Le Parti de gauche accueille Basma Khalfaoui et M’Barka Brahmi

tunisie_1_sB.jpgBasma Khalfaoui et M’Barka Brahmi étaient invitées vendredi 25 octobre au siège du Parti de Gauche par le co-président du PG Jean-Luc Mélenchon. Elles ont donné une conférence devant les militants du parti, venus s’informer et témoigner de leur solidarité dans la lutte révolutionnaire.

Basma et M’Barka sont les veuves des députés du Front Populaire Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, assassinés pour leur rôle moteur dans le rassemblement du peuple tunisien pour la poursuite du processus révolutionnaire démarré en 2011. Elles sont à Paris ces jours-ci et participent aux événements de soutien à la révolution, dont le plus important est le meeting du Front Populaire qui devait avoir lieu vendredi 25 au soir à l’AGECA, rue de Charonne.

tunisie_08_sB.jpgLors du voyage de solidarité d’une délégation du PG à Tunis en septembre, Basma et M’Barka, avec leurs camarades du Watad-PPDU et du Courant Populaire, nous avaient accueillis et permis de comprendre la situation tunisienne et de participer activement à leur lutte, notamment lors de la grande manifestation d’opposition au gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahdha, marquant les 40 jours de l’assassinat de Mohamed Brahmi.

Aujourd’hui, c’était à nous de les accueillir, et Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour les remercier chaleureusement d’être venues. Il a réaffirmé le soutien indéfectible de notre parti à leur combat pour la révolution citoyenne en Tunisie. Lors de notre voyage, les camarades tunisiens nous avaient demandé de populariser leur lutte auprès des Français, afin d’amplifier le mouvement international de solidarité. C’était le sens également de la conférence d’aujourd’hui, à laquelle toute la presse avait été conviée. Quasiment aucun journaliste n’est venu. Jean-Luc a dénoncé ce silence en France sur la chape de plomb imposée au peuple tunisien par le gouvernement. Rappelons qu’il est certes constitué des islamistes d’Ennahdha, mais également du CPR de Moncef Marzouki, dont Basma et M’Barka n’ont pas manqué de dénoncer la collusion totale avec les islamistes et l’absence de considérations pour les droits de l’homme en Tunisie. Autre membre du gouvernement, le parti Ettakatol, alter ego tunisien du parti solférinien. Ce dernier constitue décidément des alliances avec des forces libérales voire réactionnaire dans de nombreux pays, comme le montre le dernier exemple en date : la coalition CDU-SPD en Allemagne.

tunisie_10.jpg Basma a indiqué qu’elle espérait que ce manque d’écho médiatique ne représentait pas l’état d’esprit général de la presse. Puis elle a pris le temps de nous parler de la situation en Tunisie, en expliquant comment la révolution avait peu à peu été transformée en coup d’état rampant par le parti islamiste et ses alliés. Bien sûr, aucun militant aguerri ne pensait que le seul départ de Ben Ali et l’organisation d’élections allaient permettre de mettre en œuvre toutes les revendications démocratiques et sociales du peuple tunisien. Mais l’espoir existait qu’avec un tel gouvernement, comprenant notamment une frange appartenant à l’Internationale Socialiste, la diversité politique puisse d’exprimer, même dans une démocratie imparfaite. Chokri Belaid parlait d’un « jardin avec de nombreuses fleurs différentes » pour qualifier ce que la Tunisie aurait pu être au sortir de cette première phase révolutionnaire. Le gouvernement de la troïka (Ennahdha, Ettakatol, CPR) s’était d’ailleurs engagé à laisser le pouvoir dès l’adoption de la nouvelle constitution, et d’organiser des élections libres. Cette constitution aurait dû être adoptée après un an, mais n’a pas été terminée. Et pendant ce temps, le gouvernement a organisé le coup d’Etat rampant, que Basma a bien expliqué : un coup d’Etat démocratique avec le non-respect des délais prévus pour de nouvelles élections ; un coup d’état contre les libertés, avec le bain d’oppression qui s’est abattu et continue à frapper les artistes, les femmes, les universitaires qui osent critiquer le pouvoir, sa justice aux ordres et son système policier parallèle ; mais aussi avec l’augmentation de l’insécurité et des attentats islamistes, aidés par les financeurs qataris et utilisant des armes provenant de la Libye ; et coup d’état contre les valeurs et espoirs de la révolution, matérialisé notamment par l’augmentation du chômage et l’absence de mesures pour le combattre.

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Crédit photo Stéphane Burlot C’est ce coup d’état rampant qui a conduit la gauche de transformation sociale à s’unir au sein du Front Populaire, dont Chokri et Mohamed étaient parmi les principaux représentants. L’objectif était de constituer un outil politique au service du peuple tunisien pour structurer l’opposition de gauche au gouvernement contre-révolutionnaire. Les assassinats politiques ont rendu encore plus nécessaire l’union de tout le peuple contre la dictature en marche. C’est pourquoi s’est constitué le Front du Salut National, regroupant le Front Populaire mais également des organisations libérales, et politiquement à droite. Aujourd’hui, le Front du Salut National est engagé dans une grande bataille contre le gouvernement dont il exige la démission. Le puissant syndicat UGTT organise le dialogue national, sans cesse repoussé par les islamistes, qui refusent de laisser le pouvoir. Basma a exprimé la volonté des camarades du Front Populaire de continuer à tenter de dialoguer pour sortir de l’impasse par le haut et sans dommages trop durs pour le peuple tunisien. Mais la lutte et les actions pacifiques dans la rue, meetings, manifestations, se poursuivront tant qu’il le faudra pour faire plier la réaction.

M’Barka a ensuite affirmé que Basma et elle continueraient à sillonner le monde pour exiger que la lumière soit faite sur les assassinats de leurs compagnons, et faire savoir au gouvernement tunisien qu’il y a un mouvement de solidarité avec la révolution tunisienne et qu’il ne cessera de grandir. Elles vont d’ailleurs profiter de leur passage à Paris pour rencontrer des avocats français et saisir la justice française, car aucune confiance ne peut être accordée à la justice tunisienne pour trouver les responsables des meurtres commis. Elle a enfin dit sa fierté d’être avec les militants du PG, et plus largement en France pour étendre le combat du peuple tunisien, qui continuera à lutter jusqu’à la victoire.

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Crédit photos photosdegauche.fr (stef.burlot)

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