entre deux embryons « nations », même si la notion est encore peu utilisée à l’époque même dans son sens prérévolutionnaire. Il marque le début de la formation d’un imaginaire national.

Parallèlement, l’entreprise de reconquête enclenchée par Charles V après les débâcles initiales nécessite une plus grande efficacité fiscale et militaire. Elle va donc motiver une nouvelle phase de la formation de l’Etat moderne. Menée au départ par le célèbre Bertrand Du Guesclin, qui récupère des provinces entières avec peu de moyens, la lente reconquête voit l’apparition de techniques militaires nouvelles, comme la « guérilla » et les expéditions rapides préférées aux mêlées de la grande cavalerie féodale. La fin de cette dernière est accélérée par la création en 1445 des Compagnies d’ordonnance, première armée permanente du roi qui entend gagner en indépendance face aux seigneur féodaux et aux milices de mercenaires.

Le monopole de l’Etat sur l’impôt et la chose militaire, au cœur de la modernité, est en marche.

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