29 octobre 1923
Le 29 octobre 1923, la République de Turquie est proclamée par Mustafa Kemal. C’est l’aboutissement de la révolution « jeune Turc » et le début d’un processus de réforme profond de l’Etat.
Opposé au traité de Sèvres, organisant le dépeçage de l’Empire Ottoman, le mouvement nationaliste refuse son application. Dès 1919, il estime le gouvernement impérial illégitime pour défendre les intérêts nationaux turcs. Sur un tel programme, il obtient un soutien massif de la population et de l’armée. Il est à la tête d’un gouvernement provisoire dès 1920.
Arrivé au pouvoir, il entreprend de contrecarrer la mise en œuvre du traité. Favorable à une « petite Turquie », il obtient en 1923 la signature d’un nouveau traité annulant le précédent et garantissant l’intégrité de la Turquie. Les responsables du gouvernement Ottoman coupable du génocide arménien sont poursuivis et condamnés par la justice. La rupture avec l’Empire ottoman est également marquée par un changement de capitale – Istanbul est abandonnée au profit d’Ankara – et de langue – l’alphabet ottoman est remplacé par l’alphabet latin.
Farouchement anticlérical et jacobin, imprégné de la culture des Lumières française, Mustafa Kemal entreprend de laïciser le pays. Il abandonne le califat en 1924. En 1928, l’Islam cesse d’être la religion d’Etat. En 1937, la laïcité est inscrite dans la constitution. Il dote le pays de code juridiques laïques inspirés de l’Europe occidentale. Plus qu’une simple laïcité de neutralité de l’Etat envers les religions, l’Etat conserve un certain contrôle sur les religions.
En parallèle, les femmes voient leur situation s’améliorer grandement et rapidement. Le code civil leur reconnait l’égalité avec les hommes. Toutes les dominations traditionnelles sont interdites : la polygamie, la répudiation, le port du voile à l’école. Le mariage civil devient la norme, les filles sont scolarisées massivement et les femmes intègrent l’administration.
Ces avancées ne sauraient occulter l’instauration d’un système de parti unique ni la répression dont sont victimes les révoltes kurdes. Aujourd’hui, l’arrivée au pouvoir des islamistes dits modérés remet en question la laïcité et a entraîné un important soulèvement populaire.